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Teranga : le mot qui définit le Sénégal
Culture

Teranga : le mot qui définit le Sénégal

Légende image, Les habitants de la ville sénégalaise de Saint-Louis, classée patrimoine mondial de l’Unesco, sont particulièrement connus pour leur culture de la teraanga.   Alors que j’attendais d’embarquer sur un vol pour Dakar en provenance de New York, une femme drapée dans un tissu coloré et un foulard lumineux me demande si elle pouvait utiliser mon téléphone portable. Hésitante, je m’interrogeais sur cette étrange familiarité, qui l’a poussée à demander pareil service à une inconnue. Alors que j’hésitais, une voyageuse habillée de la même manière qu’elle lui tend son téléphone, sans la moindre hésitation. Des anecdotes comme celle-ci ont eu lieu tout au long de mon voyage au Sénégal… C’était ma rencontre avec la teranga.   Le Sénégal est connu comme le « Pays de la teranga ». Les guides de voyage traduisent souvent ce mot wolof (également écrit « teraanga ») par « hospitalité », mais c’est « vague de le traduire » comme tel, explique Pierre Thiam, un chef sénégalais et cofondateur du restaurant « Teranga », à New York. « C’est vraiment beaucoup plus complexe que cela. C’est un mode de vie. »   Légende image, La teraanga est une combinaison typiquement sénégalaise de générosité, d’hospitalité et de partage, qui imprègne la vie quotidienne. En tant que visiteur, j’ai rapidement remarqué que cette valeur imprègne de nombreux aspects de la vie quotidienne au Sénégal. La teranga met l’accent sur la générosité d’esprit et le partage des biens matériels dans toutes les rencontres, même avec les étrangers. Cela construit une culture dans laquelle il n’y a pas d’autre ».   Mon mur occidental s’est effondré   Pendant l’été que j’ai passé à faire du bénévolat dans un centre éducatif de Yoff, une commune de 90 000 habitants située au bord de l’océan, au nord du centre-ville de Dakar, la teranga m’a permis de découvrir et d’adopter la culture sénégalaise. J’ai été invitée à séjourner auprès d’une famille de Yoff, et j’ai accepté la proposition de visiter quotidiennement les maisons des voisins et de boire du thé chez eux. En m’immergeant dans cette façon d’être sénégalaise, mon mur occidental s’est effondré. L’ouverture, la générosité, la chaleur et la familiarité – les éléments clés de la teranga – ont pris leur place. J’avais constamment l’impression que la population sénégalaise, qui comprend 16 millions de personnes, m’accueillait chez elle. Pendant le déjeuner au travail, sept d’entre nous s’asseyaient par terre, autour d’une énorme assiette de riz, de poisson frais et de légumes. Sachant que j’étais végétarienne, mes voisins me proposaient des légumes et je leur proposais du poisson. Comment le Sénégal a inventé le riz Joloff que le Ghana et le Nigeria n’arrêtent pas de se disputer Lorsque nous allions à la plage, des enfants qui me connaissaient à peine se jetaient dans mes bras pour échapper aux vagues. J’étais impressionnée par l’aisance dont ils font preuve envers moi, jusqu’à ce que je me rappelle qu’ils ont été élevés dans la croyance que les membres de la communauté – même les étrangers – doivent s’entraider.   Des enfants de quatre ans rentraient seuls à pied du centre-ville où je travaillais, et personne ne s’inquiétait. J’ai souvent vu des adultes prendre le temps d’éduquer et de guider les enfants du quartier, comme le feraient leurs propres parents. Selon Dr Ibra Sène, historien sénégalais et enseignant au College of Wooster, dans l’État américain de l’Ohio, cela fait partie de la teranga, où  » on est prêt à (…) conseiller les gens, comme s’ils étaient des membres de la famille ». Malgré l’omniprésence de la teranga au Sénégal aujourd’hui, ses origines restent quelque peu mystérieuses. Mais les historiens s’accordent à dire qu’elle est partie intégrante de la culture sénégalaise depuis des siècles, bien avant les trois cents ans de domination coloniale néerlandaise, britannique et française, de 1659 à 1960. Spécificités culturelles   « Cet état d’esprit d’interaction, d’échange et d’ouverture envers l’autre remonte probablement à l’époque des grands empires d’Afrique de l’Ouest », a déclaré M. Sène, faisant allusion aux grands empires du Mali, du Ghana et du Songhai qui ont jadis prospéré dans la région. Pendant plus de mille ans, cette région a fondé son économie sur le commerce. Et l’échange de biens et d’idées sur lequel ces empires se sont construits a prospéré grâce à cet esprit de générosité et d’ouverture, a-t-il ajouté. « Même s’il [n’était] pas appelé teranga, vous le voyez sous différentes formes à travers l’histoire de l’Afrique de l’Ouest. » Bien qu’une première forme de teraanga ait probablement existé dans toute l’Afrique de l’Ouest, certains pensent que le concept actuel est né dans la ville de Saint-Louis (Ndar, en wolof), dans le nord-ouest du Sénégal. Les spécialistes affirment toutefois que cette affirmation n’est pas fondée, bien qu’ils aient des théories sur l’origine de cette idée. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la ville de Saint-Louis a joué un rôle important durant la colonisation française en Afrique de l’Ouest. C’est là que les colons ont construit leur première colonie en Afrique de l’Ouest, en 1659. C’est là également qu’ils ont établi la capitale. y Mais M. Sène explique que si Saint-Louis a servi de « premier point d’ancrage et de tremplin à l’expansion coloniale française en Afrique de l’Ouest », parallèlement, « la ville est progressivement devenue le lieu d’une résistance subtile mais multiforme au colonialisme ». « La communauté africaine de la ville a célébré avec audace ses spécificités culturelles dans cet espace colonial », ajoute l’historien. Au fil du temps, les habitants de Saint-Louis ont acquis une grande réputation et se sont fait connaître pour leurs manières, leur cuisine et leurs connaissances religieuses. La teranga a permis de façonner l’identité du Sénégal   Que la teranga soit née ou non à Saint-Louis, elle y reste particulièrement forte aujourd’hui. Astou Fall Guèye, doctorante au département d’études culturelles africaines de l’université du Wisconsin, explique que Saint-Louis « représente l’épitomé » de cette valeur. « Chaque fois que l’on pense à la teranga au Sénégal, on pense aussi à la ‘teranga Ndar’ », a-t-elle déclaré. « C’est très important dans la culture de cette ville. Les habitants de cette ville se vantent en quelque sorte d’être ceux qui savent le mieux comment pratiquer la teranga. » Lorsque le Sénégal est devenu indépendant en 1960, le mot « teranga » a été utilisé pour façonner l’identité du pays naissant. Rendre la teranga plus visible, par exemple en baptisant l’équipe nationale de football « Lions de la teranga », a permis à la nation de se rallier à cette vertu et de la présenter au monde comme une valeur sénégalaise distincte. Aujourd’hui, une variété d’entreprises – des sociétés minières aux maisons d’hôtes – portent le nom de « teranga », et les visiteurs voient et ressentent ce concept dans tout le pays. De nombreuses familles sénégalaises préparent souvent une assiette supplémentaire pour que tout visiteur qui arrive à l’improviste ait quelque chose à manger.   La teranga est particulièrement visible dans la culture alimentaire sénégalaise. Marie Corréa Fernandes, conférencière de langue wolof à l’université du Kansas, explique comment l’hospitalité est intégrée à chaque repas. « Dans de nombreuses familles, lorsqu’on cuisine, on garde à l’esprit que quelqu’un peut arriver à tout moment ; il peut s’agir de quelqu’un que vous connaissez, ou que vous ne connaissez pas. » Pour préparer l’accueil des visiteurs, même imprévus, avec de la teranga, il y a souvent une assiette supplémentaire prête, « juste au cas où ». Nous croyons vraiment que plus vous donnez, plus vous recevez. La teranga, c’est vraiment cela.   Et pour les invités qui se présentent à l’heure du repas, la façon de manger sénégalaise incarne l’esprit de partage de la teranga. Traditionnellement, tous les convives mangent ensemble dans une grande assiette ou un bol.   « Mais la meilleure partie [du plat] revient toujours aux invités », explique M. Thiam. « On vous donne les meilleurs morceaux de viande et de poisson, ainsi que les légumes. » Selon M. Thiam, la raison de cette pratique est simple. « Nous croyons vraiment que plus vous donnez, plus vous recevez. La teranga, c’est vraiment cela. »   Selon Astou Fall Guèye, le rôle de la nourriture dans la teranga ne s’arrête pas aux repas. Elle unifie également les membres de différentes religions. Le Sénégal est une nation majoritairement musulmane et, à l’approche de Pâques, « les chrétiens préparent un repas qu’ils appellent ngalax, composé de mil, de beurre de cacahuètes et de poudre de baobab », explique-t-elle. « Vous verrez des familles chrétiennes apporter cette nourriture à des familles musulmanes. » Le partage de la nourriture pendant les fêtes va dans les deux sens : pendant la fête de l’Aïd al-Adha, les musulmans offrent des repas aux voisins qui sont chrétiens. Lors des fêtes religieuses, les populations musulmanes et chrétiennes du Sénégal offrent des repas les uns aux autres.   , Lors des fêtes religieuses, les populations musulmanes et chrétiennes du Sénégal offrent des repas les uns aux autres. « Nous célébrons les deux religions, et cela nous permet de nous sentir bien dans la communauté », a ajouté Marie Corréa Fernandes. « En teraanga, nous avons de la tolérance pour l’autre. Nous sommes une culture très diversifiée. » Le Sénégal est composé de plusieurs groupes ethniques, notamment les Wolofs, les Pulars, les Sérères, les Mandingues, les Diolas et les Soninkés. Contrairement à la Guinée-Bissau et au Mali voisins, qui ont connu des coups d’État et des violences ethniques, la diversité du Sénégal n’a jamais été à l’origine de conflits. Et la Banque mondiale classe le Sénégal parmi les « pays les plus stables d’Afrique ». Et, selon M. Sène, la teraanga a contribué à unir les Sénégalais, quelles que soient leurs origines. « La chose que les Sénégalais partagent le plus, c’est l’idée de la teranga »   Selon Marie Corréa Fernandes, l’accueil est l’un des aspects les plus importants de la teranga. « Vous ne pouvez pas venir et dire : ‘Où est le bureau de poste ?’. Bonjour… saluez-moi d’abord ! » dit-elle. « Les salutations sont très importantes. C’est très impoli d’arriver et de commencer à parler sans saluer l’autre. » Le Sénégal est un pilier de la stabilité, en partie parce que chacun de ses groupes ethniques croit fermement à l’idée de la teraanga.   Le Sénégal est un pilier de la stabilité, en partie parce que chacun de ses groupes ethniques croit fermement à l’idée de la teraanga. Cet état d’esprit permet de maintenir une vie de quartier harmonieuse. « Il y a ce fameux dicton [sénégalais] qui dit que vos voisins constituent votre famille, parce que si quelque chose vous arrive, avant même que votre famille naturelle ne vienne vous secourir, ce sont d’abord vos voisins qui vous viennent en aide », a déclaré Astou Fall Guèye. Les célébrations communautaires illustrent également le principe d’accueil de la teraanga. Les événements marquants sont généralement ouverts et participatifs. « Vous ne pouvez pas dire à l’un, ‘tu peux venir’, ou à l’autre, ‘non, tu ne peux pas venir’ », a expliqué Marie Corréa Fernandes, précisant que « tout le monde est invité ». Lorsque Marie Correa Fernandes s’est mariée dans son village, il n’y avait pas d’invitations. Ses parents ont communiqué aux voisins la date du mariage, et « ce jour-là, tout le monde s’est présenté ». La réputation du Sénégal en matière d’hospitalité a le don d’attirer les visiteurs. Légende image, La réputation du Sénégal en matière d’hospitalité a le don d’attirer les visiteurs. Cette ouverture envers les voisins s’étend également aux étrangers de passage dans la communauté. La famille de Sène, qui a grandi dans une région rurale, accueillait souvent les voyageurs dans sa maison pour une nuit ou deux, parfois même plus. Il pense que cet esprit d’hospitalité est toujours d’actualité. « À Dakar, même avec l’anonymat croissant pour lequel les grandes villes sont connues, les gens sont prêts à partager ce qu’ils ont », dit-il. Les étrangers qui demandaient un endroit pour se reposer, une salle de bain, un téléphone ou de l’eau se voyaient répondre par la teraanga. « Vous pouvez vous promener dans Dakar, frapper à la porte et dire : ‘Pourriez-vous me donner de l’eau ?’ Les gens vous donneront de l’eau sans aucun problème. » Youssou N’Dour, l’un des chanteurs les plus célèbres du pays, a une chanson sur la teranga qui résume bien le concept. « Nit ki ñew ci sa reew, bu yegsee teeru ko, sargal ko ba bu demee bëgg dellusi », chante-t-il. Selon Marie Corréa Fernandes, cela signifie : « Lorsque quelqu’un arrive dans votre pays, accueillez-le, honorez-le de telle sorte qu’il ait envie, lorsqu’il repartira, de revenir. » Ce n’est pas étonnant que nous, visiteurs du pays, ayons hâte d’y … Read More

Culture

Dak’Art 2024 : Dakar capitale de l’Art Africain contemporain pendant un mois

La quinzième édition de la biennale de l’Art Africain contemporain démarre ce jeudi 07 novembre 2024 au 7 décembre prochain à Dakar la capitale Sénégalaise. Elle est placée sous le théme « The Wake » ou « L’éveil ».   Cette édition fait ressortir les défis auxquels les artistes africains font face, tels que les questions de justice sociale, d’environnement et d’identité culturelle. Dans sa note conceptuelle, la directrice artistique de l’événement, Salimata Diop explique qu’il s’agit, dans ce thème, de lier le passé et l’avenir en leur conférant une importance égale. Cette thématique est partiellement inspirée de l’ouvrage In the Wake : On Blackness and Black Being de la professeure Christina Sharpe qui examine la condition noire, ses représentations littéraires, visuelles et artistiques, en rapport avec les notions d’exhumation, de deuil et d’arrachement.   « On naviguera au fil de ce qu’évoque le terme wake (éveil, sillage, veillée mortuaire, gindiku), qui déploie un riche éventail sémantique offrant finalement un pont culturel et métaphorique entre art et société. » À travers leurs œuvres, les créateurs abordent divers sujets, allant des réalités économiques et sociales du continent aux aspirations spirituelles et esthétiques. Ce thème vise également à célébrer la capacité des artistes africains à surmonter les obstacles pour se faire une place sur la scène internationale. Au chapitre des innovations, pour cette 15e édition le « Grand Témoin », porté par l’artiste Kenyane, 𝐖𝐚𝐧𝐠𝐞𝐜𝐡𝐢 𝐌𝐮𝐭𝐮, propose une installation à grande échelle. Si l’on en croit la directrice artistique de la biennale Madame Salimata Diop :  » Il s’agit d’une installation à grande échelle, quelque chose d’inédit et de pertinent »   La Dak’Art a été conçue en 1989 comme une biennale alternant littérature et art. La biennale a été créée grâce à la volonté conjointe de l’Etat sénégalais qui en assume la tutelle, et des artistes locaux qui organisent depuis les années 1970 des expositions annuelles régulières. Ces dernières mettent en lumière les différentes formes d’évolution de la création artistique contemporaine. L’objectif était d’en faire une vitrine de l’art et de la littérature en Afrique. La première édition, en 1990, était consacrée à la littérature et celle de 1992 aux arts visuels. Après deux éditions, la décision fut prise de concentrer exclusivement la manifestation sur les arts visuels et le design avec une exposition à petite échelle consacrée aux textiles et à la tapisserie. Aujourd’hui, les arts numériques prennent leur place dans DAK’ART.   La Biennale de Dakar s’inscrit ainsi dans les mêmes traditions que Venise (1895), Sao Paulo (1951), La Havane (1984) Dak’Art tient sa quatorzième édition du 19 mai au 21 juin 2022. Elle a permis de révéler de nombreux artistes africains. Dak’Art a suscité des vocations et a aussi participé à renforcer la crédibilité et la notoriété de différents intervenants : curateurs, critiques d’art, journalistes culturels, responsables de galerie, scénographes, etc. De nombreux événements sur l’art contemporain en Afrique comme en dehors du continent s’inspirent aussi de l’expérience de Dak’Art.   L’Etat du Sénégal s’engage pour une biennale réussie et inclusive Avec un budget d’1 milliard 800 millions de francs CFA mobilisé par l’Etat, la Biennale de Dakar, l’un des plus grands événements du monde de l’art moderne africain, est « une affaire de l’Etat du Sénégal et elle le restera, car c’est lui qui devra décider s’il faut la tenir ou pas. C’est aussi lui qui a la possibilité d’en définir les modalités et le contenu », a dit Khady Diène Gaye, la ministre de la Culture. Le secteur privé, également a contribué autour de 291 millions de F Cfa. La ministre de la Culture signale également que certains de ses homologues, comme les ministres en charge de la Culture de la Guinée-Bissau et du Mali, sont aussi attendus au Dak’art 2024. Pour cette édition, souligne Khady Diène Gaye, une orientation a été donnée de pouvoir « démocratiser » la biennale et faire en sorte que l’événement ne soit plus perçu comme une affaire réservée à une certaine élite, une affaire de luxe. Ainsi, un coin des tout-petits a été aménagé à l’ancien Palais de justice du Cap Manuel afin d’imprégner très tôt les enfants aux œuvres d’art et à la création artistique.   Le IN et le « OFF » parties intégrantes de l’événement culturel Depuis 2002, le OFF est une caractéristique phare de cet événement. Outre l’exposition officielle avec la participation d’artistes sélectionnés, le OFF de Dak’Art donne l’opportunité à tous les acteurs de l’art et de la culture de présenter leur travail sans limite de qualité, de nationalité ou de critère de genre. Le OFF de la Biennale d’Art Africain Contemporain de Dakar est constitué d’événements artistiques autonomes organisés autour de l’événement central et capitalise en moyenne deux cent cinquante (250) projets. Et le volet  »IN » de cette 15e édition avec ses 58 artistes sélectionnés. De même, la section design, qui n’a plus été en lice depuis plusieurs années, marque son retour avec le commissaire Ousmane Mbaye et l’hommage à la plasticienne sous-verre Anta Ger­maine Gaye et au défunt Ndoye Douts. Le volet IN de la Biennale de Dakar revêt plus un statut pédagogique et joint l’utile à l’agréable avec des activités pour les élèves des ateliers et tables rondes avec les acteurs d’ici et d’ailleurs, des concerts entre autres. Toujours dans le cadre du programme IN de cette 15e édition, environ 70 artistes d’Afrique et de la diaspora exposeront leurs œuvres dans les espaces les plus emblématiques de Dakar, comme le Musée des Civilisations noires et la Galerie nationale d’art. Cette sélection comprend aussi bien des artistes confirmés que de nouveaux talents. Ce qui témoigne de la diversité des approches et des médiums explorés par les créateurs africains contemporains.   Evolutions, et tendances de la Dak’Art   Si l’on en croit Idrissa DIALLO commissaire d’exposition à l’espace biennale,  »L’espace biennale propose des Parcours variés qui célèbrent la créativité africaine et internationale sous de multiples formes. Le programme OFF permet de mettre en avant des artistes émergents et confirmés ». Et malgré qu’elle fut reportée cette 15e édition de la biennale de Dakar promet en termes d’innovation avec la digitalisation. Idrissa DIALLO estime que cette année, le programme OFF de la Biennale est particulièrement riche, avec plus de 450 expositions réparties dans toute la ville, offrant un large éventail d’expressions artistiques contemporaines. Ces expositions incluent non seulement des peintures, mais aussi des installations, des photographies, des sculptures, des performances et des œuvres multimédia, permettant aux visiteurs de découvrir la diversité des talents et des pratiques artistiques actuelles. Et pour faciliter l’accès et la découverte de ces multiples expositions, une application a été développée cette année.  »Elle centralise toutes les informations sur les événements OFF et fournit des descriptions des expositions, des cartes interactives, des horaires, ainsi que des informations pratiques pour permettre aux visiteurs de s’orienter plus facilement et de ne rien manquer de cette édition riche et foisonnante ».   Dakar capitale de l’Art Africain Contemporain?   Dakar est aujourd’hui une capitale majeure de l’art contemporain en Afrique, notamment grâce à sa Biennale d’Art Contemporain, qui existe depuis plus de 30 ans. Cette longévité confère à Dakar une place incontournable dans le paysage artistique africain, attirant un large éventail de créateurs, de collectionneurs, de commissaires d’exposition et d’amateurs d’art du monde entier. La Biennale, mais aussi le dynamisme des institutions locales, des galeries et des espaces alternatifs, a permis de consolider Dakar comme un véritable pôle artistique en Afrique de l’Ouest, où se tissent des liens solides entre les cultures africaines et internationales. Idrissa DIALLO souligne  »qu’en termes de positionnement, Dakar est non seulement un lieu de visibilité pour les artistes africains, mais aussi un carrefour d’échanges et de réflexion. La ville a su jouer un rôle pionnier en offrant une plateforme de premier plan pour des expressions artistiques contemporaines africaines tout en permettant aux artistes de s’inscrire dans un dialogue global. Les expositions à la Biennale abordent souvent des enjeux contemporains de la migration aux questions d’identité, en passant par la mondialisation ce qui inscrit Dakar dans une réflexion esthétique, sociale et politique. Au fil des années, Dakar a également favorisé l’émergence d’un écosystème artistique plus structuré, avec des résidences d’artistes, des projets éducatifs, et un soutien croissant aux jeunes talents. Ce rayonnement de Dakar dans les arts visuels positionne la ville comme une métropole culturelle qui non seulement reflète les aspirations de l’art africain contemporain, mais contribue aussi à façonner le futur de cet art dans le monde entier.   Quel est le statut actuel de l’Art africain contemporain?   L’art contemporain en Afrique est en pleine effervescence, avec des perspectives de croissance et de reconnaissance de plus en plus prometteuses. Sur le continent, l’essor de nouvelles galeries, musées et biennales, ainsi que le soutien accru de collectionneurs et de mécènes locaux, renforce les réseaux artistiques et crée des opportunités pour les artistes africains de s’exprimer à une échelle internationale. À l’échelle mondiale, l’ancien directeur du village des Arts explique que l’art contemporain africain  »suscite un intérêt croissant, notamment dans les grandes foires et expositions internationales. Les artistes africains sont de plus en plus présents sur la scène mondiale, et leur travail est reconnu pour sa richesse conceptuelle et esthétique. Les perspectives d’avenir incluent une intégration encore plus forte des artistes africains dans le marché de l’art global » . De plus, les technologies numériques et les réseaux sociaux permettent aux artistes de partager leur travail directement avec un public global, élargissant les possibilités de visibilité et d’échange culturel. Cette transformation numérique, couplée à une scène artistique dynamique sur le continent, promet de faire de l’Afrique un acteur majeur dans l’art contemporain du XXIe siècle, avec des expressions qui influencent, enrichissent et diversifient l’art à l’échelle mondiale.   BBC NEWS … Read More

Culture

Au Sénégal, une quinzième biennale de l’art contemporain africain sous le signe de l’éveil

A Dakar, l’événement culturel rassemble cinquante-quatre artistes venus du continent, des diasporas et des espaces afrocaribéens. Temps forts avec cinq femmes puissantes et résilientes. La 15e biennale de l’art contemporain africain de Dakar, qui se tient du 7 novembre au 7 décembre, est placée sous le sceau de « L’Eveil » et du « Xall wi » (le sillage, en wolof).   Quarante-cinq ans après sa création, celle-ci rassemble cinquante-quatre artistes venus du continent, des diasporas et des espaces afrocaribéens, dans l’enceinte de l’ancien palais de justice de la capitale où les maîtresses de cérémonies et l’équipe curatrice – exclusivement des femmes ! – ont repoussé et détruit des murs pour redonner vie à une partie de cet édifice brutaliste abandonné durant des décennies. Dans la salle des pas perdus se déploie désormais une flore fantastique, comme un symbole de l’appel poétique de ce Dak’art à un réveil collectif face à l’écocide de notre civilisation et aux désastres de la colonisation. Revue des temps forts avec cinq artistes puissantes et … Read More

Entreprendre

3ème édition du SENIA : La voie balisée pour une synergie entre l’IA et l’entrepreneuriat

L’édition 2024 du Salon de l’Entrepreneuriat Numérique et de l’Intelligence Artificielle (SENIA) a tracé la voie pour une convergence réussie entre l’IA et l’entrepreneuriat numérique, promettant un avenir radieux pour le Bénin, et l’Afrique. Cet événement riche en activités : panels de discussion, keynotes de présentation et espace d’exposition pour les entreprises et les startups locales et internationales, s’est achevé avec des perspectives optimistes pour le développement du secteur numérique.   Devenu une tradition depuis trois ans, le Salon de l’Entrepreneuriat Numérique et de l’Intelligence Artificielle (SENIA) 2024, le premier salon africain dédié à l’intelligence artificielle, s’est tenu avec succès, du 16 au 17 mai dernier, au Palais des Congrès de Cotonou. L’événement, qui se positionne désormais comme une référence continentale, a réuni les participants sur le thème : « IA et entreprenariat numérique : la convergence des possibilités » Les acteurs de l’écosystème du numérique, venus de différents horizons, ont exploré les synergies possibles entre l’IA et l’entrepreneuriat numérique. Procédant à l’ouverture officielle du salon, Aurelie Adam Soulé Zoumarou, Ministre du Numérique et de la Digitalisation, a souligné l’importance de la convergence pour transformer le quotidien des Béninois et progresser sur la voie du développement. Elle a insisté sur l’utilisation de l’IA pour résoudre rapidement et efficacement les problématiques de développement. « Nous voulons utiliser les solutions de l’intelligence artificielle pour régler rapidement et efficacement nos problématiques de développement », a rappelé la ministre du Numérique et de la Digitalisation lors de la cérémonie d’ouverture de l’événement. L’un des moments forts du SENIA 2024 a été la distinction des lauréats du 1er hackathon multimodal et multilingue, visant à valoriser les langues nationales béninoises telles que le Fon, le Dendi et leYoruba. Organisé par l’Agence des Systèmes d’Information et du Numérique (ASIN) en partenariat avec New Native spécialisé dans l’organisation de hackathon mondial, ce concours a offert aux jeunes l’opportunité de développer des applications d’intelligence artificielle innovantes, mettant en avant la richesse culturelle des communautés locales. Avec plus de 2000 participants en ligne et en présentiel, provenant de plus de 60 pays, ce hackathon a été un véritable succès international. Après 72h de travail acharné, les équipes ont soumis leurs projets et les trois meilleures équipes ayant compéti en présentiel, ont été récompensées pour leurs solutions remarquables. L’équipe « SCGM » a obtenu le troisième prix soit une dotation de 650 mille francs CFA ; l’équipe « Aida » a remporté le deuxième prix soit un chèque de 1,3 million de francs CFA ; et l’équipe « Imolè » a décroché le premier prix, soit un chèque de 2 millions de francs CFA. Les trois équipes ont proposé des applications d’Intelligence artificielle capables de réaliser du doublage, du sous-titrage et de transformer du texte ou de l’audio en images, utilisant les langues Fon, Dendi et Yoruba. À travers ce challenge, le Bénin met en valeur ses langues nationales.  En marge de ce hackathon géant, l’ASIN a créé une plateformewww.langues.gouv.bj pour pallier le manque de données. Le succès a été immédiat, avec plus de 90.000 connexions par jour. « L’enjeu est de collecter des données afin de développer des modèles de langage qui tiennent compte de nos réalités, pour avoir des solutions au service de nos populations », a déclaré le Directeur Général de l’ASIN M. Marc-André LOKO. Ce hackathon a non seulement démontré le potentiel des jeunes béninois en matière de technologie et d’innovation, mais a aussi souligné l’importance de préserver et de promouvoir les langues et les cultures locales dans un monde de plus en plus globalisé. En marge de cette 3ème édition du SENIA, une conférence publique sur l’intelligence artificielle s’est déroulée le mercredi 15 mai, à l’intention des étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi (la plus grande université du pays), constituant l’un des moments forts de l’événement. Animée par Moustapha Cissé, CEO de KERA et premier directeur du Centre de Recherche en IA de Google au Ghana, cetteconférence sur le thème : « L’intelligence machine : perspectives et opportunités en Afrique », a offert aux participants une plongée passionnante dans le monde de l’IA, en constante évolution. Le conférencier a souligné l’importance cruciale de l’innovation et de la recherche pour le développement économique et social en Afrique. « L’IA est pour nous en Afrique plus une opportunité qu’autre chose », a-t-il indiqué en exposant les différents champs d’application de l’IA. Le succès de cette 3e édition du SENIA ouvre de nouvelles perspectives pour l’avenir. En rassemblant les esprits les plus brillants et en favorisant l’innovation à travers des initiatives comme le hackathon multimodal, le Bénin se positionne comme un leader en matière de technologie et d’entrepreneuriat numérique sur le continent africain.   Jeune … Read More

Entreprendre

Djamo, la fintech ivoirienne qui veut changer la banque

C’est l’une des start-up les plus prometteuses d’Afrique de l’Ouest. Les fondateurs de Djamo, Hassan Bourgi, CEO, et Régis Bamba, en charge du produit et de l’ingénierie. Ils nous expliquent, à deux voix, comment ils ont eu l’idée de créer leur entreprise, les principaux défis qu’ils ont eus à relever, et la stratégie qu’ils déploient pour faire de leur application un produit incontournable. « L’idée de départ, c’était de permettre à nos utilisateurs de centraliser tous leurs paiements sur Djamo, d’en faire un hub de paiement pour la vie de tous les jours », résume Hassan Bourgi. Et ils n’ont pas traîné en chemin. Après seulement « dix mois à travailler sur la mise en place de nos partenariats avec les banques qui nous accompagnent », raconte en écho Régis Bamba, c’était « le lancement au grand public ». Les deux entrepreneurs insistent sur le tournant qu’a constitué, pour eux, le passage par l’incubateur Y Combinator en 2021. Djamo a été la seconde start-up ouest-africaine, après Wave, à intégrer ce programme par lequel sont passées des licornes telles qu’Airbnb, Stripe ou encore Dropbox. Désormais solide sur ses appuis en Côte d’Ivoire, où son application est devenue incontournable, Djamo entend poursuivre son développement au Sénégal, où elle est déjà implantée, et s’étendre dans toute l’Afrique de l’Ouest.   Jeune … Read More

Entreprendre

Sénégal : depuis Dakar, la start-up Paps se fait une place dans la logistique ouest-africaine

Créée par les jeunes entrepreneurs Bamba Lo et Rokhaya Sy, le spécialiste des livraisons a ouvert son tour de table aux investisseurs pour financer sa montée dans la filière de transport.   Fondée en 2016, Paps était à l’origine une application de livraison à la demande, mettant en relation clients et livreurs, pour l’acheminement express d’une pizza ou d’un trousseau de clés, par exemple. « Deux ans plus tard, nous avons commencé à offrir des services de transport et de logistique taillés pour les entreprises », explique Rokhaya Sy, cofondatrice avec Bamba Lo de la start-up sénégalaise.   Paps version 2022 emploie une centaine de personnes et dispose d’une flotte de 500 véhicules partenaires. Parmi ses 200 à 300 utilisateurs réguliers, on trouve des industriels dont l’opérateur Orange, des médias, des banques, des entreprises de e-commerce…   Une levée de fonds de 4,5 millions de dollars Déjà implantée au Sénégal et en Côte d’Ivoire, la start-up veut s’étendre en Afrique de l’Ouest, où le marché de la logistique, selon ses fondateurs, représenterait quelque 3 milliards de dollars. Pour ce faire, Paps, qui indique avoir doublé son volume d’activité entre 2020 et 2021, a récolté 4,5 millions de dollars lors d’une levée de fonds menée en janvier avec la société de capital-risque 4DX Ventures et Orange-Sonatel. Positionnée sur plusieurs segments de la logistique, comme le stockage, le transport national et international (par voie aérienne, terrestre et maritime) et la livraison au dernier kilomètre, la start-up entend assurer « le chargement du début à la fin », indique Rokhaya Sy, ingénieure en génie logiciel de l’École nationale supérieure d’électronique, informatique et de radiocommunications de Bordeaux. L’an dernier, Paps a réalisé plus de deux millions de livraisons dans ses deux pays d’activité mais aussi à l’international.   Jeune … Read More

Énergie

Électricité : « Il faut ouvrir le secteur aux privés…»

Pourquoi la Guinée exporte-t-elle de l’Énergie alors que certaines de ses villes sont dans le besoin ? Quelles solutions le Gouvernement compte-t-il envisager pour améliorer la chaîne de distribution de l’énergie ? Interrogé ce jeudi 17 octobre par un journaliste d’Africaguinee.com, le Ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures, Aboubacar Camara a levé un coin du voile sur les raisons et évoqué quelques mesures. « On n’a pas de lignes de transports. On a deux choix : soit on verse l’eau, on perd des dollars ou on vend cette énergie excédentaire à un pays pour investir l’argent dans les lignes de transport », explique le ministre Aboubacar Camara. L’électricité existe mais nous n’avons de lignes de transports vers l’intérieur, précise-t-il. Le Ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures annonce que le Gouvernement va ouvrir le secteur de l’énergie aux privés qui vont investir pour construire des lignes de transport. « Les lignes de transport de l’extérieur qu’on a, ce sont des projets intégrés sous-régionaux (la ligne de l’OMVS, la ligne de l’OMVG…) Guinée, Mali, Sénégal, Guinée Bissau, Gambie qui font qu’on a Linsang ici pour la distribution. Aujourd’hui on est en train d’ouvrir le secteur de l’électricité au secteur privé. L’Etat ne peut pas tout faire, donc on trouve des particuliers, des opérateurs et des entreprises qui vont construire les lignes.  Quand ils font les lignes, ils se font rembourser à travers le transport d’énergie. Les lignes par lesquelles on exporte le courant au Libéria, au Sénégal ou en Gambie ne nous appartiennent pas, on fait partie du cercle des réseaux. Mais le transport de ce courant vers ces pays, les lignes qui sont réalisées, il y a des montants de redevances à payer.  Donc, on veut des privés qui vont réaliser la boucle de Guinée permettant aux populations qui sont aujourd’hui sous thermiques d’avoir l’électricité. Il faut revoir un peu tout le système (…). Il faut ouvrir le secteur aux privés, il faut aller vers des contrats BOT (Build-operate-transfer), c’est possible aujourd’hui. », a annoncé le ministre de l’Énergie, expliquant que l’Etat est arrivé à un niveau où il a d’autres priorités. « Il ne peut pas investir 400 millions de dollars chaque année pour subventionner l’énergie », a lancé Aboubacar Camara. Oumar Bady … Read More

Énergie

La dénomination des navires de support affrétés pour opérer autour du gisement transfrontalier de gaz Grand Tortue Ahmeyim (GTA), partagé entre le Sénégal et la Mauritanie, a provoqué une mini-crise diplomatique entre les deux pays.

Une crise diplomatique latente est apparue entre le Sénégal et la Mauritanie au sujet de la nomination des navires qui doivent intervenir sur la plateforme du gisement gazier de Grand Tortue Ahmeyim. Selon nos confrères d’Africa Intelligence, Dakar et Nouakchott ne sont pas parvenus à un accord concernant les noms des navires de support, c’est-à-dire des bateaux de soutien aux opérations pétrolières affrétés autour de ce gisement transfrontalier. Au départ, cela semblait être une tâche anodine : baptiser quatre navires de soutien fournis par le consortium Kotug/Maritalia pour les partenaires du champ gazier GTA, exploité par BP en partenariat avec Kosmos Energy et les compagnies pétrolières nationales du Sénégal, Petrosen, et de la Mauritanie, la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH). Début août, chaque partenaire du consortium a eu la possibilité de nommer l’un des navires. BP a proposé le nom de « Waalo », en référence à la région située à l’embouchure du fleuve Sénégal. Kosmos a choisi « Chamama », nom d’une zone située à 60 km au nord-est de Saint-Louis, qui abrite l’un des plus grands parcs ornithologiques du monde. Cependant, Petrosen a opté pour « Talatay Nder », en référence à un village sénégalais chargé d’une histoire douloureuse Le choix de ce nom par Alioune Guèye, le nouveau directeur général de Petrosen Holding, a provoqué la colère de Nouakchott. En wolof, « Talatay Nder » rappelle un événement tragique survenu en mars 1820 dans le village de Nder, près de la frontière avec la Mauritanie. Une troupe de Maures venus du nord du fleuve Sénégal, dans l’actuelle Mauritanie, avait tenté de capturer les femmes du village pour les réduire en esclavage. Refusant de se soumettre, les femmes de Nder avaient choisi de se suicider ensemble, un sacrifice qui est encore commémoré chaque mois de novembre. Lorsque la partie mauritanienne a appris le nom choisi par Petrosen, elle s’est sentie offensée et a décidé de changer sa proposition initiale en « Bilad Chinguetti », qui signifie « le pays des Maures ». Les autorités mauritaniennes ont été profondément troublées par le choix du Sénégal, jugeant cette référence historique inappropriée. Pour éviter une escalade diplomatique, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko et le président Bassirou Diomaye Faye ont pris contact avec Nouakchott durant la semaine du 8 septembre, afin de désamorcer la situation. Les deux pays ont tout intérêt à maintenir de bonnes relations diplomatiques, notamment dans le cadre des négociations en cours avec la société pétrolière britannique concernant les coûts de développement de GTA. Ces coûts ont presque doublé depuis le lancement du projet et ont été contestés lors d’un audit réalisé en avril à la demande des autorités mauritaniennes. Le Sénégal et la Mauritanie devront collaborer pour renégocier ces coûts avec BP.  Modou Mamoune … Read More

Énergie

Ce projet s’est invité dans la campagne, car peut-être emblématique des difficultés de gestion et les attentes qui entourent ces grands projets énergétiques. Les découvertes pétrolières et gazières sont promesse de recettes fiscales et de redevances. Mais les premiers litres de gaz prévus pour avril 2022 ne sortiront finalement de terre qu’aux alentours du 3e trimestre 2024.

La production annuelle de GNL attendue pour cette 1ʳᵉ phase est de 2,5 millions de tonnes, essentiellement destinée à l’exportation dans un contexte géopolitique très favorable. Cependant, alerte Papa Daouda Diene, analyste économique au Natural Resource Governance Institute, ces rentrées prévisionnelles doivent être considérées avec précaution. Car les retards pris dans le lancement du projet pourraient avoir des conséquences économiques importantes, notamment pour le budget de l’État. « Il ne faut pas oublier que des affectations avaient été prévues dans le budget de 2023 par exemple au niveau des fonds de stabilisation, des fonds intergénérationnels, souligne l’analyste. Mais également, ils peuvent avoir des impacts sur les prévisions de croissance et les prévisions d’endettement, ça, c’est au niveau macroéconomique. » « Se prémunir des risques associés à ces retards » Des retards qui peuvent avoir également des impacts sur les perspectives économiques. Le FMI en fin de mission en septembre 2023 évaluait les perspectives de croissance du PIB à 8,8% pour 2024. Une croissance qui sera stimulée en cas de démarrage de la production de pétrole et de gaz, précise l’institution. « Pour se prémunir de ces risques associés à ces retards, le gouvernement doit faire preuve de prudence dans la planification de l’utilisation de ce gaz, des emprunts associés, de l’utilisation des revenus, etc. », précise encore Papa Daouda Diene. Le coût estimé de la Phase 1 du projet gazier était estimé à 3,6 milliards de dollars. Mais les retards de mise en service vont entraîner de fait des surcoûts. « Quand on connait un retard, il y a forcément de nouveaux investissements et le coût va augmenter, pointe Babacar Gaye, économiste spécialisé dans les questions pétro-gazières et consultant au cabinet DG Link. Il y a des surcoûts, il y a des surfacturations. BP va récupérer l’argent dépensé avant de parler de bénéfices. Du coup quand est-ce qu’on va amortir ? » Les montages financiers de ce genre de projets sont complexes et évoluent au fil du temps et des phases d’exploitation. Le ministre du Pétrole et des Énergies sénégalais, Antoine Félix Diome a rappelé certaines modalités à l’occasion d’une conférence de presse conjointe avec son homologue mauritanien à Nouakchott en janvier dernier. « Au début, nous ne mettons pas d’argent. C’est-à-dire que l’opérateur arrive, il y a une décision finale d’investissement qui est arrêtée après le plan de développement de l’unité qui annonce le coût, détaille le ministre. Après avoir engagé toutes les dépenses, c’est à partir de ce moment, quand [l’opérateur] récupère les dépenses qu’ils ont mises, qu’on se partage le « profit oil ». » Renégocier les contrats ? Le « cost oil » est donc le coût pétrolier, « qui d’ailleurs doit être arrêté à un certain montant. Il ne peut pas aller indéfiniment. D’où l’intérêt de bien surveiller le cost oil », précise-t-il encore. Face à ces retards importants, les autorités ont indiqué lancer un grand audit pour notamment évaluer ces surcoûts. Un exercice de transparence également vivement attendu par la société civile. « Je pense que ce sera le plus grand dossier pour le prochain gouvernement, estime le spécialiste Babacar Gaye. C’est pourquoi aujourd’hui, vous pouvez constater que dans l’arène politique, à ce moment de la campagne, certains candidats ont promis aux Sénégalais de renégocier les contrats, parce que ce à quoi nous sommes en train d’assister n’augure rien de bon pour l’avenir de l’exploitation du gaz au Sénégal. » Les difficultés à voir mis en service durant la première phase inquiète. Les phases 2 et 3 de Grand Tortue – censées être plus tournées vers le marché local et plus rémunératrice pour les États – sont prévues. Mais les surcoûts, les reports, mais également la politique générale de BP — notamment ses engagements à réduire ses investissements dans les hydrocarbures — crée de l’incertitude autour de l’avenir du projet. Charlotte … Read More

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Afrique du Sud : accord pour une centrale de 80 MW sur un site minier

Cet accord s’inscrit dans un mouvement plus général qui concerne la plupart des industriels miniers en Afrique australe, qui optent désormais pour des énergies plus propres pour alimenter leurs mines et s’affranchir des réseaux nationaux. Le groupe Northam, producteur indépendant de métaux du groupe du platine, a annoncé le vendredi 4 octobre, la finalisation d’un accord d’achat d’électricité avec un producteur d’électricité indépendant pour une centrale solaire de 80 MW à son exploitation de Zondereinde dans la province du Limpopo en Afrique du Sud. Le producteur est constitué d’un consortium qui intègre notamment Stanlib infrastructur fund II et Royal Bafokeng Holdings. La centrale devrait fournir 220 GWh d’énergie par an directement aux opérations d’extraction et de fusion de Zondereinde, indépendamment du réseau Eskom, réduisant ainsi l’empreinte carbone de l’exploitation de 22 %. Parmi les autres avantages espérés, des économies significatives et une réduction des risques liés à l’approvisionnement en électricité. « Northam s’est engagée à réduire durablement l’impact de ses activités sur l’environnement, et ce premier grand projet d’énergie renouvelable représente une étape importante. Les avantages en termes d’environnement, de coûts d’exploitation et de sécurité énergétique implicites dans cette initiative ajoutent une résilience supplémentaire à notre mine de classe mondiale de Zondereinde », a déclaré Paul Dunne, directeur général de Northam. L’Afrique du Sud fait toujours face à une sévère crise de l’électricité qui affecte la plupart des secteurs économiques. Le secteur minier n’y fait pas exception. Dans ce contexte, de plus en plus d’industriels se tournent désormais vers les énergies renouvelables en nouant des partenariats avec des producteurs indépendants. Abdoullah … Read More

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