Teranga : le mot qui définit le Sénégal

Teranga : le mot qui définit le Sénégal

Légende image, Les habitants de la ville sénégalaise de Saint-Louis, classée patrimoine mondial de l’Unesco, sont particulièrement connus pour leur culture de la teraanga.

 

Alors que j’attendais d’embarquer sur un vol pour Dakar en provenance de New York, une femme drapée dans un tissu coloré et un foulard lumineux me demande si elle pouvait utiliser mon téléphone portable. Hésitante, je m’interrogeais sur cette étrange familiarité, qui l’a poussée à demander pareil service à une inconnue. Alors que j’hésitais, une voyageuse habillée de la même manière qu’elle lui tend son téléphone, sans la moindre hésitation. Des anecdotes comme celle-ci ont eu lieu tout au long de mon voyage au Sénégal… C’était ma rencontre avec la teranga.

 

Le Sénégal est connu comme le « Pays de la teranga ». Les guides de voyage traduisent souvent ce mot wolof (également écrit « teraanga ») par « hospitalité », mais c’est « vague de le traduire » comme tel, explique Pierre Thiam, un chef sénégalais et cofondateur du restaurant « Teranga », à New York. « C’est vraiment beaucoup plus complexe que cela. C’est un mode de vie. »

 

Légende image, La teraanga est une combinaison typiquement sénégalaise de générosité, d’hospitalité et de partage, qui imprègne la vie quotidienne.

En tant que visiteur, j’ai rapidement remarqué que cette valeur imprègne de nombreux aspects de la vie quotidienne au Sénégal. La teranga met l’accent sur la générosité d’esprit et le partage des biens matériels dans toutes les rencontres, même avec les étrangers. Cela construit une culture dans laquelle il n’y a pas d’autre ».

 

Mon mur occidental s’est effondré

 

Pendant l’été que j’ai passé à faire du bénévolat dans un centre éducatif de Yoff, une commune de 90 000 habitants située au bord de l’océan, au nord du centre-ville de Dakar, la teranga m’a permis de découvrir et d’adopter la culture sénégalaise.

J’ai été invitée à séjourner auprès d’une famille de Yoff, et j’ai accepté la proposition de visiter quotidiennement les maisons des voisins et de boire du thé chez eux.

En m’immergeant dans cette façon d’être sénégalaise, mon mur occidental s’est effondré. L’ouverture, la générosité, la chaleur et la familiarité – les éléments clés de la teranga – ont pris leur place.

J’avais constamment l’impression que la population sénégalaise, qui comprend 16 millions de personnes, m’accueillait chez elle.

Pendant le déjeuner au travail, sept d’entre nous s’asseyaient par terre, autour d’une énorme assiette de riz, de poisson frais et de légumes.

Sachant que j’étais végétarienne, mes voisins me proposaient des légumes et je leur proposais du poisson.

Comment le Sénégal a inventé le riz Joloff que le Ghana et le Nigeria n’arrêtent pas de se disputer

Lorsque nous allions à la plage, des enfants qui me connaissaient à peine se jetaient dans mes bras pour échapper aux vagues.

J’étais impressionnée par l’aisance dont ils font preuve envers moi, jusqu’à ce que je me rappelle qu’ils ont été élevés dans la croyance que les membres de la communauté – même les étrangers – doivent s’entraider.

 

Des enfants de quatre ans rentraient seuls à pied du centre-ville où je travaillais, et personne ne s’inquiétait.

J’ai souvent vu des adultes prendre le temps d’éduquer et de guider les enfants du quartier, comme le feraient leurs propres parents.

Selon Dr Ibra Sène, historien sénégalais et enseignant au College of Wooster, dans l’État américain de l’Ohio, cela fait partie de la teranga, où  » on est prêt à (…) conseiller les gens, comme s’ils étaient des membres de la famille ».

Malgré l’omniprésence de la teranga au Sénégal aujourd’hui, ses origines restent quelque peu mystérieuses. Mais les historiens s’accordent à dire qu’elle est partie intégrante de la culture sénégalaise depuis des siècles, bien avant les trois cents ans de domination coloniale néerlandaise, britannique et française, de 1659 à 1960.

Spécificités culturelles

 

« Cet état d’esprit d’interaction, d’échange et d’ouverture envers l’autre remonte probablement à l’époque des grands empires d’Afrique de l’Ouest », a déclaré M. Sène, faisant allusion aux grands empires du Mali, du Ghana et du Songhai qui ont jadis prospéré dans la région.

Pendant plus de mille ans, cette région a fondé son économie sur le commerce. Et l’échange de biens et d’idées sur lequel ces empires se sont construits a prospéré grâce à cet esprit de générosité et d’ouverture, a-t-il ajouté. « Même s’il [n’était] pas appelé teranga, vous le voyez sous différentes formes à travers l’histoire de l’Afrique de l’Ouest. »

Bien qu’une première forme de teraanga ait probablement existé dans toute l’Afrique de l’Ouest, certains pensent que le concept actuel est né dans la ville de Saint-Louis (Ndar, en wolof), dans le nord-ouest du Sénégal. Les spécialistes affirment toutefois que cette affirmation n’est pas fondée, bien qu’ils aient des théories sur l’origine de cette idée.

Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la ville de Saint-Louis a joué un rôle important durant la colonisation française en Afrique de l’Ouest. C’est là que les colons ont construit leur première colonie en Afrique de l’Ouest, en 1659. C’est là également qu’ils ont établi la capitale. y

Mais M. Sène explique que si Saint-Louis a servi de « premier point d’ancrage et de tremplin à l’expansion coloniale française en Afrique de l’Ouest », parallèlement, « la ville est progressivement devenue le lieu d’une résistance subtile mais multiforme au colonialisme ».

« La communauté africaine de la ville a célébré avec audace ses spécificités culturelles dans cet espace colonial », ajoute l’historien. Au fil du temps, les habitants de Saint-Louis ont acquis une grande réputation et se sont fait connaître pour leurs manières, leur cuisine et leurs connaissances religieuses.

La teranga a permis de façonner l’identité du Sénégal

 

Que la teranga soit née ou non à Saint-Louis, elle y reste particulièrement forte aujourd’hui.

Astou Fall Guèye, doctorante au département d’études culturelles africaines de l’université du Wisconsin, explique que Saint-Louis « représente l’épitomé » de cette valeur.

« Chaque fois que l’on pense à la teranga au Sénégal, on pense aussi à la ‘teranga Ndar' », a-t-elle déclaré. « C’est très important dans la culture de cette ville. Les habitants de cette ville se vantent en quelque sorte d’être ceux qui savent le mieux comment pratiquer la teranga. »

Lorsque le Sénégal est devenu indépendant en 1960, le mot « teranga » a été utilisé pour façonner l’identité du pays naissant.

Rendre la teranga plus visible, par exemple en baptisant l’équipe nationale de football « Lions de la teranga », a permis à la nation de se rallier à cette vertu et de la présenter au monde comme une valeur sénégalaise distincte.

Aujourd’hui, une variété d’entreprises – des sociétés minières aux maisons d’hôtes – portent le nom de « teranga », et les visiteurs voient et ressentent ce concept dans tout le pays.

De nombreuses familles sénégalaises préparent souvent une assiette supplémentaire pour que tout visiteur qui arrive à l’improviste ait quelque chose à manger.

 

La teranga est particulièrement visible dans la culture alimentaire sénégalaise.

Marie Corréa Fernandes, conférencière de langue wolof à l’université du Kansas, explique comment l’hospitalité est intégrée à chaque repas. « Dans de nombreuses familles, lorsqu’on cuisine, on garde à l’esprit que quelqu’un peut arriver à tout moment ; il peut s’agir de quelqu’un que vous connaissez, ou que vous ne connaissez pas. » Pour préparer l’accueil des visiteurs, même imprévus, avec de la teranga, il y a souvent une assiette supplémentaire prête, « juste au cas où ».

Nous croyons vraiment que plus vous donnez, plus vous recevez. La teranga, c’est vraiment cela.

 

Et pour les invités qui se présentent à l’heure du repas, la façon de manger sénégalaise incarne l’esprit de partage de la teranga.

Traditionnellement, tous les convives mangent ensemble dans une grande assiette ou un bol.

 

« Mais la meilleure partie [du plat] revient toujours aux invités », explique M. Thiam. « On vous donne les meilleurs morceaux de viande et de poisson, ainsi que les légumes. » Selon M. Thiam, la raison de cette pratique est simple. « Nous croyons vraiment que plus vous donnez, plus vous recevez. La teranga, c’est vraiment cela. »

 

Selon Astou Fall Guèye, le rôle de la nourriture dans la teranga ne s’arrête pas aux repas.

Elle unifie également les membres de différentes religions. Le Sénégal est une nation majoritairement musulmane et, à l’approche de Pâques, « les chrétiens préparent un repas qu’ils appellent ngalax, composé de mil, de beurre de cacahuètes et de poudre de baobab », explique-t-elle. « Vous verrez des familles chrétiennes apporter cette nourriture à des familles musulmanes. »

Le partage de la nourriture pendant les fêtes va dans les deux sens : pendant la fête de l’Aïd al-Adha, les musulmans offrent des repas aux voisins qui sont chrétiens.

Lors des fêtes religieuses, les populations musulmanes et chrétiennes du Sénégal offrent des repas les uns aux autres.

 

, Lors des fêtes religieuses, les populations musulmanes et chrétiennes du Sénégal offrent des repas les uns aux autres.

« Nous célébrons les deux religions, et cela nous permet de nous sentir bien dans la communauté », a ajouté Marie Corréa Fernandes. « En teraanga, nous avons de la tolérance pour l’autre. Nous sommes une culture très diversifiée. »

Le Sénégal est composé de plusieurs groupes ethniques, notamment les Wolofs, les Pulars, les Sérères, les Mandingues, les Diolas et les Soninkés. Contrairement à la Guinée-Bissau et au Mali voisins, qui ont connu des coups d’État et des violences ethniques, la diversité du Sénégal n’a jamais été à l’origine de conflits. Et la Banque mondiale classe le Sénégal parmi les « pays les plus stables d’Afrique ». Et, selon M. Sène, la teraanga a contribué à unir les Sénégalais, quelles que soient leurs origines.

« La chose que les Sénégalais partagent le plus, c’est l’idée de la teranga »

 

Selon Marie Corréa Fernandes, l’accueil est l’un des aspects les plus importants de la teranga. « Vous ne pouvez pas venir et dire : ‘Où est le bureau de poste ?’. Bonjour… saluez-moi d’abord ! » dit-elle. « Les salutations sont très importantes. C’est très impoli d’arriver et de commencer à parler sans saluer l’autre. »

Le Sénégal est un pilier de la stabilité, en partie parce que chacun de ses groupes ethniques croit fermement à l’idée de la teraanga.

 

Le Sénégal est un pilier de la stabilité, en partie parce que chacun de ses groupes ethniques croit fermement à l’idée de la teraanga.

Cet état d’esprit permet de maintenir une vie de quartier harmonieuse. « Il y a ce fameux dicton [sénégalais] qui dit que vos voisins constituent votre famille, parce que si quelque chose vous arrive, avant même que votre famille naturelle ne vienne vous secourir, ce sont d’abord vos voisins qui vous viennent en aide », a déclaré Astou Fall Guèye.

Les célébrations communautaires illustrent également le principe d’accueil de la teraanga. Les événements marquants sont généralement ouverts et participatifs. « Vous ne pouvez pas dire à l’un, ‘tu peux venir’, ou à l’autre, ‘non, tu ne peux pas venir' », a expliqué Marie Corréa Fernandes, précisant que « tout le monde est invité ».

Lorsque Marie Correa Fernandes s’est mariée dans son village, il n’y avait pas d’invitations. Ses parents ont communiqué aux voisins la date du mariage, et « ce jour-là, tout le monde s’est présenté ».

La réputation du Sénégal en matière d’hospitalité a le don d’attirer les visiteurs.

Légende image, La réputation du Sénégal en matière d’hospitalité a le don d’attirer les visiteurs.

Cette ouverture envers les voisins s’étend également aux étrangers de passage dans la communauté.

La famille de Sène, qui a grandi dans une région rurale, accueillait souvent les voyageurs dans sa maison pour une nuit ou deux, parfois même plus. Il pense que cet esprit d’hospitalité est toujours d’actualité.

« À Dakar, même avec l’anonymat croissant pour lequel les grandes villes sont connues, les gens sont prêts à partager ce qu’ils ont », dit-il.

Les étrangers qui demandaient un endroit pour se reposer, une salle de bain, un téléphone ou de l’eau se voyaient répondre par la teraanga. « Vous pouvez vous promener dans Dakar, frapper à la porte et dire : ‘Pourriez-vous me donner de l’eau ?’ Les gens vous donneront de l’eau sans aucun problème. »

Youssou N’Dour, l’un des chanteurs les plus célèbres du pays, a une chanson sur la teranga qui résume bien le concept. « Nit ki ñew ci sa reew, bu yegsee teeru ko, sargal ko ba bu demee bëgg dellusi », chante-t-il. Selon Marie Corréa Fernandes, cela signifie : « Lorsque quelqu’un arrive dans votre pays, accueillez-le, honorez-le de telle sorte qu’il ait envie, lorsqu’il repartira, de revenir. »

Ce n’est pas étonnant que nous, visiteurs du pays, ayons hâte d’y retourner.

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3ème édition du SENIA : La voie balisée pour une synergie entre l’IA et l’entrepreneuriat

L’édition 2024 du Salon de l’Entrepreneuriat Numérique et de l’Intelligence Artificielle (SENIA) a tracé la voie pour une convergence réussie entre l’IA et l’entrepreneuriat numérique, promettant un avenir radieux pour le Bénin, et l’Afrique. Cet événement riche en activités : panels de discussion, keynotes de présentation et espace d’exposition pour les entreprises et les startups locales et internationales, s’est achevé avec des perspectives optimistes pour le développement du secteur numérique.

 

Devenu une tradition depuis trois ans, le Salon de l’Entrepreneuriat Numérique et de l’Intelligence Artificielle (SENIA) 2024, le premier salon africain dédié à l’intelligence artificielle, s’est tenu avec succès, du 16 au 17 mai dernier, au Palais des Congrès de Cotonou. L’événement, qui se positionne désormais comme une référence continentale, a réuni les participants sur le thème : « IA et entreprenariat numérique : la convergence des possibilités » Les acteurs de l’écosystème du numérique, venus de différents horizons, ont exploré les synergies possibles entre l’IA et l’entrepreneuriat numérique.

Procédant à l’ouverture officielle du salon, Aurelie Adam Soulé Zoumarou, Ministre du Numérique et de la Digitalisation, a souligné l’importance de la convergence pour transformer le quotidien des Béninois et progresser sur la voie du développement. Elle a insisté sur l’utilisation de l’IA pour résoudre rapidement et efficacement les problématiques de développement. « Nous voulons utiliser les solutions de l’intelligence artificielle pour régler rapidement et efficacement nos problématiques de développement », a rappelé la ministre du Numérique et de la Digitalisation lors de la cérémonie d’ouverture de l’événement.

L’un des moments forts du SENIA 2024 a été la distinction des lauréats du 1er hackathon multimodal et multilingue, visant à valoriser les langues nationales béninoises telles que le Fon, le Dendi et leYoruba. Organisé par l’Agence des Systèmes d’Information et du Numérique (ASIN) en partenariat avec New Native spécialisé dans l’organisation de hackathon mondial, ce concours a offert aux jeunes l’opportunité de développer des applications d’intelligence artificielle innovantes, mettant en avant la richesse culturelle des communautés locales.

Avec plus de 2000 participants en ligne et en présentiel, provenant de plus de 60 pays, ce hackathon a été un véritable succès international. Après 72h de travail acharné, les équipes ont soumis leurs projets et les trois meilleures équipes ayant compéti en présentiel, ont été récompensées pour leurs solutions remarquables. L’équipe « SCGM » a obtenu le troisième prix soit une dotation de 650 mille francs CFA ; l’équipe « Aida » a remporté le deuxième prix soit un chèque de 1,3 million de francs CFA ; et l’équipe « Imolè » a décroché le premier prix, soit un chèque de 2 millions de francs CFA. Les trois équipes ont proposé des applications d’Intelligence artificielle capables de réaliser du doublage, du sous-titrage et de transformer du texte ou de l’audio en images, utilisant les langues Fon, Dendi et Yoruba.

À travers ce challenge, le Bénin met en valeur ses langues nationales.  En marge de ce hackathon géant, l’ASIN a créé une plateformewww.langues.gouv.bj pour pallier le manque de données. Le succès a été immédiat, avec plus de 90.000 connexions par jour. « L’enjeu est de collecter des données afin de développer des modèles de langage qui tiennent compte de nos réalités, pour avoir des solutions au service de nos populations », a déclaré le Directeur Général de l’ASIN M. Marc-André LOKO. Ce hackathon a non seulement démontré le potentiel des jeunes béninois en matière de technologie et d’innovation, mais a aussi souligné l’importance de préserver et de promouvoir les langues et les cultures locales dans un monde de plus en plus globalisé.

En marge de cette 3ème édition du SENIA, une conférence publique sur l’intelligence artificielle s’est déroulée le mercredi 15 mai, à l’intention des étudiants de l’Université d’Abomey-Calavi (la plus grande université du pays), constituant l’un des moments forts de l’événement. Animée par Moustapha Cissé, CEO de KERA et premier directeur du Centre de Recherche en IA de Google au Ghana, cetteconférence sur le thème : « L’intelligence machine : perspectives et opportunités en Afrique », a offert aux participants une plongée passionnante dans le monde de l’IA, en constante évolution. Le conférencier a souligné l’importance cruciale de l’innovation et de la recherche pour le développement économique et social en Afrique. « L’IA est pour nous en Afrique plus une opportunité qu’autre chose », a-t-il indiqué en exposant les différents champs d’application de l’IA.

Le succès de cette 3e édition du SENIA ouvre de nouvelles perspectives pour l’avenir. En rassemblant les esprits les plus brillants et en favorisant l’innovation à travers des initiatives comme le hackathon multimodal, le Bénin se positionne comme un leader en matière de technologie et d’entrepreneuriat numérique sur le continent africain.

 

Jeune Afrique

INVESTISSEMENT AFRIQUE

Djamo, la fintech ivoirienne qui veut changer la banque

C’est l’une des start-up les plus prometteuses d’Afrique de l’Ouest. Les fondateurs de Djamo, Hassan Bourgi, CEO, et Régis Bamba, en charge du produit et de l’ingénierie. Ils nous expliquent, à deux voix, comment ils ont eu l’idée de créer leur entreprise, les principaux défis qu’ils ont eus à relever, et la stratégie qu’ils déploient pour faire de leur application un produit incontournable.

« L’idée de départ, c’était de permettre à nos utilisateurs de centraliser tous leurs paiements sur Djamo, d’en faire un hub de paiement pour la vie de tous les jours », résume Hassan Bourgi. Et ils n’ont pas traîné en chemin. Après seulement « dix mois à travailler sur la mise en place de nos partenariats avec les banques qui nous accompagnent », raconte en écho Régis Bamba, c’était « le lancement au grand public ».

Les deux entrepreneurs insistent sur le tournant qu’a constitué, pour eux, le passage par l’incubateur Y Combinator en 2021. Djamo a été la seconde start-up ouest-africaine, après Wave, à intégrer ce programme par lequel sont passées des licornes telles qu’Airbnb, Stripe ou encore Dropbox.

Désormais solide sur ses appuis en Côte d’Ivoire, où son application est devenue incontournable, Djamo entend poursuivre son développement au Sénégal, où elle est déjà implantée, et s’étendre dans toute l’Afrique de l’Ouest.

 

Jeune Afrique

Mines

Le Mali octroie un permis minier de 10 ans pour la mine d’or Sadiola

Le permis d’exploitation octroyée en 1994 pour la mine d’or Sadiola est arrivé à expiration le 1er août 2024. Après 171 007 onces livrées en 2023, la mine peut produire en moyenne 200 000 onces d’or par an jusqu’en 2028 et 300 à 400 000 onces par an à long terme.

Au Mali, le Conseil des ministres du 9 octobre a adopté un projet de décret portant renouvellement du permis d’exploitation de la mine d’or Sadiola. Valable 10 ans, la licence autorise une filiale du canadien Allied Gold à poursuivre la production sur cette mine qui a livré 171 007 onces en 2023.

L’octroi du permis minier intervient après la signature en septembre d’une nouvelle convention de partenariat entre le gouvernement et la compagnie canadienne. Le mois dernier, Allied Gold a indiqué dans un communiqué que la collaboration est désormais régie par le nouveau code minier malien. Cela implique notamment une participation maximale de 30 % pour le gouvernement et la possibilité pour les investisseurs locaux de prendre jusqu’à 5 % d’intérêts dans Sadiola.

« Le gouvernement a entamé des réformes du secteur minier qui ont conduit à une revue de toutes les conventions minières en phase d’exploitation pour un meilleur partage de la rente minière. Cette revue a concerné également les pratiques opérationnelles […] de Sadiola et leur conformité à la règlementation en vigueur en matière de transaction financière », indique le communiqué du Conseil des ministres.

Avec les mines d’or Nampala appartenant à Robex Resources et Fekola de B2Gold, le gouvernement prévoit que Sadiola devrait rapporter 245 milliards FCFA (410 millions $) de revenus annuels supplémentaires au Mali. Exploitée depuis 1997, la mine devrait également contribuer à la production d’or sur les 10 prochaines années. En 2024, Allied Gold prévoit produire 195 000 à 205 000 onces à Sadiola, 200 000 onces en moyenne par an jusqu’en 2028 et 300 à 400 000 onces en moyenne par an à long terme. Sa durée de vie actuelle atteint 19 ans.

Emiliano Tossou

Hydropower

Révolution énergétique de la Namibie : un projet pionnier de 138,5 millions USD soutenu par la Banque mondiale

La Namibie se trouve à l’aube d’une transformation significative avec le lancement de son tout premier projet énergétique ambitieux. Ce projet, soutenu par un financement considérable de 138,5 millions USD de la Banque mondiale, vise à renouveler le réseau de transport d’énergie du pays et à intégrer les énergies renouvelables.

Ainsi, cette initiative marque un tournant décisif dans l’effort national pour un avenir durable et moins dépendant des sources d’énergie conventionnelles.
L’approbation cruciale de la Banque mondiale
L’octroi de 138,5 millions USD par la Banque mondiale constitue un jalon important pour la Namibie.

Ce financement représente non seulement une reconnaissance de la viabilité du projet mais aussi un signal fort de l’engagement international envers des solutions énergétiques durables. La contribution financière joue un rôle pivot dans la concrétisation des ambitions énergétiques de la Namibie.

Par ailleurs, le financement accordé par la Banque mondiale cible essentiellement deux grands objectifs : le renforcement du réseau de transport d’énergie en Namibie et l’intégration efficace des énergies renouvelables. Ce projet aspire à moderniser l’infrastructure existante tout en s’ouvrant sur les technologies de demain. Il promet une amélioration significative de la stabilité et de la capacité du réseau énergétique namibien, facilitant ainsi une transition écologique fluide.


La Namibia Power Cooperation (NamPower), l’entreprise nationale d’électricité, se trouve au coeur de cette initiative révolutionnaire. En tant que bénéficiaire directe du financement, NamPower est chargée de la mise en œuvre des diverses phases du projet. Ce rôle crucial inclut l’exploitation des fonds pour maximiser l’efficacité énergétique et l’intégration des sources renouvelables, pilotant le pays vers une autonomie énergétique accrue.

Le renforcement du réseau de transport est une étape essentielle pour sécuriser l’approvisionnement énergétique du pays sur le long terme. Ce développement permettra à la Namibie d’optimiser la distribution d’électricité à travers le territoire, réduisant ainsi les pertes d’énergie et augmentant la fiabilité du service. 

Parallèlement, l’accent mis sur les énergies renouvelables illustre l’engagement de la Namibie envers une politique énergétique responsable et novatrice, en phase avec les défis climatiques mondiaux.

Notons que les efforts de la Namibie, soutenus par la Banque mondiale, pour rénover son secteur énergétique sont porteurs d’espoir. Au-delà du renforcement de son réseau de transport, l’intégration des énergies renouvelables témoigne d’une vision durable qui pourrait servir de modèle pour d’autres nations. 

Pour rappel, ce projet représente un pas significatif vers la réalisation d’une indépendance énergétique durable, marquant le début d’une nouvelle ère pour l’économie et l’environnement de la Namibie.

Daouda Bakary KONE

Energie hydropower

Hydropower : l’hydrogène comme source d’énergie

Lalle Nadjagou a mis au point un procédé permettant de produire de l’hydrogène à partir d’eau, sans avoir recours aux énergies fossiles. Hydropower, la start-up du jeune inventeur togolais, fait aujourd’hui partie des plus prometteuses du continent africain dans le domaine de l’énergie

Article partenaire – Enedis

05 Déc 2018, 10:07

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Utiliser l’hydrogène présent dans l’eau pour produire de l’énergie. Ce rêve, déjà ancien, avait jusqu’alors toutes les peines du monde à déboucher sur un projet industriel efficace. Une situation essentiellement due au bilan carbone négatif du système de production de l’hydrogène, ce qui rendait les moteurs à combustion thermique toujours relativement moins polluants. Mais grâce à Lalle Nadjagou, le rêve est peut-être devenu réalité. Le jeune inventeur togolais a en effet mis au point un nouveau modèle de groupe électrogène fonctionnant à l’hydrogène. Son prototype s’est révélé si prometteur que la jeune start-up créée dans la foulée -et baptisée Hydropower a été accueillie au sein de l’Energy generation academy, pour un programme de préincubation d’un an. Une période au terme de laquelle le projet de Lalle Nadjagou a bénéficié d’un appui financier supplémentaire, afin de pouvoir être développé plus en avant au sein de l’incubateur d’Energy generation academy. C’est dans cette structure qu’Hydropower peaufine ses derniers réglages, et prépare sa phase d’industrialisation.

Un procédé aisé et bon marché

Hydropower répond essentiellement à un objectif : « Utiliser l’eau comme ressource principale pour produire de l’énergie ». Le procédé mis au point par Lalle Nadjagou est assez simple et peu coûteux. Il consiste à ajouter de la soude dans l’eau, ce qui permet de la décomposer et de produire un gaz similaire à l’hydrogène. Celui-ci peut ensuite être utilisé pour alimenter un groupe électrogène ou un moteur, sans recours aux énergies fossiles classiques, ce qui limite les émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble de la chaîne. Surtout, Hydropower est parfaitement adapté aux pays en développement. Il permet non seulement de fournir de l’électricité dans des zones hors-réseau, mais se révèle surtout moins cher à l’usage, notamment par la réduction des coûts de transport et de distribution de l’énergie. En effet, contrairement au charbon, au pétrole, ou au gaz naturel, l’eau est disponible partout, même en faible quantité ou non-potable, ce qui met l’utilisateur à l’abri des variations des cours ou des ruptures d’approvisionnement.

Lalle Nadjagou prévoit aussi que le prix du gaz fabriqué grâce à Hydropower sera deux fois moins cher que son équivalent en fuel. Et tandis qu’il œuvre à la finalisation de son prototype, le jeune ingénieur pense déjà à la suite ; notamment aux développements envisagés pour son procédé. Parmi les pistes évoquées : l’utilisation du CO² pour la méthanisation, ou encore la production de voitures électriques, qui pourraient demain être alimentées en électricité produite grâce à l’hydrogène.

Article partenaire – Enedis

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Simandou ! Entre Rêve de Développement et Risque Environnemental

Le projet Simandou en Guinée, actuellement le plus grand projet minier mondial, suscite à la fois des rêves d’un avenir radieux et des préoccupations profondes quant aux risques pour notre futur.

Avec l’exploitation de ses riches gisements de fer, ce projet promet une transformation économique spectaculaire pour la Guinée. Grâce aux infrastructures massives prévues, notamment un réseau ferroviaire reliant les quatre régions naturelles du pays et la construction d’un nouveau port en eaux profondes à Moribaya, le projet vise à améliorer le transport des personnes et des marchandises, à dynamiser l’agriculture et les commerces interurbains, régionaux et sous-régionaux, tout en créant des milliers d’emplois directs et indirects.
Pour de nombreux Guinéens bien avertis et réfléchis, c’est la vision d’un futur prospère où les richesses naturelles de la Guinée sont enfin mises à profit pour le bénéfice de tous ses citoyens sous la gouvernance actuelle.

Les Guinéens rêvent aussi de voir un train à grande vitesse (TGV) relier nos quatre régions naturelles, si les infrastructures sont adéquatement conçues pour cela, permettant de parcourir le trajet de la Basse-Côte à la Guinée forestière en seulement trois heures.
De plus, il existe l’ambition de faire du nouveau port de Moribaya le plus grand port d’Afrique, voire d’Afrique de l’Ouest, capable d’accueillir les plus gros vraquiers du monde, à l’image du port de Rotterdam aux Pays-Bas. Ces visions montrent le potentiel immense du projet Simandou à transformer non seulement notre économie, mais aussi notre connectivité et notre place sur la scène mondiale.

Cependant, ce rêve de développement pourrait rapidement tourner au cauchemar. Les infrastructures nécessaires à ce projet titanesque, notamment les chemins de fer, les installations portuaires et minières, représentent une menace considérable pour l’environnement. Les experts environnementaux tirent la sonnette d’alarme : les travaux prévus risquent de provoquer une déforestation massive, une érosion accrue et une fragmentation des habitats naturels. Les écosystèmes fragiles de la Guinée, ses forêts denses et ses habitats uniques sont en péril. Bref, ce qui devait être une bénédiction pour le pays pourrait devenir une malédiction, transformant un rêve de prospérité en une réalité désastreuse pour notre biodiversité et notre environnement.

Pour éviter que cette vision de développement ne se transforme en catastrophe écologique, il est impératif d’adopter une approche scientifique et rigoureuse. Des stratégies de mitigation et des mesures de protection robustes doivent être mises en place pour minimiser les impacts environnementaux. En tant que Consul Honoraire de la Guinée aux Pays-Bas, je recommande de collaborer avec des cabinets d’experts en environnement pour évaluer profondément les risques, développer des plans de gestion durable, et s’assurer que les infrastructures construites répondent aux normes internationales tout en respectant les normes environnementales les plus élevées. Il est crucial de protéger notre environnement aujourd’hui pour garantir la prospérité des générations futures.

En outre, le projet Simandou présente des défis juridiques complexes. Les obligations en matière de protection de l’environnement, stipulées par le droit guinéen et les conventions internationales, doivent être strictement respectées pour éviter des conséquences juridiques et financières désastreuses. Les autorités guinéennes doivent s’engager dans une évaluation approfondie d’impact environnemental et collaborer avec des experts juridiques spécialisés pour élaborer des contrats et des accords de partenariat incluant des clauses de protection de l’environnement.
Il est également conseillé de travailler avec des institutions environnementales et cabinets spécialisés, tant internationaux que locaux, dans la gestion des ressources naturelles pour s’assurer que les bénéfices économiques ne soient pas annulés par des coûts environnementaux imprévus.

Rien ne vaut notre nature, la Guinée étant un véritable paradis. Protéger notre patrimoine naturel, c’est protéger notre avenir économique et juridique.
Ensemble, avec une réflexion approfondie et une collaboration internationale, nous pouvons transformer ce projet en une véritable opportunité pour la Guinée, tout en préservant ce qui est le plus précieux pour nous : notre terre, notre biodiversité et notre futur.

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