Cédéao et AES : Vers une Reconnaissance Mutuelle Après la Tournée du Président Ghanéen ?

La récente tournée diplomatique du président ghanéen, John Dramani Mahama, dans les capitales des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) – Bamako, Niamey et Ouagadougou – marque un tournant dans les relations entre l’AES et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Cette mission pourrait ouvrir la voie à une reconnaissance officielle de l’AES par la Cédéao, une évolution stratégique pour l’équilibre régional en Afrique de l’Ouest.

 

Contexte : Une fracture entre la Cédéao et l’AES

L’AES, formée en septembre 2023 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, est née en réaction aux tensions avec la Cédéao après les coups d’État successifs ayant renversé les régimes civils dans ces pays.

  • Ces trois nations ont été suspendues de la Cédéao, puis ont annoncé leur retrait officiel en janvier 2024, dénonçant des sanctions économiques et politiques jugées injustes.
  • En réponse, elles ont consolidé leur propre alliance régionale centrée sur la coopération sécuritaire et militaire pour lutter contre le terrorisme et défendre leur souveraineté.

Jusqu’ici, la Cédéao avait refusé de reconnaître l’AES comme une entité régionale légitime. Cependant, la tournée du président ghanéen pourrait modifier cette dynamique.

Les enjeux de la tournée diplomatique du Ghana

John Dramani Mahama, envoyé spécial de la Cédéao, s’est rendu début mars 2025 à Bamako, Niamey et Ouagadougou avec un objectif clair : explorer les conditions d’un dialogue constructif entre la Cédéao et l’AES.

 

Objectifs de la mission :

  • Favoriser la réconciliation entre la Cédéao et les États membres de l’AES.
  • Encourager une reconnaissance de l’AES en tant qu’organisation légitime.
  • Renforcer la coopération sécuritaire pour lutter contre le terrorisme qui frappe la région.

Lors de ses rencontres avec Assimi Goïta (Mali), Ibrahim Traoré (Burkina Faso) et Abdourahamane Tiani (Niger), le président ghanéen a insisté sur l’importance d’un partenariat équilibré et sur la nécessité de préserver l’unité régionale malgré les divergences politiques.


Vers une reconnaissance officielle de l’AES ?

  • L’AES revendique une autonomie stratégique et militaire, mais n’exclut pas une coopération économique et sécuritaire avec la Cédéao.
  • La Cédéao, consciente des risques de fragmentation régionale, pourrait être amenée à institutionnaliser un dialogue avec l’AES, notamment pour harmoniser les efforts de lutte contre le djihadisme au Sahel.
  • Une reconnaissance mutuelle permettrait aux trois pays de retrouver un accès aux échanges économiques avec les autres États ouest-africains, sans remettre en question leur autodétermination.

 

Les défis et obstacles à surmonter

Incertitude politique : La Cédéao a historiquement défendu des principes démocratiques, alors que les gouvernements de l’AES sont issus de transitions militaires.

Harmonisation des stratégies de sécurité : Les doctrines militaires des deux organisations doivent être alignées pour une coopération efficace.

Impact sur les relations internationales : La reconnaissance de l’AES pourrait modifier les équilibres géopolitiques régionaux, notamment vis-à-vis des puissances étrangères impliquées en Afrique de l’Ouest.

Un tournant stratégique pour l’Afrique de l’Ouest

La tournée du président ghanéen marque une étape clé vers une potentielle normalisation des relations entre la Cédéao et l’AES. Si un compromis est trouvé, cela pourrait renforcer la stabilité régionale et permettre une coopération plus efficace face aux défis sécuritaires et économiques.

Toutefois, cette reconnaissance de l’AES par la Cédéao nécessitera des négociations approfondies et des engagements clairs de part et d’autre. L’avenir des relations entre ces deux blocs se joue désormais sur la capacité des dirigeants à concilier souveraineté nationale et intégration régionale.

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