Bassirou Diomaye Faye

Le Sénégal lance son « New Deal Technologique » pour une transformation numérique ambitieuse

Le Sénégal s’apprête à franchir une étape majeure dans sa transformation numérique avec le lancement officiel de sa nouvelle stratégie, le « New Deal Technologique », prévu le 24 février 2025 au Centre International de Conférences Abdou Diouf (CICAD). Cette initiative, portée par le président Bassirou Diomaye Faye, vise à positionner le pays comme un leader de l’innovation numérique en Afrique d’ici à 2034.

Une Vision Ambitieuse pour 2034

Le « New Deal Technologique » s’inscrit dans le cadre de l’Agenda National de Transformation – Vision 2050, reflétant la volonté des autorités sénégalaises de moderniser l’administration publique et de renforcer l’efficacité des services administratifs grâce à des plateformes numérisées et digitalisées. Cette stratégie succède au plan « Sénégal Numérique 2025 » adopté en 2016, en apportant une perspective renouvelée et des objectifs ambitieux pour la décennie à venir. 

Les Quatre Piliers du « New Deal Technologique »

La nouvelle stratégie numérique du Sénégal repose sur quatre axes principaux :

1.Modernisation de l’Administration Publique : Mise en place de plateformes numériques pour améliorer l’efficacité et la transparence des services publics.

2.Développement des Infrastructures Numériques : Renforcement des infrastructures pour assurer une connectivité fiable et accessible sur l’ensemble du territoire.

3.Promotion de l’Innovation et de l’Entrepreneuriat : Soutien aux startups et aux entreprises technologiques locales pour stimuler la créativité et la compétitivité.

4.Renforcement de la Souveraineté Numérique : Mise en place de politiques et de cadres réglementaires pour protéger les données et les infrastructures critiques du pays. 

Enjeux et Défis

Bien que le « New Deal Technologique » soit une initiative prometteuse, sa mise en œuvre devra surmonter plusieurs défis, notamment :

Formation et Éducation : Assurer que la population dispose des compétences numériques nécessaires pour tirer parti des nouvelles opportunités.

Financement : Mobiliser les ressources financières adéquates pour soutenir les projets ambitieux prévus dans la stratégie.

Inclusion Numérique : Garantir que toutes les régions du pays, y compris les zones rurales, bénéficient des avancées technologiques. 

Perspectives d’Avenir

Le lancement du « New Deal Technologique » marque une étape cruciale dans la transformation numérique du Sénégal. En s’appuyant sur une vision claire et des objectifs définis, le pays aspire à devenir un hub technologique en Afrique, attirant investissements et talents, et offrant à sa population des services publics modernisés et efficaces. La réussite de cette stratégie dépendra de la collaboration entre le gouvernement, le secteur privé et la société civile pour créer un écosystème numérique inclusif et prospère.

IA etERnegie

Intelligence Artificielle : une empreinte carbone en forte hausse, un enjeu majeur discuté à Paris

Analyse: Le troisième Sommet pour l’Action sur l’Intelligence Artificielle, qui se tient à Paris les 10 et 11 février 2025, met en lumière une problématique de plus en plus préoccupante : l’empreinte carbone grandissante de l’IA. Experts, ONG et dirigeants politiques alertent sur une consommation énergétique exponentielle, alimentée par la montée en puissance des modèles d’IA générative. Ce constat pousse à s’interroger sur la durabilité de cette technologie et sur les solutions à mettre en place pour limiter son impact environnemental.

Une consommation énergétique démesurée

L’essor de l’IA repose sur des infrastructures massives de calcul, notamment les centres de données, dont l’alimentation énergétique devient un enjeu critique. Selon l’Agence internationale de l’énergie, une requête effectuée sur un assistant IA comme ChatGPT consomme jusqu’à dix fois plus d’électricité qu’une recherche classique sur Google. Si ces tendances se poursuivent, la consommation énergétique des centres de données pourrait tripler d’ici 2030.

Pour répondre à cette demande, certains géants de la tech, comme Microsoft, réinvestissent dans le nucléaire afin d’alimenter leurs infrastructures. Oracle et Amazon explorent également l’usage de réacteurs nucléaires modulaires. Mais cette solution, bien que réduisant les émissions directes de CO₂, soulève d’autres défis, notamment en termes de gestion des déchets radioactifs et de dépendance énergétique.

Une efficacité écologique remise en question

L’intelligence artificielle est souvent présentée comme un outil au service de la transition écologique, notamment pour optimiser la gestion des réseaux électriques, réduire le gaspillage ou encore améliorer les performances industrielles. Cependant, les experts présents au sommet de Paris rappellent que ces bénéfices ne compensent pas l’impact environnemental des infrastructures nécessaires à son fonctionnement.

Ainsi, Cory Doctorow, écrivain et analyste technologique, met en garde contre une bulle spéculative autour de l’IA, où les investissements colossaux ne garantissent pas un retour sur investissement suffisant. Il craint que l’IA, à force de promesses non tenues, ne finisse par subir le même sort que la blockchain ou le Web3, en raison de son coût énergétique disproportionné.

L’Afrique, un acteur clé dans le débat

Le sommet de Paris met également en avant le rôle croissant de l’Afrique dans le développement et la régulation de l’IA. Plusieurs personnalités africaines de premier plan y participent, dont Cina Lawson, ministre de l’Économie numérique et de la Transformation digitale du Togo, et Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce. Leur présence souligne l’importance d’intégrer les perspectives africaines dans les discussions mondiales sur les défis environnementaux posés par l’IA.

Ces leaders africains insistent sur la nécessité de développer une IA adaptée aux réalités locales, qui tienne compte à la fois des enjeux climatiques et des besoins en innovation du continent. L’Afrique, confrontée à des défis énergétiques spécifiques, explore des alternatives comme les data centers alimentés par des énergies renouvelables.

Vers une IA plus durable ?

Face à ces défis, les discussions du sommet de Paris visent à poser les bases d’une IA plus responsable. Parmi les pistes explorées :

  • Développement d’algorithmes plus sobres, limitant les calculs superflus.
  • Optimisation des infrastructures pour une meilleure efficacité énergétique.
  • Encadrement réglementaire pour éviter un développement anarchique des usages de l’IA.

Le président Emmanuel Macron a annoncé un investissement privé de 109 milliards d’euros dans l’IA en France, avec une volonté affichée de favoriser des solutions plus durables. Toutefois, l’absence de normes strictes sur l’empreinte carbone de l’IA laisse planer le doute sur la réelle efficacité de ces engagements.

Conclusion

Le sommet de Paris met en évidence une réalité incontournable : l’IA, si elle est un formidable levier d’innovation, représente aussi un défi écologique majeur. À l’heure où la transition énergétique est plus que jamais une priorité, la question de la sobriété numérique doit être placée au cœur des stratégies de développement de l’intelligence artificielle. Sans cela, cette technologie, censée faciliter l’avenir, pourrait bien devenir un fardeau pour notre planète. Par ailleurs, l’implication des acteurs africains dans ce débat montre que le continent est en train de devenir un pôle stratégique dans l’IA, avec une approche qui mise sur la durabilité et l’innovation locale.