Assimi Goita

Mali – Mauritanie : Une coopération sécuritaire renforcée face aux défis transfrontaliers

Le renforcement de la coopération bilatérale entre le Mali et la Mauritanie a franchi une nouvelle étape cette semaine avec la visite officielle du général Modibo Koné, ministre de la Sécurité et de la Protection civile du Mali, à Nouakchott. Accompagné d’une délégation gouvernementale, le général a rencontré plusieurs responsables mauritaniens afin de discuter des enjeux sécuritaires communs, notamment dans les zones frontalières.

Des enjeux communs dans un contexte sous-régional instable

Les deux pays partagent une frontière longue de plus de 2 200 kilomètres, souvent difficile à contrôler en raison de la nature désertique du terrain et de la présence de groupes armés terroristes opérant dans la région sahélienne. Cette zone est également le théâtre de trafics en tout genre : armes, drogues, carburants, bétail et flux migratoires irréguliers.

Dans ce contexte, la nécessité d’une coopération renforcée s’impose comme une évidence. Le Mali et la Mauritanie entendent ainsi mutualiser leurs efforts pour surveiller, sécuriser et contrôler leurs frontières tout en luttant contre le terrorisme et la criminalité transnationale.

Une volonté politique affichée

Lors de cette visite, les discussions ont porté sur plusieurs axes :

Le renforcement des échanges de renseignements entre les forces de sécurité des deux pays.

La mise en place de patrouilles mixtes pour surveiller les zones sensibles.

La coordination des politiques migratoires, notamment en ce qui concerne la gestion des populations nomades et des flux migratoires irréguliers.

Le partage d’expériences et la formation conjointe des forces de sécurité.

Les deux parties ont exprimé leur volonté de renforcer les relations fraternelles entre Bamako et Nouakchott, tout en soulignant l’importance de solutions concertées dans la lutte contre les menaces communes.

Un signal fort dans un contexte de réorientation diplomatique

Cette visite intervient dans un contexte régional marqué par la montée en puissance de l’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Dans le même temps, ces pays réorientent progressivement leurs alliances diplomatiques, en rupture avec certains partenaires traditionnels, notamment la France.

Dans cette dynamique, le Mali cherche à diversifier ses partenariats et à consolider ses relations avec ses voisins immédiats, dont la Mauritanie, perçue comme un acteur stratégique de stabilité dans la région sahélienne.

Erreurs Visa France

Les États-Unis envisagent de nouvelles restrictions de voyage contre 22 pays africains : une décision controversée

Les États-Unis s’apprêtent à instaurer de nouvelles restrictions de voyage visant les ressortissants de 43 pays, dont 22 en Afrique. Cette décision, qui n’a pas encore été officiellement annoncée, suscite déjà des inquiétudes et des critiques sur le continent africain et au-delà.

Une classification en trois catégories

D’après les informations disponibles, le projet américain prévoit de classer les pays concernés en trois catégories en fonction du niveau de restrictions appliquées :

1.Liste rouge : Interdiction totale d’entrée aux États-Unis.

Pays africains concernés : Libye, Somalie, Soudan.

2.Liste orange : Restrictions sévères sur l’obtention de visas, limitant l’accès aux voyageurs d’affaires disposant d’importants moyens financiers.

Pays africains concernés : Érythrée, Sierra Leone, Soudan du Sud.

3.Liste jaune : Ces pays ont un délai de 60 jours pour renforcer leur coopération en matière de sécurité et de vérification des voyageurs. En l’absence d’amélioration, des sanctions migratoires pourraient être mises en place.

Pays africains concernés : Angola, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Cap-Vert, Tchad, République du Congo, République démocratique du Congo, Guinée équatoriale, Gambie, Liberia, Malawi, Mali, Mauritanie, São Tomé-et-Príncipe, Zimbabwe.

Les raisons avancées par Washington

Les États-Unis justifient ces restrictions par des préoccupations liées à la sécurité nationale et à la lutte contre l’immigration illégale. Les autorités américaines reprochent à certains pays un manque de coopération dans le partage d’informations sur les voyageurs, l’émission de documents de voyage frauduleux ou encore une insuffisance des mesures de contrôle aux frontières.

Ces arguments rappellent ceux avancés en 2017 lors de la mise en place du “Muslim Ban”, qui interdisait temporairement l’entrée aux ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane. Cette politique, très controversée, avait été annulée par Joe Biden dès son arrivée à la Maison-Blanche en 2021.

Une décision perçue comme discriminatoire

Ces nouvelles restrictions ont immédiatement suscité des réactions négatives, notamment sur le continent africain. Plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent une politique discriminatoire qui pénalise des pays souvent déjà confrontés à des difficultés économiques et politiques.

Selon plusieurs analystes, cette mesure risque d’affecter les relations diplomatiques entre les États-Unis et les pays africains concernés. Certains gouvernements pourraient percevoir cette décision comme un affront à leurs efforts de coopération avec Washington, notamment dans la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine.

Des conséquences pour les ressortissants africains

Si ces restrictions sont mises en place, elles auront un impact direct sur les citoyens des pays concernés. Les professionnels, étudiants et familles souhaitant voyager aux États-Unis seront particulièrement touchés, ce qui pourrait limiter les opportunités de formation, d’investissement et de partenariat économique entre l’Afrique et les États-Unis.

De nombreux Africains, notamment ceux bénéficiant de programmes de visas tels que la Diversity Visa Lottery (DV Lottery), pourraient voir leurs chances d’immigrer légalement aux États-Unis considérablement réduites.

Une décision encore en négociation

À ce stade, la liste définitive des pays concernés et la nature exacte des restrictions restent en cours d’élaboration. L’administration américaine pourrait officialiser ces nouvelles mesures entre le 17 et le 23 mars 2025. Certains pays figurant sur la liste jaune auront donc une fenêtre de négociation de 60 jours pour éviter des sanctions plus sévères en renforçant leur coopération avec les autorités américaines.

 

Si ces restrictions entrent en vigueur, elles marqueraient un tournant dans la politique migratoire des États-Unis à l’égard de l’Afrique. Alors que Washington cherche à renforcer son influence sur le continent face à la montée en puissance de la Chine et de la Russie, une telle décision pourrait au contraire fragiliser ses relations avec de nombreux pays africains. Reste à voir si cette politique sera réellement appliquée ou si des négociations permettront d’en atténuer l’impact.