Lors d’une conférence tenue le samedi 22 février 2025 à l’université Cheikh Anta Diop (UCAD), Cheikh Tidiane Gadio, président de l’Institut panafricain de stratégies (IPS), a mis en garde contre la menace croissante du terrorisme dans la sous-région. Cette intervention s’inscrivait dans le cadre d’un colloque-hommage rendu aux professeurs Abdoulaye Bathily et Boubacar Barry, deux figures emblématiques de l’UCAD.
Un constat alarmant sur la montée du terrorisme
Fondé depuis plus d’une décennie dans un contexte de violence terroriste en Afrique de l’Ouest, l’IPS a longtemps alerté sur la propagation de cette menace. Toutefois, Cheikh Tidiane Gadio déplore que ces mises en garde n’aient pas été prises en compte avant que les attaques ne se généralisent et ne gagnent le centre du continent. L’ancien ministre des Affaires étrangères attribue cette situation au manque de leadership des dirigeants de la région, qui n’ont pas su anticiper la gravité de la menace terroriste.
L’implosion de la CEDEAO et ses conséquences
En marge de cette conférence, Cheikh Tidiane Gadio a accordé une interview à SenePlus TV où il est revenu sur les crises institutionnelles qui ont secoué le Burkina Faso, le Mali et le Niger. La décision de ces trois pays de quitter la CEDEAO pour créer un ensemble parallèle est, selon lui, une erreur stratégique. Bien qu’il reconnaisse les manquements de l’organisation sous-régionale dans l’accompagnement de ces nations face à l’insécurité, il regrette cette scission qui affaiblit la coopération et la réponse collective face au terrorisme.
Une approche globale nécessaire pour contrer la menace
Selon Cheikh Tidiane Gadio, lutter contre le terrorisme par des plans nationaux distincts est une approche inefficace. Il plaide pour une stratégie commune et une solidarité régionale renforcée, car la menace est transfrontalière et exige une riposte coordonnée. Il rappelle qu’aux premières heures du conflit, des pays comme le Sénégal et le Tchad avaient envoyé des troupes pour soutenir le Mali, mais ces forces étaient conçues pour le maintien de l’ordre alors que la situation exigeait un combat direct contre des groupes armés suréquipés.
Une menace qui s’étend au reste du continent
Le terrorisme, initialement concentré en Afrique de l’Ouest, s’est progressivement étendu à d’autres régions du continent. Il touche désormais l’Afrique centrale, notamment au Mozambique et en République démocratique du Congo, tandis que l’Afrique orientale reste sous la menace des Al-Shebab, très actifs en Somalie et parfois au Kenya.
En conclusion, Cheikh Tidiane Gadio appelle les dirigeants africains à une prise de conscience urgente et à une coopération plus efficace pour freiner cette menace grandissante. Selon lui, seule une approche collective et un leadership fort permettront de juguler le péril terroriste et de préserver la stabilité du continent.