Le mardi 15 avril 2025, le député Guy Marius Sagna a officiellement déposé une proposition de mise en accusation de l’ancien président Macky Sall pour haute trahison, à l’Assemblée nationale du Sénégal. Ce geste fort, aux implications historiques, s’inscrit dans le contexte explosif des révélations récentes sur la gestion opaque des finances publiques entre 2019 et 2024.
7 milliards de dollars de dette publique dissimulée
La base de cette procédure repose sur les conclusions d’audits de la Cour des comptes, qui révèlent l’existence de plus de 7 milliards de dollars de dette contractée hors des circuits budgétaires officiels durant le second mandat de Macky Sall. Cette dette “cachée” aurait gravement compromis :
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La transparence des finances publiques,
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L’endettement réel du pays,
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Et la sincérité budgétaire exigée par la Constitution.
Le déficit budgétaire réel du Sénégal pour 2023 aurait ainsi dépassé les 12 % du PIB, contre 4,9 % officiellement annoncés à l’époque.
La procédure en marche : haute trahison en ligne de mire
Conformément à l’article 101 de la Constitution, la mise en accusation d’un ancien chef d’État pour haute trahison suppose :
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Une proposition formelle portée par un député,
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Un vote par 3/5 des membres de l’Assemblée nationale,
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Un renvoi devant la Haute Cour de justice, compétente pour juger les actes des anciens présidents dans l’exercice de leurs fonctions.
Les accusations visent une violation grave de la Constitution, une altération du principe de sincérité budgétaire, et une mise en péril de la souveraineté économique du pays.
Un précédent sans équivalent dans l’histoire sénégalaise
Si la procédure allait à son terme, il s’agirait de la première mise en accusation d’un président sénégalais depuis l’indépendance. Ce moment pourrait devenir un tournant historique pour la justice institutionnelle et la lutte contre l’impunité au sommet de l’État.
« L’heure n’est pas à la vengeance politique, mais à la justice et à la vérité », a déclaré Guy Marius Sagna.
Réactions partagées et enjeu démocratique
Cette démarche a provoqué de vives réactions :
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Les partisans du gouvernement parlent de réparation institutionnelle nécessaire ;
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L’opposition dénonce une instrumentalisation politique de la justice ;
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La société civile appelle à une procédure exemplaire, juridiquement fondée et politiquement responsable.
Un test démocratique d’envergure
La proposition de mise en accusation de Macky Sall interroge la relation entre pouvoir et responsabilité, vérité et mémoire institutionnelle, justice et stabilité politique.
Le Sénégal est aujourd’hui à un carrefour : faire de cette affaire un exercice de rigueur républicaine, ou un précédent à double tranchant. Le peuple, lui, observe. L’histoire jugera.