La jeunesse représente plus de 70 % de la population guinéenne, faisant d’elle une force démographique considérable, mais aussi un enjeu central du développement socioéconomique du pays. Confrontée à des défis multiples – chômage, précarité, manque de perspectives – une frange importante de cette jeunesse se tourne soit vers l’exode, soit vers des initiatives entrepreneuriales pour bâtir un avenir différent.
L’emploi, un défi structurel majeur
Le chômage des jeunes demeure l’un des problèmes les plus préoccupants en Guinée. Malgré un dynamisme apparent du secteur informel, le marché du travail formel reste très étroit, et les opportunités d’emploi qualifié sont rares, notamment pour les diplômés.
Les causes sont multiples :
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Inadéquation entre la formation et les besoins du marché ;
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Faible industrialisation du pays ;
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Manque de mécanismes d’accompagnement vers l’emploi ;
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Concentration de l’économie sur des secteurs peu porteurs d’emplois durables.
Conséquence : une jeunesse en quête de sens et de solutions, oscillant entre attente, débrouillardise et initiatives individuelles.
Migration : entre rêve d’ailleurs et fuite de talents
Le désespoir économique pousse de nombreux jeunes à envisager l’émigration, souvent au péril de leur vie. L’Europe, perçue comme un eldorado, devient une destination obsessionnelle pour des milliers de jeunes guinéens.
Selon les chiffres de l’OIM, la Guinée figure régulièrement parmi les pays d’origine des migrants irréguliers en Méditerranée. Ce phénomène pose plusieurs défis :
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Perte de capital humain (fuite des compétences),
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Fragilisation des structures familiales,
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Renforcement des réseaux migratoires illégaux.
Face à cela, les programmes de retour volontaire et de réinsertion ont montré leurs limites, d’où la nécessité de créer des alternatives crédibles sur place.
L’entrepreneuriat : une voie d’espoir, mais pas sans obstacles
En réaction au manque d’emplois stables, l’entrepreneuriat devient une option de plus en plus explorée par les jeunes Guinéens. De nombreux projets voient le jour dans l’agroalimentaire, les technologies, l’artisanat ou encore les services.
Mais les défis sont là :
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Manque de financement,
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Faiblesse de l’accompagnement (coaching, incubation),
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Accès difficile aux marchés et à la commande publique,
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Faible culture entrepreneuriale dans le système éducatif.
Des initiatives comme celles de l’ANIES, de l’APIP, ou les fonds d’appui à l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes sont à saluer, mais leur portée reste encore limitée à l’échelle du pays.
Une jeunesse résiliente mais en attente de politique audacieuse
Face à ces réalités, il devient urgent de :
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Renforcer les dispositifs de formation technique et professionnelle adaptés aux besoins du marché ;
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Stimuler l’investissement privé pour créer des emplois locaux ;
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Valoriser les initiatives des jeunes par des incitations fiscales et des partenariats publics-privés ;
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Créer des espaces d’expression, d’innovation et de participation citoyenne.
La jeunesse guinéenne ne manque ni de talents, ni de volonté. Elle veut croire en l’avenir dans son pays. Encore faut-il que les politiques publiques traduisent cette ambition en actions concrètes, inclusives et à fort impact. Car une Guinée forte demain dépendra de la place et de la confiance qu’elle accorde aujourd’hui à sa jeunesse.