Flag of the African Union.svg

Union Africaine : L’Algérie Devance le Maroc et Remporte la Vice-Présidence de la Commission

Lors du 38ᵉ sommet de l’Union africaine (UA) tenu à Addis-Abeba, l’Algérie a remporté la vice-présidence de la Commission de l’UA, surpassant le Maroc dans une compétition diplomatique intense. Cette victoire marque un tournant stratégique pour Alger, qui renforce ainsi son influence au sein des instances panafricaines.

Une Élection Sous Haute Tension

Le poste de vice-président de la Commission de l’UA, attribué cette année à l’Afrique du Nord, devait être occupé par une femme, conformément à la politique de parité de l’organisation. Deux candidates étaient en lice :

Selma Malika Haddadi (Algérie), ambassadrice en Éthiopie et représentante permanente auprès de l’UA.

Latifa Akharbach (Maroc), présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle du Maroc.

Ce scrutin, hautement stratégique, a reflété les tensions diplomatiques persistantes entre Alger et Rabat, deux puissances régionales rivales sur de nombreux dossiers africains et internationaux.

Une Victoire Stratégique pour Alger

L’élection de Selma Malika Haddadi à la vice-présidence de la Commission de l’UA est une consécration pour la diplomatie algérienne, qui a mené une campagne active en faveur de sa candidate. Son expérience en tant que diplomate en poste en Éthiopie, pays hôte de l’UA, a été un atout majeur.

Cette victoire offre à l’Algérie un levier important dans la gestion des affaires de l’organisation, notamment en ce qui concerne les finances et les ressources humaines. Elle lui permet également d’affirmer son rôle en tant qu’acteur clé dans les affaires africaines.

Le Maroc en quête d’influence

De son côté, le Maroc, qui a multiplié les initiatives diplomatiques ces dernières années pour asseoir sa présence au sein des instances africaines, subit un revers. Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, avait mené une campagne diplomatique active pour soutenir la candidature de Latifa Akharbach, mais cela n’a pas suffi.

Rabat, qui avait réintégré l’UA en 2017 après 33 ans d’absence, cherche à renforcer son ancrage institutionnel sur le continent. Cette élection manquée démontre que la bataille pour l’influence au sein de l’Union africaine reste âpre et que l’Algérie conserve un avantage diplomatique dans certaines sphères.

Implications et Perspectives

L’élection de Selma Malika Haddadi pourrait avoir des implications majeures pour la gouvernance de l’UA et les rapports de force en Afrique du Nord. Parmi les enjeux clés à venir :

Une gestion stratégique des ressources : La vice-présidence supervise notamment les finances et la gestion administrative de l’UA, des leviers cruciaux pour influencer les décisions de l’organisation.

L’orientation des politiques africaines : L’Algérie pourrait jouer un rôle plus actif dans les décisions stratégiques de l’UA, notamment sur les questions de sécurité, d’intégration régionale et de développement économique.

Les relations avec le Maroc : Cette élection renforce la rivalité entre Alger et Rabat, dans un contexte où les tensions restent vives, notamment sur le dossier du Sahara occidental.

Avec cette victoire, l’Algérie affirme son ambition de peser davantage sur l’échiquier africain. Reste à voir comment cette nouvelle dynamique influencera les décisions futures de l’UA et les relations entre les États membres.

L’élection de l’Algérienne Selma Malika Haddadi à la vice-présidence de la Commission de l’UA est une victoire diplomatique majeure pour Alger et un revers pour Rabat. Cet épisode illustre la lutte d’influence entre les deux nations au sein des instances africaines et marque une étape importante dans l’évolution des rapports de force au sein de l’Union africaine.

Raila Odinga

3 candidats, 3 visions : Qui pour prendre la tête de la Commission de l’Union Africaine ?

À l’occasion du sommet annuel de l’Union africaine (UA) qui se tiendra ce week-end à Addis-Abeba, trois figures politiques de l’Afrique de l’Est briguent la présidence de la Commission de l’UA, en remplacement du Tchadien Moussa Faki Mahamat. En pleine crise géopolitique, avec des tensions régionales croissantes, ce poste devient crucial pour l’avenir de l’organisation. Ces trois candidats présentent des profils distincts, chacun apportant un savoir-faire particulier à un continent en quête de stabilité, de croissance et de solutions aux défis qui le traversent.

Raila Odinga : Un poids lourd de la politique, mais un défi générationnel ?

Raila Odinga, le vétéran de la politique kényane, est l’un des prétendants les plus médiatisés à la tête de la Commission de l’UA. À 80 ans, cet opposant historique du régime kényan bénéficie d’une large reconnaissance à l’échelle africaine, appuyée par le soutien de plusieurs chefs d’État, y compris celui de son pays, William Ruto. Son parcours, marqué par un engagement fort pour la démocratie et les droits humains, a fait de lui une figure emblématique de la résistance face à l’autorité en Afrique de l’Est.

Fort de son expérience, Odinga incarne une vision politique pragmatique, capable de mobiliser à la fois les acteurs de la société civile et les pouvoirs politiques. Cependant, son âge, à un moment où le continent mise de plus en plus sur une jeunesse dynamique, pourrait être perçu comme un handicap. En outre, bien que sa vision de l’intégration continentale soit claire, des doutes persistent quant à sa capacité à imposer des réformes radicales à l’UA. Cela dit, son expérience diplomatique pourrait s’avérer un atout pour la gestion des conflits régionaux, notamment en RDC, au Sahel ou encore dans la Corne de l’Afrique, des zones en proie à des crises prolongées.

Mahamoud Ali Youssouf : Le diplomate équilibriste et pragmatique

Loin du tumulte politique, Mahamoud Ali Youssouf se positionne comme un technocrate aguerri, fort d’une longue expérience en tant que ministre des Affaires étrangères de Djibouti depuis 2005. À 59 ans, il incarne la stabilité et le pragmatisme, et son approche plus discrète contraste avec celle de Raila Odinga. Polyglotte (français, anglais, arabe), Youssouf s’est forgé un profil de médiateur, notamment dans des situations de crise. Sa campagne met l’accent sur la gouvernance, la paix et la stabilité, à un moment où la question des coups d’État et des transitions démocratiques sur le continent se pose avec acuité.

Son principal atout réside dans sa capacité à rassembler des pays aux intérêts divergents et à œuvrer en coulisses pour la diplomatie internationale. Si l’Afrique cherche un leader capable de jouer le rôle de modérateur et d’équilibriste au sein de l’UA, Youssouf pourrait être un choix logique. Toutefois, son manque de visibilité à l’international par rapport à d’autres figures politiques pourrait constituer un obstacle à sa légitimité au sein d’une organisation aussi stratégique.

Richard Randriamandrato : Le technocrate réformiste aux ambitions discrètes

Richard Randriamandrato, ancien ministre des Affaires étrangères de Madagascar, propose une approche plus centrée sur les réformes internes et la gestion technique de l’UA. Bien que sa candidature ait été déposée à la dernière minute, ce technocrate malgache de 55 ans a su se positionner comme un acteur clé dans la gestion des affaires publiques. Sa démarche se distingue par une volonté de transformer les processus internes de l’UA, en particulier dans la gestion des crises et des relations internationales.

Son éviction du gouvernement malgache après son vote à l’ONU contre les annexions russes en Ukraine témoigne de son indépendance d’esprit. Randriamandrato se veut un réformateur pragmatique, capable de renforcer les structures de gouvernance de l’UA tout en favorisant une approche plus technique, loin des grands discours politiques. Cependant, il lui manque encore une base de soutien politique large, tant au niveau national qu’international. Son principal défi sera de convaincre les États membres de l’UA de son potentiel en tant que leader capable d’impulser une transformation en profondeur de l’organisation.

Regard croisé sur les trois profils : Quel candidat pour quel avenir ?

Chacun des trois candidats présente des atouts indéniables, mais aussi des défis spécifiques. Raila Odinga, avec son charisme et son expérience politique, pourrait mobiliser un large soutien, mais son âge et ses échecs précédents dans la conquête de la présidence kényane soulèvent des questions sur sa capacité à insuffler une dynamique de changement au sein de l’UA. Mahamoud Ali Youssouf, avec son approche diplomatique et son expérience de négociateur, pourrait incarner la stabilité et la modération, mais son faible profil international pourrait limiter son influence au-delà du continent. Enfin, Richard Randriamandrato, bien que moins médiatisé, pourrait apporter un souffle réformateur nécessaire à l’UA, mais son manque de soutien et sa campagne discrète sont des handicaps dans la course.

Dans un contexte où l’Union africaine est confrontée à des crises politiques internes, des tensions géopolitiques croissantes et un besoin urgent de réformes, le choix de son prochain président sera déterminant. Chaque candidat propose une vision différente : un politique expérimenté, un diplomate de l’ombre ou un technocrate réformiste. L’enjeu est de savoir quel type de leadership l’Afrique souhaite incarner pour les années à venir.