Burkina Faso

Clarification politique du capitaine Ibrahim Traoré : le Burkina Faso en révolution, non en démocratie

Lors de la cérémonie de montée des couleurs, tenue le 1er avril 2025 à Ouagadougou, le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, a apporté une clarification politique majeure sur la nature du régime actuel du Burkina Faso. Dans un discours sans ambiguïté, il a déclaré que le pays n’était pas en démocratie mais dans une phase de « révolution populaire progressiste ».

Une rupture assumée avec le modèle démocratique occidental

Le capitaine Traoré a justifié cette position par la nécessité de reconstruire le Burkina Faso sur des bases nouvelles, rompant avec un système démocratique qu’il juge inefficace et inadapté aux réalités nationales. Il a affirmé que la démocratie à l’occidentale avait échoué à résoudre les problèmes fondamentaux du pays, notamment l’insécurité, la pauvreté et le sous-développement.

Dans cette optique, la révolution prônée par le régime en place se veut une transformation en profondeur de l’organisation sociale, politique et économique du pays, avec une participation active des populations à la base, loin des schémas électoraux classiques.

Un processus de transformation sociale et politique

Le président de la transition a appelé les Burkinabè à s’approprier cette révolution en cours, qui vise, selon lui, à rétablir la souveraineté du peuple, l’autonomie de décision et la justice sociale. Cette révolution s’appuie sur plusieurs axes :

  • La lutte contre le terrorisme par une mobilisation populaire et militaire accrue,
  • La réforme des institutions de l’État,
  • La valorisation des ressources nationales,
  • La promotion d’une gouvernance endogène et communautaire.

Un discours clivant mais assumé

Cette clarification politique intervient dans un contexte où le Burkina Faso a pris ses distances avec plusieurs organisations internationales, notamment la CEDEAO, l’OIF et certains partenaires occidentaux. Elle marque la volonté de construire un nouveau paradigme politique, fondé sur les intérêts nationaux et la réappropriation de la souveraineté populaire.

Toutefois, cette démarche suscite aussi des interrogations et des critiques, tant sur le plan interne qu’externe. L’absence d’élections, les restrictions sur les libertés publiques et la place de l’opposition politique inquiètent certains observateurs. Mais pour le capitaine Traoré, il s’agit d’une phase transitoire nécessaire pour rebâtir le pays sur des bases solides.

La déclaration du capitaine Ibrahim Traoré selon laquelle le Burkina Faso est en révolution, et non en démocratie, clarifie la trajectoire idéologique du régime actuel. Ce choix politique assumé pose les fondations d’une nouvelle architecture institutionnelle et sociétale, mais appelle à une vigilance constante pour que cette révolution ne se fasse pas au détriment des libertés fondamentales et des aspirations du peuple burkinabè.

Burkina Faso

Le Burkina Faso mise sur la transformation locale de l’or pour renforcer sa souveraineté économique

Le Burkina Faso franchit un cap décisif dans la gestion de ses ressources minières en instaurant un nouveau paradigme économique et industriel. Le président Ibrahim Traoré a récemment annoncé que l’or burkinabé ne serait plus systématiquement exporté à l’étranger pour y être raffiné, mais qu’il serait transformé sur place avant d’être vendu comme produit fini. Une partie de cette ressource stratégique servira également à sauvegarder la monnaie nationale. Cette mesure s’inscrit dans une dynamique de renforcement de la souveraineté économique du pays et de lutte contre la dépendance aux marchés internationaux.

Une industrialisation de l’or pour une économie plus robuste

Jusqu’à présent, la majorité de l’or extrait au Burkina Faso était exportée vers des raffineries étrangères, privant ainsi le pays d’une valeur ajoutée essentielle dans la chaîne de transformation du métal précieux. Avec la construction de la première raffinerie d’or nationale, le gouvernement burkinabé ambitionne de capter cette valeur localement. Ce projet stratégique permettra au pays de :

  • Réduire sa dépendance aux infrastructures étrangères pour le raffinage de l’or.
  • Créer de nouveaux emplois directs et indirects dans le secteur industriel et artisanal.
  • Générer plus de revenus fiscaux grâce à une meilleure maîtrise de la production et de la vente de l’or.

La raffinerie, qui devrait produire environ 400 kilogrammes d’or par jour, sera un levier économique majeur. Elle permettra d’offrir un or burkinabé standardisé, prêt à l’exportation et à la vente sur les marchés internationaux sous une marque nationale.

Un levier pour la stabilité monétaire et financière

L’un des aspects les plus novateurs de cette réforme est l’utilisation d’une partie de l’or du pays pour garantir et renforcer la monnaie nationale. Cette initiative s’inspire des modèles économiques où les réserves d’or servent de garantie à la stabilité monétaire, réduisant ainsi la vulnérabilité aux fluctuations du marché international des devises.

En s’appuyant sur une réserve d’or tangible, le Burkina Faso peut envisager plusieurs stratégies :

  • Renforcement des réserves monétaires : En adossant la monnaie nationale à l’or, le pays pourrait améliorer la confiance des investisseurs et stabiliser son économie.
  • Réduction de la dépendance au franc CFA : Cette mesure s’inscrit dans une volonté plus large de redéfinir la souveraineté monétaire du pays.
  • Protection contre l’inflation et la dévaluation : L’or étant une valeur refuge, son intégration dans les réserves de l’État peut contribuer à atténuer les chocs économiques.

Une décision stratégique face aux enjeux géopolitiques et économiques

Dans un contexte international marqué par une forte volatilité des marchés et une pression croissante sur les économies africaines, la décision du gouvernement burkinabé s’aligne sur une tendance de plus en plus affirmée en Afrique : reprendre le contrôle des ressources naturelles pour financer le développement local.

Le président Ibrahim Traoré et son gouvernement affirment ainsi leur volonté de rompre avec une économie de rente où les matières premières sont extraites sans que le pays ne bénéficie pleinement de leur exploitation. Cette politique s’inscrit dans un mouvement plus large de valorisation des ressources naturelles africaines au profit des populations locales.

En suspendant l’émission de permis d’exportation pour l’or artisanal et en nationalisant progressivement certaines opérations minières, le Burkina Faso cherche à endiguer la fuite des capitaux et à contrôler davantage les circuits financiers liés à l’or. L’objectif final est d’assurer une redistribution plus équitable des richesses minières et de garantir un développement économique durable.

Les défis à relever pour la réussite du projet

Malgré ces avancées, plusieurs défis devront être surmontés pour assurer le succès de cette politique ambitieuse :

  1. Capacité industrielle et technologique : La mise en place d’une raffinerie d’or nécessite un transfert de compétences et des investissements considérables dans les infrastructures.
  2. Régulation et contrôle du marché : Le commerce illégal de l’or représente une menace pour l’efficacité de cette réforme. Des mesures strictes devront être mises en place pour encadrer la production et la distribution.
  3. Adhésion des acteurs du secteur : Les compagnies minières, les orpailleurs artisanaux et les investisseurs devront être impliqués dans ce processus de transformation.
  4. Intégration aux marchés internationaux : La certification et la reconnaissance de l’or burkinabé sur les marchés mondiaux seront essentielles pour assurer la compétitivité du produit.

La décision du Burkina Faso de transformer localement son or et d’en utiliser une partie pour renforcer sa monnaie nationale marque un tournant historique dans la gestion des ressources naturelles du pays. En capitalisant sur la valeur ajoutée de son industrie minière, le pays pose les bases d’un modèle économique plus résilient et plus souverain. Cette initiative pourrait inspirer d’autres nations africaines désireuses de mieux maîtriser leurs richesses et d’assurer un développement économique durable au profit de leurs populations.

Burkina : Déby et Traoré

Burkina : les présidents Déby et Traoré renforcent les liens entre le Tchad et le Burkina Faso

Le 23 février 2025, le président tchadien, Mahamat Idriss Déby Itno, a rencontré le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition du Burkina Faso, à Ouagadougou. Cette rencontre s’est déroulée en marge de la 29ᵉ édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), où le Tchad est l’invité d’honneur.

Les deux chefs d’État ont profité de cette occasion pour renforcer les relations bilatérales entre leurs pays et discuter de questions régionales d’intérêt commun, notamment la sécurité et la coopération économique. Le Burkina Faso et le Tchad, confrontés à des défis sécuritaires similaires liés au terrorisme dans la région du Sahel, ont exprimé leur volonté de coordonner davantage leurs efforts pour lutter contre cette menace.

La présence du président Déby au FESPACO souligne également l’importance de la culture comme vecteur de rapprochement entre les nations africaines. Le choix du Tchad en tant qu’invité d’honneur témoigne des liens culturels et historiques forts entre les deux pays. Cette collaboration culturelle est perçue comme un moyen de promouvoir la paix et la stabilité dans la région, en renforçant les échanges et la compréhension mutuelle entre les peuples.

Cette rencontre entre les présidents Déby et Traoré marque une étape importante dans le renforcement des relations entre le Tchad et le Burkina Faso, illustrant une volonté commune de coopérer étroitement face aux défis régionaux et de promouvoir ensemble la richesse culturelle du continent africain.