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Guinée : Le projet Simandou renforce sa démarche environnementale avec 8 études d’impact en cours

Le développement du projet minier de Simandou, l’un des plus grands gisements de fer inexploités au monde, franchit une nouvelle étape clé. Selon les autorités guinéennes, huit études d’impact environnemental et social (EIES) sont actuellement en cours pour évaluer de manière approfondie les effets du projet sur l’écosystème et les communautés locales.

Un projet minier d’envergure, sous haute surveillance environnementale

Le projet Simandou, qui implique notamment la construction d’une voie ferrée de plus de 600 km, d’un port en eau profonde et de vastes infrastructures minières, a toujours été entouré de préoccupations environnementales majeures.

Face à l’ampleur du chantier, le ministère de l’Environnement et du Développement Durable a initié plusieurs études couvrant :

  • L’impact sur la biodiversité terrestre et marine,

  • La qualité de l’air et des eaux,

  • L’érosion des sols et la déforestation,

  • Les effets sur les habitats naturels et les espèces protégées,

  • L’impact socio-économique sur les communautés riveraines.

Objectifs des études d’impact

Ces études visent à :

  • Identifier les risques environnementaux et sociaux avant le démarrage des travaux lourds,

  • Proposer des plans d’atténuation, de compensation et de suivi,

  • S’assurer du respect des standards internationaux (comme ceux de la Banque Mondiale, de l’IFC ou de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives – ITIE),

  • Garantir une exploitation minière responsable et durable sur le long terme.

Une volonté politique de concilier développement et écologie

La Ministre de l’Environnement a réaffirmé que la Guinée souhaite faire du Simandou un modèle africain d’exploitation minière durable.

Le gouvernement entend :

  • Associer les communautés locales aux décisions,

  • Renforcer les capacités de suivi environnemental,

  • Exiger des opérateurs miniers un engagement ferme en matière de responsabilité sociétale (RSE).

Le projet Simandou, longtemps attendu comme un levier économique majeur pour la Guinée, veut désormais aussi devenir un exemple de développement minier respectueux de l’environnement.

La conduite rigoureuse de ces huit études d’impact est une étape indispensable pour assurer un équilibre entre croissance économique, protection des écosystèmes et bien-être des populations locales.

Mine Guinee

Guinée : Cap sur la transformation locale des ressources minières

La Guinée, l’un des pays les plus riches d’Afrique en ressources naturelles, franchit un tournant décisif dans sa politique minière. Le gouvernement guinéen impose désormais l’obligation de transformation locale des minerais extraits, marquant une nouvelle ère dans la gestion des ressources nationales. Cette décision stratégique vise à stimuler l’industrialisation, créer de l’emploi local et accroître les revenus de l’État.

Une rupture avec l’exportation brute

Depuis des décennies, la Guinée exporte l’essentiel de ses ressources – bauxite, or, fer, diamant – à l’état brut, générant peu de retombées industrielles sur son sol. En exigeant la construction de raffineries, d’usines d’alumine ou de traitement d’or, l’État guinéen entend désormais retenir la valeur ajoutée dans le pays.

« Il n’est plus acceptable que la Guinée se contente d’être une source de matières premières pour les industries étrangères », a déclaré un haut responsable du ministère des Mines.

Vers une économie plus intégrée

Les sociétés minières actives sur le territoire devront désormais inclure dans leurs plans :

  • La mise en place d’unités de transformation locale (raffineries, fonderies),

  • Le transfert de technologies,

  • La formation de main-d’œuvre nationale qualifiée,

  • La contribution à des zones industrielles intégrées autour des sites miniers.

Cette transformation permettra de structurer une véritable chaîne de valeur minière et de relier le secteur extractif aux autres composantes de l’économie (transport, énergie, formation technique, industrie locale).

Un levier pour l’emploi et la souveraineté économique

Cette stratégie est également pensée comme une réponse au chômage des jeunes et à la faible insertion locale dans les projets miniers. La transformation sur place ouvrira des perspectives dans :

  • La mécanique industrielle,

  • La logistique et maintenance,

  • Les métiers de laboratoire et de certification,

  • Le développement d’entreprises sous-traitantes locales.

Elle participe aussi à la souveraineté économique du pays, en réduisant sa dépendance aux marchés extérieurs pour les produits finis.

Conclusion

Avec cette orientation audacieuse vers la transformation locale des ressources minières, la Guinée affiche sa volonté de reprendre la maîtrise de son destin économique. Si les investissements suivent, et si les partenariats publics-privés sont bien encadrés, cette politique pourrait changer durablement le visage industriel et social du pays.

mine dor de Kiaka

Barrick Gold au Mali : Entre croissance des réserves et tensions politiques, l’avenir incertain de Loulo-Gounkoto

Barrick Gold, géant minier canadien, renforce sa présence en Afrique avec cinq mines d’or clés, dont le complexe malien Loulo-Gounkoto, au cœur d’un litige croissant avec les autorités de Bamako. Alors que la production africaine de Barrick a atteint 1,5 million d’onces en 2023, dont 36 % provenaient de Loulo-Gounkoto, les réserves du groupe dans la région Afrique et Moyen-Orient ont continué de croître, passant de 17,69 millions d’onces en 2022 à 19 millions en 2024 11. Cette augmentation repose en grande partie sur l’extension des gisements à haute teneur de Yalea, un puits souterrain du complexe malien, dont les réserves sont passées de 6,7 à 7,3 millions d’onces entre 2022 et 2024, avec une teneur en or améliorée à 4 g/t 11.

Un actif stratégique sous pression politique

Le Mali, qui abrite plus d’un tiers des réserves africaines de Barrick, est désormais le théâtre d’un bras de fer entre le gouvernement et la multinationale. Depuis 2023, Bamako exige une révision des termes du partenariat, réclamant une augmentation de sa participation dans Loulo-Gounkoto de 20 % à 30 %, conformément au nouveau code minier adopté en 2023 11. Le ministre malien des Finances, Alousséni Sanou, a menacé de ne pas renouveler le permis d’exploitation de la mine, qui expire en 2026, si Barrick refuse d’appliquer ces modifications 11.

Cette tension s’est exacerbée en janvier 2025 lorsque les autorités maliennes ont saisi près de 3 tonnes d’or (évaluées à 245 millions de dollars) sur le site de Loulo-Gounkoto, invoquant des arriérés fiscaux présumés de 5,5 milliards de dollars – un montant faramineux que Barrick conteste vigoureusement 814. En réponse, la société a suspendu ses opérations dans le pays, une décision qui pourrait réduire ses bénéfices de 11 % en 2025 selon les analystes.

Négociations tendues et enjeux régionaux

Les pourparlers, repris fin janvier 2025 après des semaines de blocage, visent à résoudre ce conflit qui s’inscrit dans une tendance régionale : les gouvernements ouest-africains, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger, renégocient activement les contrats miniers pour accroître leurs revenus, profitant des prix élevés de l’or 8. Barrick, qui nie toute dette fiscale, affirme avoir versé 85 millions de dollars en octobre 2024 dans le cadre des négociations et plaide pour un règlement amiable.

Cyril Mutombo, directeur pays de Barrick en RDC, présent à Mining Indaba 2025, a réaffirmé les efforts de la compagnie pour « progresser vers une résolution » tout en soulignant l’importance de la paix pour les investissements miniers 11. Mark Bristow, PDG de Barrick, a rappelé que le groupe collabore avec le Mali depuis 30 ans et que les différends passés ont toujours été résolus par le dialogue 4.

Implications économiques et perspectives d’avenir

La situation reste fragile. L’application du nouveau code minier malien réduirait la participation de Barrick dans Loulo-Gounkoto à 75 %, avec 5 % supplémentaires réservés aux investisseurs locaux 11. Cette restructuration pourrait affecter les réserves déclarées par la société, actuellement calculées sur une base de 80 % de participation 11. Par ailleurs, la suspension des exportations d’or depuis novembre 2024 et l’insécurité persistante dans l’Est du pays ajoutent une pression supplémentaire sur les opérations.

Malgré ces défis, Loulo-Gounkoto reste un pilier de l’économie malienne, ayant contribué à hauteur de 278 milliards de FCFA (433 millions de dollars) à l’État en 2023. Sa fermeture prolongée menacerait non seulement les finances publiques, mais aussi des milliers d’emplois locaux.

Un équilibre à trouver entre souveraineté et partenariat

Alors que Barrick mise sur l’automatisation et les énergies vertes pour moderniser Kibali (RDC), son avenir au Mali dépendra de sa capacité à concilier les exigences de Bamako avec la viabilité de ses investissements. La résolution de ce conflit sera un test clé pour les relations entre les multinationales minières et les États africains, dans un contexte où la quête de souveraineté économique s’intensifie. Comme l’a déclaré Mark Bristow, « c’est dans la paix que nous partageons les richesses » – un mantra qui devra guider les deux parties pour éviter un effritement mutuellement dommageable 11.

Simandou

La Guinée vise 120 millions de tonnes de minerai de fer produites à Simandou en 2027

Le gouvernement guinéen presse les différents acteurs impliqués dans le projet Simandou pour que les premières tonnes de minerai de fer soient extraites d’ici fin 2025. Cela permettrait d’atteindre la production maximale du gisement dans les deux années suivantes.

Les deux mines de fer prévues sur les quatre blocs du gisement Simandou en Guinée peuvent livrer respectivement 60 millions de tonnes de minerai de fer dès la deuxième année d’exploitation. Avec une entrée en production du gisement prévue fin 2025, Simandou devrait donc produire jusqu’à 120 millions de tonnes de minerai en 2027, selon le ministre guinéen des Mines Bouna Sylla.

Interrogé par Bloomberg en marge de la conférence Mining Indaba qui s’achève ce jeudi 6 février au Cap (Afrique du Sud), le dirigeant a estimé que le plus grand gisement de minerai de fer inexploité au monde devrait livrer 60 millions de tonnes au cours de la première année, soit 30 millions de tonnes par mine. Il faudra attendre la deuxième année d’exploitation pour que Simandou atteigne sa production maximale, a ajouté M. Sylla.

Le développement de Simandou s’est accéléré depuis 2021 et l’arrivée au pouvoir du militaire Mamadi Doumbouya. Après un coup d’État ayant renversé Alpha Condé, l’actuel président de la Guinée a fait de la mise en service du gisement Simandou, attendue depuis des décennies, une de ses priorités. Les différents acteurs engagés dans ce projet, notamment les entreprises chinoises  China Baowu Steel Group, Winning Consortium Simandou, et l’australien Rio Tinto, devraient investir 15 milliards $ dans les infrastructures portuaires et ferroviaires.

Ces infrastructures comprennent un chemin de fer de plus de 600 km à travers la Guinée pour le transport du minerai vers le port en eau profonde de Morébaya. La Compagnie du Transguinéen (CTG) en charge de l’exploitation du chemin de fer est contrôlée à 15 % par le gouvernement qui a pour ambition d’utiliser l’infrastructure pour désenclaver le pays, en permettant notamment le transport de produits agricoles. Selon le FMI, la mise en service de Simandou en 2025 peut augmenter de 26 % le PIB guinéen d’ici 2030, par rapport à un scénario sans le projet.

La question de la transformation locale du minerai de fer est néanmoins encore peu évoquée en Guinée, là où le gouvernement presse les producteurs de bauxite pour qu’ils construisent des raffineries. Alors que le plus grand sidérurgiste au monde, le chinois Baowu, a déjà noué des accords pour acquérir une partie de la production de Simandou, Conakry est vivement attendu sur ce chantier essentiel pour maximiser les retombées économiques du projet.

 

Agence Ecofin

Mining Indaba

La Guinée à l’Honneur au Forum Mining Indaba 2025

La cérémonie d’ouverture de la Mining Indaba, événement mondial majeur dédié à l’investissement minier, s’est tenue le 3 février à Cape Town, en Afrique du Sud. Cette rencontre réunit chaque année investisseurs, opérateurs et décideurs du secteur pour échanger et conclure des partenariats stratégiques.

Une Délégation de Haut Niveau pour Porter la Vision Simandou 2040

La Guinée, représentée par une délégation gouvernementale de haut niveau conduite par Djiba Diakité, Ministre Directeur de Cabinet de la Présidence et Président du Comité Stratégique de Simandou, a mis en avant sa vision Simandou 2040, impulsée par le Président Mamadi Doumbouya. Accompagnés des Ministres des Mines, Bouna Sylla, et de l’Environnement, Djami Diallo, les représentants guinéens ont souligné l’engagement du pays en faveur d’un développement minier durable.

Des Rencontres Clés pour l’Avenir du Secteur Minier Guinéen

La délégation a participé à des rencontres stratégiques avec des partenaires internationaux, notamment l’OCDE, qui s’intéresse aux politiques publiques guinéennes en matière d’agriculture et d’éducation, ainsi que la Standard Chartered Bank, conseillère financière de Rio Tinto sur le projet Simandou.

Une réunion marquante a également eu lieu avec Birame Souleye Diop, Ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines du Sénégal, pour discuter de la mise en œuvre du Centre Africain de Développement Minier.

Par ailleurs, les discussions avec ADQ ont mis en lumière leur volonté d’investir dans l’exploitation d’une nouvelle mine en Guinée et d’explorer les opportunités offertes par les minéraux énergétiques, notamment le lithium et l’uranium.

Une Présence Stratégique et une Volonté d’Accélération

Les représentants guinéens ont visité les stands des partenaires industriels du pays, notamment Winning Consortium Simandou (WCS), Baowu, Rio Tinto et SMB, renforçant ainsi les liens avec les acteurs majeurs du secteur. L’événement a permis d’affirmer la place centrale de la Guinée sur la scène minière africaine et mondiale.

Avec cette participation active, la Guinée confirme sa volonté d’attirer des investissements, d’accélérer l’exploitation responsable de ses ressources et de jouer un rôle clé dans l’essor du secteur minier africain. Le Forum Mining Indaba 2025 s’annonce déjà comme une opportunité majeure pour approfondir ces engagements et concrétiser de nouveaux partenariats.