Le Burkina Faso annonce son retrait de lOrganisation internationale de la Francophonie

Le Burkina Faso annonce son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie : Un tournant stratégique

Le Burkina Faso a officialisé son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) le 17 mars 2025. Cette décision, qui marque un tournant diplomatique majeur, s’inscrit dans une volonté plus large du pays de redéfinir ses alliances internationales et d’affirmer sa souveraineté. Ce retrait intervient après la suspension du Burkina Faso par l’OIF en février 2022, à la suite du coup d’État militaire qui a renversé le gouvernement en place.

Un divorce annoncé avec la Francophonie

Le Burkina Faso faisait partie des 91 États et gouvernements membres de l’OIF, organisation créée en 1970 et dont la mission est de promouvoir la langue française, la diversité culturelle et linguistique, ainsi que les valeurs démocratiques. Toutefois, ces dernières années, plusieurs tensions ont émergé entre le pays et certaines institutions internationales, notamment en raison des sanctions imposées après les changements politiques survenus dans le pays.

La suspension du Burkina Faso par l’OIF en 2022, bien que symbolique, avait déjà marqué une distanciation progressive. Le retrait officiel, annoncé en mars 2025, s’inscrit ainsi dans une dynamique plus large d’émancipation vis-à-vis des structures multilatérales perçues comme influencées par les anciennes puissances coloniales.

Une volonté affirmée de souveraineté

Ce retrait de l’OIF s’inscrit dans un contexte plus large de repositionnement géopolitique du Burkina Faso. Le pays avait déjà annoncé, aux côtés du Mali et du Niger, son départ de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en janvier 2024, décision devenue effective début 2025. Ces trois pays, désormais réunis sous l’Alliance des États du Sahel (AES), cherchent à renforcer leur autonomie en matière de politique régionale et économique.

Le président Ibrahim Traoré a justifié cette démarche par la nécessité de privilégier des partenariats plus en phase avec les intérêts stratégiques du Burkina Faso. Il a notamment mis en avant la volonté du pays de diversifier ses relations internationales et de se détacher des influences occidentales, particulièrement celles de la France, qui reste historiquement liée à l’OIF.

Conséquences et perspectives

Le retrait du Burkina Faso de l’OIF pourrait avoir plusieurs implications :

  • Sur le plan diplomatique, cette décision illustre une volonté claire de rupture avec certaines institutions occidentales. Elle pourrait inciter d’autres États africains à reconsidérer leur engagement au sein de la Francophonie.
  • Sur le plan culturel et éducatif, bien que le français demeure la langue officielle du Burkina Faso, la participation du pays aux initiatives éducatives et linguistiques de l’OIF sera remise en question.
  • Sur le plan économique, le Burkina Faso devra renforcer ses relations avec d’autres partenaires régionaux et internationaux pour compenser les éventuelles pertes d’opportunités découlant de ce retrait.

L’OIF, de son côté, voit ainsi son influence s’éroder en Afrique de l’Ouest, une région clé où plusieurs pays, notamment le Mali et le Niger, pourraient être tentés d’adopter une démarche similaire.

Le retrait du Burkina Faso de l’Organisation internationale de la Francophonie s’inscrit dans une dynamique de transformation profonde de sa politique étrangère. Cette décision reflète une volonté de renforcer la souveraineté nationale et de privilégier des alliances stratégiques jugées plus adaptées aux réalités du pays. Si cette rupture avec l’OIF marque une page importante de l’histoire diplomatique du Burkina Faso, elle pose aussi la question de l’avenir des relations entre les pays africains et les organisations internationales influencées par les anciennes puissances coloniales.

OIF

Le Niger se retire de l’Organisation internationale de la Francophonie : une nouvelle rupture avec l’Occident

Le gouvernement du Niger a annoncé, le 17 mars 2025, son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Cette décision, officialisée par une lettre du ministère des Affaires étrangères adressée aux représentations diplomatiques, marque une nouvelle étape dans la politique de rupture engagée par la junte militaire au pouvoir depuis le coup d’État de juillet 2023.

Un retrait en réponse aux sanctions de l’OIF

L’annonce du retrait du Niger de l’OIF s’inscrit dans un contexte de tensions diplomatiques entre Niamey et l’organisation francophone. Après le renversement du président élu Mohamed Bazoum en juillet 2023, l’OIF avait suspendu le Niger de ses instances en décembre de la même année. Cette décision visait à sanctionner l’absence de retour à l’ordre constitutionnel et à faire pression sur la junte pour la libération de l’ancien chef d’État, toujours en détention.

Face à ces mesures, les nouvelles autorités nigériennes avaient déjà suspendu toute coopération avec l’organisation. Le retrait officiel du pays de l’OIF constitue donc une réponse directe à cette exclusion, renforçant la posture souverainiste adoptée par la junte.

Une politique de rupture avec l’influence française

Ce départ de l’OIF s’inscrit dans une dynamique plus large de détachement du Niger vis-à-vis des institutions et influences occidentales, en particulier françaises. Depuis la prise de pouvoir par les militaires, le pays a multiplié les décisions visant à réduire son lien avec la France, ancienne puissance coloniale.

En octobre 2024, plusieurs rues et monuments de Niamey portant des noms français ont été rebaptisés, symbolisant cette volonté de rupture. Par ailleurs, le gouvernement nigérien a exigé et obtenu le départ des forces françaises stationnées sur son territoire.

Dans le cadre de cette reconfiguration géopolitique, le Niger s’est également rapproché de ses voisins sahéliens dirigés par des juntes militaires, le Mali et le Burkina Faso, au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce bloc régional cherche à affirmer son indépendance vis-à-vis des organisations internationales dominées par l’Occident et à renforcer sa coopération avec de nouveaux partenaires comme la Russie et la Turquie.

Quelles conséquences pour la Francophonie au Niger ?

Malgré ce retrait de l’OIF, le français demeure, pour l’instant, la langue officielle du Niger. Cependant, cette décision pourrait remettre en question les programmes de coopération éducative et culturelle financés par l’organisation. L’OIF apporte un soutien aux systèmes éducatifs des pays membres, notamment dans la formation des enseignants et la promotion de la langue française.

En se retirant, le Niger pourrait ainsi voir ses relations avec les autres pays francophones se distendre, ce qui marquerait une nouvelle étape dans la reconfiguration de son positionnement international.

Un tournant historique

Le Niger, membre de l’OIF depuis sa création en 1970, a longtemps été un acteur actif de la Francophonie institutionnelle. Son retrait marque donc une rupture majeure dans son histoire diplomatique et symbolise son rejet des cadres multilatéraux perçus comme influencés par les anciennes puissances coloniales.

Ce choix politique s’inscrit dans une vague plus large de remise en question de la Francophonie en Afrique, où plusieurs États critiquent l’organisation pour son manque d’impact concret sur le développement et pour son alignement supposé sur les intérêts occidentaux. Reste à savoir si cette décision inspirera d’autres pays de la région, déjà engagés dans une politique de rupture avec les institutions internationales dominées par l’Occident.