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Dakar accueille la 10ᵉ édition du Forum Ouest-Africain sur la Finance Islamique : cap sur les sukuks et le financement participatif

La capitale sénégalaise s’apprête à devenir, les 23 et 24 juin prochains, le centre de la finance islamique en Afrique de l’Ouest avec la tenue de la 10ᵉ édition du Forum International sur la Finance Islamique, organisée par l’Institut Africain de Finance Islamique (AIIF) en partenariat avec la Banque Islamique de Développement (BID) et le Gouvernement du Sénégal.

Sous le thème « Sukuks et financement participatif : outils innovants pour les projets stratégiques et les PME », l’événement réunira plus de 500 décideurs issus des milieux financiers, des gouvernements, du secteur privé et des organismes de régulation de la région. Ce forum se veut une plateforme stratégique pour explorer des alternatives durables au financement classique, en pleine mutation.

La Côte d’Ivoire, désignée invité d’honneur, sera représentée par des délégations officielles et financières, dans un esprit de coopération économique régionale renforcée.

Le programme s’annonce dense avec trois plénières de haut niveau, des ateliers techniques, une Deal Room dédiée aux projets islamiques, ainsi que des sessions B2B. Parmi les thématiques au cœur des échanges :

  • L’émission de Sukuks souverains et privés pour financer les infrastructures ;
  • Le développement du financement participatif comme levier pour les PME africaines ;
  • La montée en puissance des fintechs islamiques et la digitalisation des services financiers ;
  • L’essor du secteur Halal en Afrique de l’Ouest.

La Banque Islamique du Sénégal (BIS) est Sponsor GOLD de cette édition, consolidant son rôle moteur sur le marché de la finance conforme à la charia. Le groupe Coris Baraka, de son côté, agit en tant que partenaire stratégique sur le segment des PME.

Pour Mouhamadou Lamine MBACKE, président de l’AIIF : « Cette édition symbolique se déroule dans un contexte où les États africains cherchent des mécanismes financiers durables et où les PME ont besoin de solutions novatrices pour leur croissance. La finance islamique se positionne comme une réponse adaptée, inclusive et transformative. »

Ce forum constitue également une tribune de plaidoyer pour l’intégration renforcée des marchés financiers islamiques dans l’espace UEMOA, tout en favorisant les synergies entre investisseurs du Golfe, institutions monétaires et entrepreneurs ouest-africains.

burkina faso can u17

CAN U17 : Le Burkina Faso joue pour la médaille de bronze face à la Côte d’Ivoire

L’équipe nationale U17 du Burkina Faso s’apprête à disputer un match crucial pour la médaille de bronze lors de la Coupe d’Afrique des Nations U17 (CAN U17), édition 2025. Après avoir fait preuve de résilience et de talent tout au long du tournoi, les jeunes Étalons affronteront leurs homologues ivoiriens ce vendredi 18 avril à Casablanca, au Maroc.

Un parcours encourageant malgré la déception de la demi-finale

Le Burkina Faso a réalisé un parcours impressionnant en phase de groupes et en quart de finale, avant de s’incliner face à une solide équipe malienne en demi-finale. Cette défaite n’entame en rien le potentiel affiché par les jeunes joueurs burkinabè, qui ont su conquérir le respect des observateurs grâce à leur discipline tactique, leur combativité et leur esprit d’équipe.

Un enjeu sportif et symbolique

Le match pour la troisième place contre la Côte d’Ivoire représente bien plus qu’une simple rencontre de classement. Il constitue une occasion de valoriser le travail de formation du football burkinabè et de renforcer la confiance des jeunes talents pour les compétitions à venir.

Une victoire dans ce duel ouest-africain permettrait à la sélection U17 de rentrer au pays avec une médaille continentale, symbole de fierté nationale et de reconnaissance pour les efforts fournis.

Le soutien de tout un peuple

Les supporteurs burkinabè, au pays comme à l’étranger, se mobilisent pour soutenir leurs jeunes champions. Sur les réseaux sociaux comme dans les médias, les messages d’encouragement affluent, témoignant de l’engouement populaire autour de cette génération prometteuse.

Le ministère des Sports et des Loisirs, tout comme la Fédération burkinabè de football, ont salué le parcours des Étalons U17 et encouragent l’encadrement technique à poursuivre sur cette lancée.

Ce match pour la médaille de bronze à la CAN U17 constitue un moment clé pour le football burkinabè. Une victoire contre la Côte d’Ivoire viendrait récompenser les efforts d’une équipe jeune, talentueuse et déterminée, tout en renforçant la dynamique positive du sport au Burkina Faso. Tous derrière les Étalons U17 !

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FEMUA 17 : La Guinée éblouit à Abidjan avec une performance artistique mémorable du Circus Baobab

La République de Guinée a fait une entrée remarquée à la 17ᵉ édition du Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo (FEMUA), en tant que pays invité d’honneur. À la fois par sa présence gouvernementale de haut niveau et par la prestation magistrale de ses artistes, la Guinée s’est imposée comme l’un des pôles d’attraction majeurs de cette édition.

Une délégation gouvernementale engagée au service de la culture

Représentée par une importante délégation ministérielle, la Guinée a affiché une solidarité gouvernementale exemplaire, fidèle à la vision unifiée du Président Mamadi Doumbouya et du Premier ministre Amadou Oury Bah.

La délégation comprenait :

  • Mme Aminata Kaba, Ministre de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Emploi,

  • M. Benoît Kamano, Ministre Secrétaire Général du Gouvernement,

  • M. Moussa Moïse Sylla, Ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat.

Cette mobilisation traduit la volonté des autorités de positionner la culture guinéenne au cœur de la diplomatie régionale et du développement économique.

Circus Baobab : un moment fort qui a conquis les cœurs

L’un des moments les plus marquants de la cérémonie d’ouverture a été sans conteste la prestation du Circus Baobab, fleuron du cirque contemporain guinéen. À travers une chorégraphie à la fois puissante, moderne et enracinée dans les traditions, les artistes ont capté l’attention et l’admiration des autorités ivoiriennes, dont le Vice-Président de la République et la Ministre de la Culture et de la Francophonie.

Ce moment d’émotion a renforcé le sentiment de communion culturelle entre les peuples, illustrant parfaitement le thème de cette édition : diversité artistique et fraternité africaine.

Une édition placée sous le signe de l’excellence

La soirée d’ouverture a également été marquée par la performance électrisante de Bebi Philip, emblématique figure de la scène urbaine ivoirienne, confirmant le FEMUA comme une vitrine panafricaine de talents, de créativité et de coopération culturelle.

 

La Guinée a su marier l’élégance institutionnelle à l’excellence artistique. Sa participation au FEMUA 17 symbolise une volonté claire : faire de la culture un instrument d’unité, de rayonnement et de développement durable.

Entre les mots, les gestes et les rythmes, c’est tout un peuple qui s’est exprimé avec fierté sur la scène africaine.

FEMUA 2025

FEMUA 2025 : La Guinée à l’honneur du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo en Côte d’Ivoire

La Guinée est à l’honneur de la 17ᵉ édition du FEMUA (Festival des musiques urbaines d’Anoumabo) qui se tient cette année en Côte d’Ivoire. Cet événement culturel d’envergure, initié par le célèbre groupe ivoirien Magic System, consacre cette édition à la diversité et à la richesse culturelle guinéenne, affirmant ainsi le rayonnement grandissant du pays sur la scène artistique africaine.

Un rendez-vous panafricain majeur

Créé en 2008, le FEMUA est devenu un lieu de rencontre incontournable des cultures africaines, réunissant des artistes de renom, des décideurs culturels, et des milliers de festivaliers autour de la musique, du dialogue social et de la jeunesse.

La participation de la Guinée en tant que pays invité d’honneur constitue une reconnaissance du dynamisme de sa scène musicale et une opportunité de valoriser ses talents, ses traditions et son patrimoine.

Une vitrine pour les artistes guinéens

La délégation guinéenne présente à Abidjan comprend :

  • Des musiciens emblématiques comme Banlieuz’art, Soul Bang’s ou encore Sia Tolno,

  • Des artisans et stylistes,

  • Des promoteurs culturels et officiels du ministère de la Culture.

À travers des concerts, expositions, panels et rencontres professionnelles, la Guinée expose sa créativité, sa modernité et son authenticité.

Un enjeu de diplomatie culturelle

La présence de la Guinée au FEMUA 2025 s’inscrit également dans une stratégie de soft power culturel, visant à :

  • Renforcer les liens entre la Guinée et la Côte d’Ivoire,

  • Promouvoir l’image du pays sur la scène africaine,

  • Offrir des opportunités de coopération régionale dans le domaine des industries culturelles et créatives.

La Guinée, invitée d’honneur du FEMUA 2025, confirme sa volonté de faire rayonner sa culture bien au-delà de ses frontières. Cet hommage rendu par l’un des plus grands festivals d’Afrique est à la fois une reconnaissance et un tremplin pour les artistes et les porteurs de culture guinéens. À travers cet événement, c’est toute une nation qui s’exprime avec fierté, énergie et créativité.

ASSIMI FAURE

Le Togo manifeste son intérêt : Vers un élargissement de l’Alliance des États du Sahel (AES) ?

Depuis plusieurs semaines, une nouvelle dynamique régionale attire l’attention des observateurs en Afrique de l’Ouest : l’intérêt manifeste du Togo à rejoindre l’Alliance des États du Sahel (AES), composée actuellement du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Cette initiative, portée par les autorités togolaises, soulève de nombreuses interrogations : s’agit-il d’un simple rapprochement diplomatique ou des prémices d’un élargissement officiel de l’AES ? Quels seraient les enjeux d’une telle intégration ?

🇹🇬 Le Togo se rapproche de l’AES

Officiellement non membre, le Togo multiplie les gestes d’ouverture envers les États membres de l’AES. Des signaux diplomatiques clairs ont été envoyés : participation à certaines réunions informelles, déclarations publiques favorables aux positions des juntes militaires et volonté affichée de repenser la coopération régionale. Le ministre togolais des Affaires étrangères a d’ailleurs évoqué « la nécessité de redéfinir les alliances pour une Afrique plus souveraine et plus unie ».

Un élargissement stratégique ?

L’intégration du Togo à l’AES, si elle se concrétise, serait un tournant majeur. Contrairement aux pays fondateurs, actuellement dirigés par des régimes militaires issus de coups d’État, le Togo reste sous un régime civil dirigé par Faure Gnassingbé. Son adhésion poserait donc la question de l’orientation politique de l’AES : restera-t-elle un regroupement de transitions militaires ou deviendra-t-elle une véritable confédération ouverte à tout pays partageant sa vision souverainiste et sécuritaire ?

Quels enjeux pour la région ?
  1. Sur le plan sécuritaire, l’entrée du Togo renforcerait l’axe logistique sud de l’AES et élargirait le périmètre de coordination dans la lutte contre le terrorisme.

  2. Sur le plan économique, cela offrirait un accès stratégique à l’océan Atlantique, utile pour les exportations minières du Sahel.

  3. Sur le plan diplomatique, cette extension pourrait fragiliser davantage la CEDEAO, déjà affaiblie par la sortie des trois pays sahéliens.

Un signal pour d’autres pays ?

Le positionnement du Togo pourrait faire des émules. Certains analystes évoquent déjà un « effet domino » pouvant attirer d’autres pays enclins à remettre en cause l’ordre régional actuel, comme la Guinée ou la Centrafrique. Cette dynamique pourrait redessiner la carte des alliances régionales en Afrique de l’Ouest.

L’intérêt du Togo pour l’Alliance des États du Sahel n’est pas anodin. Il traduit une volonté croissante, chez certains États africains, de se libérer des schémas classiques de coopération pour inventer une nouvelle souveraineté régionale. Reste à savoir si cette ambition trouvera un consensus politique et institutionnel au sein de l’AES.

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Tensions diplomatiques entre l’AES et l’Algérie : un incident aérien ravive les crispations

Les relations diplomatiques entre l’Alliance des États du Sahel (AES) — composée du Burkina Faso, du Mali et du Niger — et l’Algérie connaissent une nouvelle détérioration suite à la destruction d’un drone malien par les forces algériennes près de la frontière entre les deux pays. Cet incident, survenu au début du mois d’avril 2025, a suscité une vive réaction de la part des gouvernements sahéliens qui y voient une atteinte à leur souveraineté.

Un acte jugé hostile par l’AES

Dans un communiqué conjoint, les ministères des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont condamné l’action de l’Algérie, qualifiée d' »acte hostile et irresponsable ». Ils ont déclaré que la destruction du drone malien constituait une violation du droit international et des règles de bon voisinage.

Le Mali a convoqué l’ambassadeur d’Algérie en poste à Bamako pour exprimer sa protestation officielle et a annoncé son intention de porter l’affaire devant les instances internationales. En signe de mécontentement, les trois pays membres de l’AES ont rappelé leurs ambassadeurs en poste à Alger pour consultations.

Une relation déjà fragilisée

Les relations entre les pays de l’AES et l’Algérie étaient déjà tendues en raison des positions jugées ambiguës d’Alger sur les processus de transition politique dans la région sahélienne. L’Algérie, qui joue traditionnellement un rôle de médiateur dans les conflits sahéliens, a été perçue par certains acteurs de l’AES comme adoptant une posture critique vis-à-vis des juntes militaires au pouvoir à Ouagadougou, Bamako et Niamey.

Un contexte régional sous tension

Cet épisode intervient dans un climat de reconfiguration géopolitique en Afrique de l’Ouest, marqué par la création de la Confédération des États du Sahel, le retrait des trois pays de la CEDEAO et leur rapprochement avec d’autres partenaires, notamment la Russie. L’incident aérien vient renforcer l’esprit de défiance mutuelle entre l’AES et certains de ses voisins, et pourrait compliquer davantage les efforts de stabilisation et de coopération régionale.

Vers une escalade ou une médiation ?

Pour l’heure, l’Algérie n’a pas publiquement réagi à l’accusation de destruction du drone. Des observateurs appellent au dialogue et à la retenue afin d’éviter une escalade diplomatique préjudiciable à la sécurité régionale. L’Union africaine et d’autres acteurs internationaux pourraient être sollicités pour faciliter une désescalade et promouvoir une solution concertée.

L’incident entre l’AES et l’Algérie souligne la fragilité des relations interrégionales dans le Sahel et la complexité des dynamiques sécuritaires transfrontalières. Alors que les tensions montent, les enjeux de coopération, de souveraineté et de stabilité imposent une approche diplomatique prudente et inclusive pour préserver la paix dans la région.

Umaro Sissoco Embaló

Guinée-Bissau : Umaro Sissoco Embaló officialise sa candidature pour un second mandat

La Guinée-Bissau est au cœur d’une actualité politique brûlante. Le président en exercice, Umaro Sissoco Embaló, a officiellement annoncé sa candidature à un second mandat lors de l’élection présidentielle prévue pour le 23 novembre 2025. Cette déclaration marque un revirement majeur par rapport à ses engagements antérieurs, où il affirmait en septembre 2024 qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat.

Une volte-face qui suscite la controverse

L’annonce de cette candidature intervient dans un climat politique déjà tendu. L’opposition conteste la légitimité du mandat actuel du président, estimant qu’il a pris fin en février 2025. La Cour suprême, pour sa part, a statué que le mandat d’Embaló se termine le 4 septembre 2025. Ce flou juridique alimente les tensions et polarise la scène politique nationale.

Une opposition mobilisée

Face à cette situation, plusieurs partis d’opposition ont appelé à des actions de protestation, menaçant de « paralyser » le pays si des mesures concrètes ne sont pas prises pour clarifier le processus électoral et garantir une transition démocratique. Ils dénoncent une tentative de confiscation du pouvoir par le président sortant.

Une CEDEAO en retrait

La tentative de médiation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a été avortée. Sa mission, déployée pour apaiser les tensions, a quitté le pays prématurément, citant des menaces proférées à l’encontre de ses membres par le chef de l’État.

Des incertitudes à l’horizon

Cette candidature inattendue relance le débat sur la stabilité institutionnelle du pays et sur la crédibilité du processus électoral. La communauté internationale, de plus en plus attentive, appelle au respect des principes démocratiques et à une organisation transparente des élections.

La Guinée-Bissau entre ainsi dans une phase décisive de son histoire politique, où chaque acte posé pourrait redéfinir l’avenir du pays. Reste à savoir si cette nouvelle candidature d’Embaló renforcera ou affaiblira la fragile démocratie bissau-guinéenne.

Erreurs Visa France

Les États-Unis envisagent de nouvelles restrictions de voyage contre 22 pays africains : une décision controversée

Les États-Unis s’apprêtent à instaurer de nouvelles restrictions de voyage visant les ressortissants de 43 pays, dont 22 en Afrique. Cette décision, qui n’a pas encore été officiellement annoncée, suscite déjà des inquiétudes et des critiques sur le continent africain et au-delà.

Une classification en trois catégories

D’après les informations disponibles, le projet américain prévoit de classer les pays concernés en trois catégories en fonction du niveau de restrictions appliquées :

1.Liste rouge : Interdiction totale d’entrée aux États-Unis.

Pays africains concernés : Libye, Somalie, Soudan.

2.Liste orange : Restrictions sévères sur l’obtention de visas, limitant l’accès aux voyageurs d’affaires disposant d’importants moyens financiers.

Pays africains concernés : Érythrée, Sierra Leone, Soudan du Sud.

3.Liste jaune : Ces pays ont un délai de 60 jours pour renforcer leur coopération en matière de sécurité et de vérification des voyageurs. En l’absence d’amélioration, des sanctions migratoires pourraient être mises en place.

Pays africains concernés : Angola, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Cap-Vert, Tchad, République du Congo, République démocratique du Congo, Guinée équatoriale, Gambie, Liberia, Malawi, Mali, Mauritanie, São Tomé-et-Príncipe, Zimbabwe.

Les raisons avancées par Washington

Les États-Unis justifient ces restrictions par des préoccupations liées à la sécurité nationale et à la lutte contre l’immigration illégale. Les autorités américaines reprochent à certains pays un manque de coopération dans le partage d’informations sur les voyageurs, l’émission de documents de voyage frauduleux ou encore une insuffisance des mesures de contrôle aux frontières.

Ces arguments rappellent ceux avancés en 2017 lors de la mise en place du “Muslim Ban”, qui interdisait temporairement l’entrée aux ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane. Cette politique, très controversée, avait été annulée par Joe Biden dès son arrivée à la Maison-Blanche en 2021.

Une décision perçue comme discriminatoire

Ces nouvelles restrictions ont immédiatement suscité des réactions négatives, notamment sur le continent africain. Plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent une politique discriminatoire qui pénalise des pays souvent déjà confrontés à des difficultés économiques et politiques.

Selon plusieurs analystes, cette mesure risque d’affecter les relations diplomatiques entre les États-Unis et les pays africains concernés. Certains gouvernements pourraient percevoir cette décision comme un affront à leurs efforts de coopération avec Washington, notamment dans la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine.

Des conséquences pour les ressortissants africains

Si ces restrictions sont mises en place, elles auront un impact direct sur les citoyens des pays concernés. Les professionnels, étudiants et familles souhaitant voyager aux États-Unis seront particulièrement touchés, ce qui pourrait limiter les opportunités de formation, d’investissement et de partenariat économique entre l’Afrique et les États-Unis.

De nombreux Africains, notamment ceux bénéficiant de programmes de visas tels que la Diversity Visa Lottery (DV Lottery), pourraient voir leurs chances d’immigrer légalement aux États-Unis considérablement réduites.

Une décision encore en négociation

À ce stade, la liste définitive des pays concernés et la nature exacte des restrictions restent en cours d’élaboration. L’administration américaine pourrait officialiser ces nouvelles mesures entre le 17 et le 23 mars 2025. Certains pays figurant sur la liste jaune auront donc une fenêtre de négociation de 60 jours pour éviter des sanctions plus sévères en renforçant leur coopération avec les autorités américaines.

 

Si ces restrictions entrent en vigueur, elles marqueraient un tournant dans la politique migratoire des États-Unis à l’égard de l’Afrique. Alors que Washington cherche à renforcer son influence sur le continent face à la montée en puissance de la Chine et de la Russie, une telle décision pourrait au contraire fragiliser ses relations avec de nombreux pays africains. Reste à voir si cette politique sera réellement appliquée ou si des négociations permettront d’en atténuer l’impact.

CEDAO AES

Cédéao et AES : Une Coexistence Possible en Afrique de l’Ouest ?

La création de l’Alliance des États du Sahel (AES) par le Mali, le Burkina Faso et le Niger en 2023 a profondément bouleversé l’équilibre régional en Afrique de l’Ouest. Ce bloc, né d’une rupture avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), soulève une question cruciale : ces deux entités peuvent-elles réellement coexister et collaborer dans un contexte géopolitique tendu ?

 

AES et Cédéao : Deux visions opposées de l’intégration régionale ?

La Cédéao, fondée en 1975, a pour mission principale l’intégration économique, politique et sociale des 15 États membres de la région. Elle repose sur des principes de libre circulation, d’union économique et de gouvernance démocratique, avec une intervention croissante dans les crises politiques et sécuritaires.

À l’inverse, l’AES, lancée en septembre 2023, repose sur un socle fondamentalement différent :

Priorité à la souveraineté nationale et au rejet des ingérences étrangères.

Approche militaro-sécuritaire, en réponse aux insurrections djihadistes qui frappent ces trois pays.

Remise en cause des sanctions de la Cédéao, perçues comme punitives après les coups d’État militaires au Mali (2021), au Burkina Faso (2022) et au Niger (2023).

Ces différences idéologiques et stratégiques ont conduit ces pays à quitter officiellement la Cédéao en janvier 2024, affirmant vouloir tracer leur propre voie dans la gestion des défis régionaux.

Des intérêts communs en matière de sécurité et d’économie

Malgré leurs divergences, la Cédéao et l’AES partagent des défis communs, notamment en matière de sécurité et de développement économique.

 

La lutte contre le terrorisme

Les trois pays de l’AES font face à une menace djihadiste persistante, qui menace également des États membres de la Cédéao comme le Bénin, le Togo et la Côte d’Ivoire. Une coopération renforcée en matière de renseignement et d’opérations militaires serait bénéfique pour toute la région.

 

Le commerce et la libre circulation

L’interdépendance économique entre les pays de l’AES et le reste de la Cédéao est une réalité incontournable. L’application stricte des sanctions économiques a montré l’impact négatif d’un cloisonnement régional, notamment sur le commerce des produits agricoles et énergétiques.

Vers une reconnaissance mutuelle et une coopération pragmatique ?

L’issue des tensions entre les deux organisations pourrait prendre plusieurs formes :

Scénario 1 : Une reconnaissance officielle de l’AES par la Cédéao

Si la Cédéao adopte une posture plus conciliante, une reconnaissance mutuelle pourrait permettre une coopération sur des dossiers stratégiques, notamment la sécurité et l’économie. Cela nécessiterait des réformes diplomatiques pour garantir des relations stables entre les deux blocs.

Scénario 2 : Une concurrence régionale et une fragmentation de l’Afrique de l’Ouest

Si les tensions persistent, l’AES pourrait chercher à étendre son influence en intégrant d’autres pays partageant sa vision souverainiste, tandis que la Cédéao tenterait de se renforcer sans ses anciens membres. Un tel schisme affaiblirait la capacité de l’Afrique de l’Ouest à relever les défis communs.

 Scénario 3 : Une coopération pragmatique sans reconnaissance formelle

Même sans reconnaissance officielle, la nécessité d’une coordination sur des sujets comme la lutte contre le terrorisme et la gestion des flux économiques pourrait aboutir à une collaboration indirecte sur certains dossiers stratégiques.

 

Coexister ou s’affronter ?

La coexistence de la Cédéao et de l’AES est possible, mais conditionnée par un dialogue structuré et une volonté mutuelle d’éviter la confrontation.
Tant que les deux entités ne parviendront pas à harmoniser leurs intérêts, la région restera exposée à une instabilité accrue, freinant le développement et la lutte contre les menaces sécuritaires.

L’avenir de l’Afrique de l’Ouest dépendra donc de la capacité des dirigeants à privilégier une approche pragmatique, dépassant les divergences politiques au profit de la stabilité et du progrès régional.

Cedeao et AES

Cédéao et AES : Vers une Reconnaissance Mutuelle Après la Tournée du Président Ghanéen ?

La récente tournée diplomatique du président ghanéen, John Dramani Mahama, dans les capitales des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) – Bamako, Niamey et Ouagadougou – marque un tournant dans les relations entre l’AES et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Cette mission pourrait ouvrir la voie à une reconnaissance officielle de l’AES par la Cédéao, une évolution stratégique pour l’équilibre régional en Afrique de l’Ouest.

 

Contexte : Une fracture entre la Cédéao et l’AES

L’AES, formée en septembre 2023 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, est née en réaction aux tensions avec la Cédéao après les coups d’État successifs ayant renversé les régimes civils dans ces pays.

  • Ces trois nations ont été suspendues de la Cédéao, puis ont annoncé leur retrait officiel en janvier 2024, dénonçant des sanctions économiques et politiques jugées injustes.
  • En réponse, elles ont consolidé leur propre alliance régionale centrée sur la coopération sécuritaire et militaire pour lutter contre le terrorisme et défendre leur souveraineté.

Jusqu’ici, la Cédéao avait refusé de reconnaître l’AES comme une entité régionale légitime. Cependant, la tournée du président ghanéen pourrait modifier cette dynamique.

Les enjeux de la tournée diplomatique du Ghana

John Dramani Mahama, envoyé spécial de la Cédéao, s’est rendu début mars 2025 à Bamako, Niamey et Ouagadougou avec un objectif clair : explorer les conditions d’un dialogue constructif entre la Cédéao et l’AES.

 

Objectifs de la mission :

  • Favoriser la réconciliation entre la Cédéao et les États membres de l’AES.
  • Encourager une reconnaissance de l’AES en tant qu’organisation légitime.
  • Renforcer la coopération sécuritaire pour lutter contre le terrorisme qui frappe la région.

Lors de ses rencontres avec Assimi Goïta (Mali), Ibrahim Traoré (Burkina Faso) et Abdourahamane Tiani (Niger), le président ghanéen a insisté sur l’importance d’un partenariat équilibré et sur la nécessité de préserver l’unité régionale malgré les divergences politiques.


Vers une reconnaissance officielle de l’AES ?

  • L’AES revendique une autonomie stratégique et militaire, mais n’exclut pas une coopération économique et sécuritaire avec la Cédéao.
  • La Cédéao, consciente des risques de fragmentation régionale, pourrait être amenée à institutionnaliser un dialogue avec l’AES, notamment pour harmoniser les efforts de lutte contre le djihadisme au Sahel.
  • Une reconnaissance mutuelle permettrait aux trois pays de retrouver un accès aux échanges économiques avec les autres États ouest-africains, sans remettre en question leur autodétermination.

 

Les défis et obstacles à surmonter

Incertitude politique : La Cédéao a historiquement défendu des principes démocratiques, alors que les gouvernements de l’AES sont issus de transitions militaires.

Harmonisation des stratégies de sécurité : Les doctrines militaires des deux organisations doivent être alignées pour une coopération efficace.

Impact sur les relations internationales : La reconnaissance de l’AES pourrait modifier les équilibres géopolitiques régionaux, notamment vis-à-vis des puissances étrangères impliquées en Afrique de l’Ouest.

Un tournant stratégique pour l’Afrique de l’Ouest

La tournée du président ghanéen marque une étape clé vers une potentielle normalisation des relations entre la Cédéao et l’AES. Si un compromis est trouvé, cela pourrait renforcer la stabilité régionale et permettre une coopération plus efficace face aux défis sécuritaires et économiques.

Toutefois, cette reconnaissance de l’AES par la Cédéao nécessitera des négociations approfondies et des engagements clairs de part et d’autre. L’avenir des relations entre ces deux blocs se joue désormais sur la capacité des dirigeants à concilier souveraineté nationale et intégration régionale.