Un rapport publié récemment par l’Environmental Justice Foundation (EJF) alerte sur une crise halieutique majeure au Sénégal, directement liée à la surpêche industrielle pratiquée par des flottes étrangères. Cette situation provoque un effondrement des ressources maritimes disponibles pour les pêcheurs artisanaux… et contribue à une hausse dramatique de la migration irrégulière des jeunes vers l’Europe.
Une pression étrangère qui asphyxie la pêche locale
Selon l’EJF, des dizaines de navires étrangers — principalement originaires d’Europe, de Chine et de Turquie — exploitent intensément les eaux sénégalaises, souvent avec des licences opaques ou hors cadre légal.
“Les zones de pêche artisanale sont envahies, les captures sont en chute libre, et les pêcheurs traditionnels ne peuvent plus vivre de leur activité.”
– Rapport EJF, 2025
Les conséquences sont visibles :
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Baisse de plus de 50 % des captures artisanales en dix ans ;
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Épuisement de certaines espèces emblématiques (sardinelles, thon, poulpe) ;
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Ruine de familles entières vivant exclusivement de la mer.
Un moteur silencieux de la migration clandestine
Face à l’appauvrissement des ressources et à l’absence d’alternatives économiques, de nombreux jeunes pêcheurs sénégalais prennent le large… mais pas pour pêcher.
Le rapport révèle que la chute des revenus dans les zones côtières de Saint-Louis, Mbour ou Joal a contribué directement au départ de milliers de jeunes en pirogue vers les Canaries, porte d’entrée vers l’Espagne.
“On part parce qu’il n’y a plus de poisson, plus de travail, plus d’avenir ici.” – témoignage anonyme d’un pêcheur, cité dans le rapport
Un appel à la souveraineté maritime
L’EJF appelle à :
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Mettre fin aux accords opaques de pêche avec les flottes étrangères,
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Renforcer les capacités de surveillance et de patrouille maritime (avec des radars, drones, contrôles),
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Investir dans la transformation locale et la revalorisation des chaînes de valeur artisanales,
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Et surtout, associer les communautés côtières aux politiques de gestion des ressources.
Une urgence nationale et humaine
La crise halieutique sénégalaise n’est pas qu’un enjeu écologique ou économique. Elle est humaine, sociale et géopolitique.
En laissant les ressources marines s’éroder sous l’effet de la surpêche industrielle, c’est un pan entier de la jeunesse sénégalaise qui est abandonné à la mer, parfois au péril de sa vie.
Face à cela, une véritable souveraineté halieutique, juste, durable et inclusive, devient un impératif national.