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Dakar accueille la 10ᵉ édition du Forum Ouest-Africain sur la Finance Islamique : cap sur les sukuks et le financement participatif

La capitale sénégalaise s’apprête à devenir, les 23 et 24 juin prochains, le centre de la finance islamique en Afrique de l’Ouest avec la tenue de la 10ᵉ édition du Forum International sur la Finance Islamique, organisée par l’Institut Africain de Finance Islamique (AIIF) en partenariat avec la Banque Islamique de Développement (BID) et le Gouvernement du Sénégal.

Sous le thème « Sukuks et financement participatif : outils innovants pour les projets stratégiques et les PME », l’événement réunira plus de 500 décideurs issus des milieux financiers, des gouvernements, du secteur privé et des organismes de régulation de la région. Ce forum se veut une plateforme stratégique pour explorer des alternatives durables au financement classique, en pleine mutation.

La Côte d’Ivoire, désignée invité d’honneur, sera représentée par des délégations officielles et financières, dans un esprit de coopération économique régionale renforcée.

Le programme s’annonce dense avec trois plénières de haut niveau, des ateliers techniques, une Deal Room dédiée aux projets islamiques, ainsi que des sessions B2B. Parmi les thématiques au cœur des échanges :

  • L’émission de Sukuks souverains et privés pour financer les infrastructures ;
  • Le développement du financement participatif comme levier pour les PME africaines ;
  • La montée en puissance des fintechs islamiques et la digitalisation des services financiers ;
  • L’essor du secteur Halal en Afrique de l’Ouest.

La Banque Islamique du Sénégal (BIS) est Sponsor GOLD de cette édition, consolidant son rôle moteur sur le marché de la finance conforme à la charia. Le groupe Coris Baraka, de son côté, agit en tant que partenaire stratégique sur le segment des PME.

Pour Mouhamadou Lamine MBACKE, président de l’AIIF : « Cette édition symbolique se déroule dans un contexte où les États africains cherchent des mécanismes financiers durables et où les PME ont besoin de solutions novatrices pour leur croissance. La finance islamique se positionne comme une réponse adaptée, inclusive et transformative. »

Ce forum constitue également une tribune de plaidoyer pour l’intégration renforcée des marchés financiers islamiques dans l’espace UEMOA, tout en favorisant les synergies entre investisseurs du Golfe, institutions monétaires et entrepreneurs ouest-africains.

sonko en guinee

Ousmane Sonko en Guinée : cap sur une nouvelle dynamique régionale.

Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a effectué une visite officielle en Guinée ce samedi, marquant l’une de ses premières sorties diplomatiques majeures depuis l’élection du président Bassirou Diomaye Faye. Reçu par le président de la transition guinéenne, Mamadi Doumbouya, cette rencontre a été l’occasion de réaffirmer la volonté des deux pays de renforcer leurs relations bilatérales dans un contexte régional en mutation. Alors que la CEDEAO est confrontée à des remises en question internes, notamment avec le retrait annoncé de plusieurs pays membres, cette visite s’inscrit dans une volonté commune de bâtir une coopération plus autonome et plus solidaire entre nations africaines.

Un échange stratégique autour de la souveraineté et de la sécurité

Au cœur des discussions figurent des sujets majeurs tels que la coopération économique, la sécurité sous-régionale et la souveraineté politique. Fidèle à son discours panafricaniste, Ousmane Sonko a souligné la nécessité d’une intégration régionale basée sur la souveraineté collective et le respect mutuel entre États. La rencontre avec le président Doumbouya a permis d’esquisser les contours d’une alliance plus forte entre Dakar et Conakry, notamment sur les questions d’autosuffisance économique, de défense commune et de réforme des institutions régionales. Ce déplacement marque un tournant dans la diplomatie sénégalaise, désormais résolument tournée vers une Afrique plus unie et plus affirmée sur la scène internationale.

Bassirou Diomaye Faye

Dialogue national 2025 : Le Sénégal ouvre une nouvelle page de son histoire politique

Dans son discours d’ouverture, le président Diomaye Faye a rappelé la promesse d’un renouveau démocratique profond, formulée durant sa campagne présidentielle. Il a appelé à des échanges francs, inclusifs et tournés vers l’intérêt général, déclarant :

“Ce dialogue n’est pas une formalité politique, c’est un contrat de refondation. Il engage chacun de nous à penser un État plus juste, plus souverain, plus participatif.”

Les axes abordés incluent :

  • La réforme des institutions (équilibre des pouvoirs, renforcement du Parlement, du Conseil constitutionnel, etc.) ;

  • Le système électoral et le financement des partis ;

  • La transparence et la lutte contre l’impunité ;

  • La gouvernance territoriale et les droits citoyens ;

  • Le rôle de l’armée, de la justice et des médias dans la construction démocratique.

Une large participation… mais quelques absents notables

La salle du CICAD a réuni :

  • Des représentants de partis politiques (notamment du camp présidentiel et de l’opposition modérée),

  • Des acteurs de la société civile,

  • Des chefs religieux et coutumiers,

  • Des organisations syndicales, patronales et de jeunesse,

  • Des universitaires et intellectuels.

Cependant, des voix critiques se sont fait entendre en amont. Le Parti démocratique sénégalais (PDS) et l’APR (ex-parti au pouvoir) ont décliné l’invitation, évoquant des “zones d’ombre” dans l’organisation et des “intentions unilatérales” dans les conclusions à venir.

Une méthode consultative et itérative

Le gouvernement a assuré que le dialogue se tiendra jusqu’au 4 juin, selon un format participatif et thématique, avec des commissions sectorielles, des restitutions quotidiennes et un rapport final public.

Un comité d’observation, incluant des représentants religieux, des juristes indépendants et des observateurs internationaux, est chargé de veiller à la régularité et à la neutralité des débats.

Enjeux : restaurer la confiance et poser les fondations de la “troisième République”

Pour de nombreux analystes, ce Dialogue national est une fenêtre d’opportunité historique pour :

  • Sortir des logiques de confrontations héritées des régimes précédents,

  • Restaurer la confiance entre l’État et les citoyens,

  • Moderniser des institutions souvent jugées obsolètes ou manipulables,

  • Réaffirmer la souveraineté populaire dans les choix de société.

Mais la réussite du dialogue dépendra de la sincérité du processus, de la traduction des conclusions en actes concrets, et de la capacité à inclure les forces réfractaires sans exclusion ni récupération politique.

Un moment fondateur ou un simple symbole ?

Le Dialogue national est lancé. Reste à voir s’il sera le socle d’une “troisième République sénégalaise” plus équitable, plus inclusive et plus souveraine… ou s’il se limitera à une tentative de consensus politique sans lendemain.

Le peuple sénégalais, attentif et exigeant, observe.

Ousmane Sonko

Visite officielle d’Ousmane Sonko au Burkina Faso : vers un renforcement de la coopération sénégalo-burkinabè

Le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, a effectué une visite officielle très remarquée au Burkina Faso ce samedi 17 mai 2025. Reçu par le président de la transition burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré, ce déplacement s’inscrit dans une dynamique de redéfinition des relations diplomatiques et stratégiques entre les deux pays voisins.

Un contexte régional marqué par les défis sécuritaires

La rencontre entre les deux dirigeants intervient dans un climat où les enjeux sécuritaires dans la région sahélo-sahélienne occupent une place centrale. Le Burkina Faso et le Sénégal partagent des frontières, des populations et des intérêts communs dans la lutte contre le terrorisme, la criminalité transfrontalière et les défis humanitaires.

Les deux chefs d’État ont exprimé leur volonté de renforcer la coopération en matière de renseignement, de formation militaire, mais aussi dans la gestion des frontières et des déplacements de populations.

Vers une diplomatie africaine solidaire

Ousmane Sonko a salué la détermination du Burkina Faso dans la défense de sa souveraineté, affirmant que les peuples africains doivent être solidaires face aux ingérences extérieures. Le Premier ministre sénégalais a insisté sur la nécessité pour les nations africaines de bâtir ensemble des solutions endogènes aux problèmes du continent.

Cette visite marque une ouverture diplomatique importante entre Dakar et Ouagadougou, avec une vision partagée d’une intégration régionale réorientée vers les intérêts des peuples.

Des axes de coopération élargis

Outre les questions de sécurité, les discussions ont porté sur :

  • La relance de la coopération économique et commerciale,
  • Le renforcement de la connectivité terrestre et énergétique entre les deux pays,
  • Les partenariats en matière d’éducation, de formation professionnelle et de culture,
  • La gestion coordonnée des migrations et la libre circulation des personnes.

La visite d’Ousmane Sonko au Burkina Faso constitue un signal fort en faveur d’une diplomatie africaine résolument axée sur la coopération entre États souverains, la solidarité entre peuples et la redéfinition des partenariats stratégiques. Elle ouvre la voie à une nouvelle étape dans les relations sénégalo-burkinabè, sous le signe de l’engagement commun pour la paix, la sécurité et le développement du continent.

PACTIFU

Sénégal : Inclusion financière : 683 milliards FCFA mobilisés grâce au PACTIFU

Dans une démarche ambitieuse visant à accélérer l’inclusion financière universelle au Sénégal, les autorités ont annoncé la mobilisation de 683 milliards de FCFA à travers le Programme d’Appui à l’Accélération de la Couverture Totale en Inclusion Financière Universelle (PACTIFU).

Ce financement structuré représente une avancée majeure dans les efforts pour intégrer les couches vulnérables — femmes, jeunes, travailleurs informels, ruraux — dans le système financier formel.

Objectifs du PACTIFU : une finance pour tous, partout

Le PACTIFU a été lancé pour répondre à un défi persistant : plus de 30 % de la population sénégalaise reste exclue du système bancaire classique. Le programme vise à :

  • Améliorer l’accès au crédit, à l’épargne et à l’assurance pour les populations à faibles revenus ;

  • Renforcer les capacités des institutions de microfinance ;

  • Développer les solutions digitales inclusives (paiement mobile, portefeuilles électroniques, etc.) ;

  • Créer des mécanismes de garantie adaptés aux jeunes entrepreneurs et agriculteurs.

Un partenariat multi-acteurs pour une transformation durable

Le succès de cette levée de fonds repose sur une coalition d’acteurs publics, privés et internationaux :

  • Le gouvernement du Sénégal via le ministère des Finances et de la Coopération ;

  • Les institutions de microfinance locales ;

  • Des partenaires techniques comme la Banque mondiale, la BAD, la KfW, ainsi que des banques commerciales engagées dans la finance inclusive.

Ce partenariat démontre une volonté politique forte de faire de l’inclusion financière un levier stratégique de développement.

Impact attendu : plus d’autonomie, plus d’opportunités

Les 683 milliards de FCFA serviront à :

  • Financer des programmes d’accès au crédit pour 3 millions de personnes, notamment dans les zones rurales ;

  • Accompagner 500 000 femmes entrepreneures à travers des lignes de financement souples ;

  • Numériser l’accès aux services financiers pour les populations à faible couverture bancaire.

Vers une finance au service de la transformation sociale

Avec le PACTIFU, le Sénégal envoie un signal fort : l’inclusion financière n’est plus un luxe, mais une exigence de justice économique.

Ces 683 milliards mobilisés doivent désormais se traduire en résultats concrets sur le terrain, pour bâtir une économie plus solidaire, plus équitable et tournée vers l’avenir.

Crise halieutique

Crise halieutique au Sénégal : la surpêche pousse les jeunes vers l’exil

Un rapport publié récemment par l’Environmental Justice Foundation (EJF) alerte sur une crise halieutique majeure au Sénégal, directement liée à la surpêche industrielle pratiquée par des flottes étrangères. Cette situation provoque un effondrement des ressources maritimes disponibles pour les pêcheurs artisanaux… et contribue à une hausse dramatique de la migration irrégulière des jeunes vers l’Europe.

Une pression étrangère qui asphyxie la pêche locale

Selon l’EJF, des dizaines de navires étrangers — principalement originaires d’Europe, de Chine et de Turquie — exploitent intensément les eaux sénégalaises, souvent avec des licences opaques ou hors cadre légal.

“Les zones de pêche artisanale sont envahies, les captures sont en chute libre, et les pêcheurs traditionnels ne peuvent plus vivre de leur activité.”

– Rapport EJF, 2025

Les conséquences sont visibles :

  • Baisse de plus de 50 % des captures artisanales en dix ans ;

  • Épuisement de certaines espèces emblématiques (sardinelles, thon, poulpe) ;

  • Ruine de familles entières vivant exclusivement de la mer.

Un moteur silencieux de la migration clandestine

Face à l’appauvrissement des ressources et à l’absence d’alternatives économiques, de nombreux jeunes pêcheurs sénégalais prennent le large… mais pas pour pêcher.

Le rapport révèle que la chute des revenus dans les zones côtières de Saint-Louis, Mbour ou Joal a contribué directement au départ de milliers de jeunes en pirogue vers les Canaries, porte d’entrée vers l’Espagne.

“On part parce qu’il n’y a plus de poisson, plus de travail, plus d’avenir ici.” – témoignage anonyme d’un pêcheur, cité dans le rapport

Un appel à la souveraineté maritime

L’EJF appelle à :

  • Mettre fin aux accords opaques de pêche avec les flottes étrangères,

  • Renforcer les capacités de surveillance et de patrouille maritime (avec des radars, drones, contrôles),

  • Investir dans la transformation locale et la revalorisation des chaînes de valeur artisanales,

  • Et surtout, associer les communautés côtières aux politiques de gestion des ressources.

Une urgence nationale et humaine

La crise halieutique sénégalaise n’est pas qu’un enjeu écologique ou économique. Elle est humaine, sociale et géopolitique.

En laissant les ressources marines s’éroder sous l’effet de la surpêche industrielle, c’est un pan entier de la jeunesse sénégalaise qui est abandonné à la mer, parfois au péril de sa vie.

Face à cela, une véritable souveraineté halieutique, juste, durable et inclusive, devient un impératif national.

Bassirou Diomaye Faye

Sénégal : Dialogue national entre espoirs de refondation et scepticisme politique

À deux semaines de son ouverture officielle, le dialogue national du Sénégal prévu du 28 mai au 4 juin 2025 cristallise déjà tensions, attentes et interrogations. Annoncé comme un temps fort de concertation nationale, ce forum doit réunir partis politiques, société civile, institutions religieuses et acteurs économiques autour des réformes majeures envisagées par le nouveau pouvoir.

Mais entre soutiens enthousiastes, appels à la vigilance et réserves politiques, le débat s’intensifie dans l’espace public.

Un objectif affiché : refonder l’État

Le gouvernement, porté par le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, présente ce dialogue comme un instrument de refondation démocratique et institutionnelle.

Les thèmes annoncés sont vastes :

  • Réformes institutionnelles (séparation des pouvoirs, réduction des privilèges)

  • Redéfinition du rôle des partis politiques

  • Révision du système électoral

  • Souveraineté économique et gestion des ressources naturelles

  • Justice, droits humains et mémoire nationale

Le président Faye a invité toutes les forces vives de la Nation à participer, dans une logique d’inclusion et d’ouverture.

Des réserves dans la classe politique

Plusieurs partis d’opposition et figures de l’ancien régime ont exprimé des doutes sur la sincérité du processus :

  • Certains dénoncent une initiative “à sens unique”, sans garanties de neutralité.

  • D’autres exigent des préalables comme la libération de certains détenus politiques ou la clarification du rôle du gouvernement dans l’agenda des réformes.

Des voix appellent à un format plus “indépendant”, piloté par une instance de consensus et non directement par le pouvoir exécutif.

Société civile : entre engagement et vigilance

Les organisations de la société civile, elles, plébiscitent globalement le principe du dialogue, mais insistent sur :

  • La nécessité d’une participation citoyenne réelle, au-delà des élites politiques ;

  • La transparence dans la conduite des débats ;

  • Des résultats concrets et contraignants, et non de simples résolutions symboliques.

Certains mouvements citoyens voient dans ce dialogue une occasion historique de faire entendre les demandes populaires sur des sujets tels que :

  • L’impunité des gouvernants,

  • La réforme foncière,

  • L’accès équitable aux ressources publiques.

Un test politique pour le tandem Diomaye–Sonko

Ce dialogue national sera un test de maturité politique pour le nouveau régime.

S’il est conduit de manière ouverte, structurée et inclusive, il pourra :

  • Consolider la légitimité institutionnelle du pouvoir ;

  • Apaiser les clivages post-électoraux ;

  • Poser les bases d’une nouvelle architecture démocratique.

Mais à l’inverse, un dialogue biaisé ou mal perçu pourrait raviver les tensions, renforcer la méfiance et nuire à la dynamique de rupture prônée depuis l’alternance.

L’heure du choix collectif

Le dialogue national 2025 n’est pas seulement une rencontre politique. C’est une invitation à repenser le contrat social sénégalais.

La question n’est pas de savoir s’il faut dialoguer.

La vraie question est : comment dialoguer ? Avec qui ? Et pour aboutir à quoi ?

L’avenir démocratique du Sénégal pourrait bien se jouer dans cette séquence historique.

Amadou sall

Amadou Sall, fils de Macky Sall, épinglé dans une affaire de 10 milliards FCFA

Le 28 avril 2025, une nouvelle révélation ébranle le Sénégal. Selon une enquête relayée par L’Observateur, Amadou Sall, fils aîné de l’ancien président Macky Sall, est épinglé dans une transaction financière douteuse portant sur 10 milliards de francs CFA, dans le cadre d’une vaste enquête menée par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif).

Les faits : 10 milliards FCFA au cœur de l’enquête

La société Woodrose Investment Ltd, hébergée à la banque NSIA, est au centre du scandale. Elle aurait servi de canal pour faire transiter une partie de ces fonds, sous la gestion de Ndèye Seynabou Ndiaye, également visée par la justice.

Selon la Centif, Amadou Sall aurait reçu une procuration pour gérer ce compte, ce qui fait de lui le bénéficiaire économique présumé de ces transactions.

La justice a déjà convoqué Amadou Sall pour une audition prévue le 7 mai prochain. Cependant, son entourage affirme que les fonds en question proviendraient de la vente d’un terrain que lui aurait offert son père, Macky Sall, une opération qui aurait été réalisée par le député-maire Farba Ngom, également cité dans l’affaire.

Un dispositif judiciaire en mouvement

Le Parquet financier a déjà :

  • Émis un mandat de dépôt contre huit personnes impliquées, dont Farba Ngom et Tahirou Sarr ;

  • Ouvert des poursuites pour association de malfaiteurs, escroquerie et détournement de deniers publics.

Cette nouvelle affaire s’ajoute aux procédures en cours concernant la gestion des fonds publics sous l’ancien régime, dans un climat de plus en plus tendu autour de la reddition des comptes.

Enjeux politiques et symboliques majeurs

Cette convocation marque une étape importante : c’est la première fois qu’un membre direct de la famille d’un ancien président est ciblé dans une enquête de ce type au Sénégal.

Elle soulève des questions cruciales :

  • Sur la gestion du patrimoine des dirigeants ;

  • Sur la moralisation de la vie publique ;

  • Sur la portée réelle de l’alternance politique promue par le président Bassirou Diomaye Faye.

Entre présomption d’innocence et exigence de justice

Amadou Sall, comme tout citoyen, bénéficie de la présomption d’innocence. Mais le signal est fort : le temps de l’impunité semble révolu. La justice sénégalaise est appelée à mener ses enquêtes avec rigueur, impartialité et transparence, afin que le combat pour la bonne gouvernance soit crédible et exemplaire.

Macky SALL

Fonds publics et dette dissimulée : vers une mise en accusation de Macky Sall pour haute trahison

Le mardi 15 avril 2025, le député Guy Marius Sagna a officiellement déposé une proposition de mise en accusation de l’ancien président Macky Sall pour haute trahison, à l’Assemblée nationale du Sénégal. Ce geste fort, aux implications historiques, s’inscrit dans le contexte explosif des révélations récentes sur la gestion opaque des finances publiques entre 2019 et 2024.

7 milliards de dollars de dette publique dissimulée

La base de cette procédure repose sur les conclusions d’audits de la Cour des comptes, qui révèlent l’existence de plus de 7 milliards de dollars de dette contractée hors des circuits budgétaires officiels durant le second mandat de Macky Sall. Cette dette “cachée” aurait gravement compromis :

  • La transparence des finances publiques,

  • L’endettement réel du pays,

  • Et la sincérité budgétaire exigée par la Constitution.

Le déficit budgétaire réel du Sénégal pour 2023 aurait ainsi dépassé les 12 % du PIB, contre 4,9 % officiellement annoncés à l’époque.

La procédure en marche : haute trahison en ligne de mire

Conformément à l’article 101 de la Constitution, la mise en accusation d’un ancien chef d’État pour haute trahison suppose :

  • Une proposition formelle portée par un député,

  • Un vote par 3/5 des membres de l’Assemblée nationale,

  • Un renvoi devant la Haute Cour de justice, compétente pour juger les actes des anciens présidents dans l’exercice de leurs fonctions.

Les accusations visent une violation grave de la Constitution, une altération du principe de sincérité budgétaire, et une mise en péril de la souveraineté économique du pays.

Un précédent sans équivalent dans l’histoire sénégalaise

Si la procédure allait à son terme, il s’agirait de la première mise en accusation d’un président sénégalais depuis l’indépendance. Ce moment pourrait devenir un tournant historique pour la justice institutionnelle et la lutte contre l’impunité au sommet de l’État.

« L’heure n’est pas à la vengeance politique, mais à la justice et à la vérité », a déclaré Guy Marius Sagna.

Réactions partagées et enjeu démocratique

Cette démarche a provoqué de vives réactions :

  • Les partisans du gouvernement parlent de réparation institutionnelle nécessaire ;

  • L’opposition dénonce une instrumentalisation politique de la justice ;

  • La société civile appelle à une procédure exemplaire, juridiquement fondée et politiquement responsable.

Un test démocratique d’envergure

La proposition de mise en accusation de Macky Sall interroge la relation entre pouvoir et responsabilité, vérité et mémoire institutionnelle, justice et stabilité politique.

Le Sénégal est aujourd’hui à un carrefour : faire de cette affaire un exercice de rigueur républicaine, ou un précédent à double tranchant. Le peuple, lui, observe. L’histoire jugera.

COVIDE 19

Sénégal : Fonds Covid-19 : le grand déballage post-alternance

Un héritage empoisonné

Depuis l’alternance politique de mars 2024, la nouvelle équipe gouvernementale dirigée par Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko a fait de la transparence budgétaire et de la justice financière un cheval de bataille. Dans ce contexte, la gestion des fonds de riposte contre la pandémie de Covid-19 revient sur le devant de la scène, révélant un véritable gouffre de mauvaise gouvernance.

Les premiers audits et enquêtes déclenchés par les nouvelles autorités laissent entrevoir un système de distribution opaque, de surfacturations, de primes douteuses, et de détournements à plusieurs niveaux de l’administration publique et d’agences partenaires.

Une manne financière sans contrôle suffisant

Entre 2020 et 2022, le Sénégal avait mobilisé plusieurs centaines de milliards de francs CFA pour faire face à la crise sanitaire. Ces fonds, issus du budget national, de dons internationaux et de facilités multilatérales (FMI, Banque mondiale, BAD), étaient destinés à :

  • Soutenir les ménages vulnérables

  • Approvisionner les structures sanitaires

  • Réhabiliter les hôpitaux

  • Protéger les emplois et relancer l’activité économique

Or, selon les éléments révélés depuis le début de l’année 2025, une grande partie de ces ressources n’aurait jamais atteint leurs bénéficiaires finaux, ou auraient été utilisées sans traçabilité claire.

Enquête en cours : l’heure des comptes a sonné

L’Inspection générale d’État (IGE), la Cour des comptes et plusieurs procureurs financiers sont désormais mobilisés. Des convocations ont été adressées à :

  • d’anciens ministres de la Santé et des Finances,

  • des directeurs d’agences publiques,

  • des fournisseurs privés liés à l’exécution des marchés d’urgence.

“L’argent destiné aux malades et aux familles en détresse ne peut pas disparaître sans conséquences. La justice doit passer.”, a déclaré un haut conseiller à la Primature.

L’opinion publique, quant à elle, exige que les responsabilités soient établies, que les fonds détournés soient récupérés, et que des sanctions soient prises pour tourner définitivement la page de l’impunité.

Un climat de défiance… mais aussi d’espoir

Ces révélations relancent le débat sur l’état de la gouvernance publique avant 2024. Elles renforcent aussi la légitimité de la démarche actuelle du nouveau pouvoir, qui veut refonder l’État sur des bases éthiques, fiscales et sociales solides.

Toutefois, les attentes sont immenses. Les citoyens veulent des résultats concrets, pas seulement des discours. Le traitement de ce dossier hautement symbolique pourrait donc devenir un test politique majeur pour le gouvernement Diomaye–Sonko.

De la crise sanitaire à la crise de confiance

Le scandale des fonds Covid-19 n’est pas qu’une affaire de chiffres. Il interroge la manière dont l’État protège (ou trahit) ses citoyens en période de crise. Il pose la question de la valeur morale des institutions publiques, et du prix de l’impunité dans une démocratie émergente.

La vérité doit désormais être dite. Et la justice, rendue.