Le gouvernement du Niger a annoncé, le 17 mars 2025, son retrait de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Cette décision, officialisée par une lettre du ministère des Affaires étrangères adressée aux représentations diplomatiques, marque une nouvelle étape dans la politique de rupture engagée par la junte militaire au pouvoir depuis le coup d’État de juillet 2023.
Un retrait en réponse aux sanctions de l’OIF
L’annonce du retrait du Niger de l’OIF s’inscrit dans un contexte de tensions diplomatiques entre Niamey et l’organisation francophone. Après le renversement du président élu Mohamed Bazoum en juillet 2023, l’OIF avait suspendu le Niger de ses instances en décembre de la même année. Cette décision visait à sanctionner l’absence de retour à l’ordre constitutionnel et à faire pression sur la junte pour la libération de l’ancien chef d’État, toujours en détention.
Face à ces mesures, les nouvelles autorités nigériennes avaient déjà suspendu toute coopération avec l’organisation. Le retrait officiel du pays de l’OIF constitue donc une réponse directe à cette exclusion, renforçant la posture souverainiste adoptée par la junte.
Une politique de rupture avec l’influence française
Ce départ de l’OIF s’inscrit dans une dynamique plus large de détachement du Niger vis-à-vis des institutions et influences occidentales, en particulier françaises. Depuis la prise de pouvoir par les militaires, le pays a multiplié les décisions visant à réduire son lien avec la France, ancienne puissance coloniale.
En octobre 2024, plusieurs rues et monuments de Niamey portant des noms français ont été rebaptisés, symbolisant cette volonté de rupture. Par ailleurs, le gouvernement nigérien a exigé et obtenu le départ des forces françaises stationnées sur son territoire.
Dans le cadre de cette reconfiguration géopolitique, le Niger s’est également rapproché de ses voisins sahéliens dirigés par des juntes militaires, le Mali et le Burkina Faso, au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce bloc régional cherche à affirmer son indépendance vis-à-vis des organisations internationales dominées par l’Occident et à renforcer sa coopération avec de nouveaux partenaires comme la Russie et la Turquie.
Quelles conséquences pour la Francophonie au Niger ?
Malgré ce retrait de l’OIF, le français demeure, pour l’instant, la langue officielle du Niger. Cependant, cette décision pourrait remettre en question les programmes de coopération éducative et culturelle financés par l’organisation. L’OIF apporte un soutien aux systèmes éducatifs des pays membres, notamment dans la formation des enseignants et la promotion de la langue française.
En se retirant, le Niger pourrait ainsi voir ses relations avec les autres pays francophones se distendre, ce qui marquerait une nouvelle étape dans la reconfiguration de son positionnement international.
Un tournant historique
Le Niger, membre de l’OIF depuis sa création en 1970, a longtemps été un acteur actif de la Francophonie institutionnelle. Son retrait marque donc une rupture majeure dans son histoire diplomatique et symbolise son rejet des cadres multilatéraux perçus comme influencés par les anciennes puissances coloniales.
Ce choix politique s’inscrit dans une vague plus large de remise en question de la Francophonie en Afrique, où plusieurs États critiquent l’organisation pour son manque d’impact concret sur le développement et pour son alignement supposé sur les intérêts occidentaux. Reste à savoir si cette décision inspirera d’autres pays de la région, déjà engagés dans une politique de rupture avec les institutions internationales dominées par l’Occident.