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Dak’Art 2024 : Dakar capitale de l’Art Africain contemporain pendant un mois

La quinzième édition de la biennale de l’Art Africain contemporain démarre ce jeudi 07 novembre 2024 au 7 décembre prochain à Dakar la capitale Sénégalaise. Elle est placée sous le théme « The Wake » ou « L’éveil ».

 

Cette édition fait ressortir les défis auxquels les artistes africains font face, tels que les questions de justice sociale, d’environnement et d’identité culturelle.

Dans sa note conceptuelle, la directrice artistique de l’événement, Salimata Diop explique qu’il s’agit, dans ce thème, de lier le passé et l’avenir en leur conférant une importance égale.

Cette thématique est partiellement inspirée de l’ouvrage In the Wake : On Blackness and Black Being de la professeure Christina Sharpe qui examine la condition noire, ses représentations littéraires, visuelles et artistiques, en rapport avec les notions d’exhumation, de deuil et d’arrachement.

 

« On naviguera au fil de ce qu’évoque le terme wake (éveil, sillage, veillée mortuaire, gindiku), qui déploie un riche éventail sémantique offrant finalement un pont culturel et métaphorique entre art et société. »

À travers leurs œuvres, les créateurs abordent divers sujets, allant des réalités économiques et sociales du continent aux aspirations spirituelles et esthétiques. Ce thème vise également à célébrer la capacité des artistes africains à surmonter les obstacles pour se faire une place sur la scène internationale.

Au chapitre des innovations, pour cette 15e édition le « Grand Témoin », porté par l’artiste Kenyane, 𝐖𝐚𝐧𝐠𝐞𝐜𝐡𝐢 𝐌𝐮𝐭𝐮, propose une installation à grande échelle. Si l’on en croit la directrice artistique de la biennale Madame Salimata Diop :  » Il s’agit d’une installation à grande échelle, quelque chose d’inédit et de pertinent »

 

La Dak’Art a été conçue en 1989 comme une biennale alternant littérature et art. La biennale a été créée grâce à la volonté conjointe de l’Etat sénégalais qui en assume la tutelle, et des artistes locaux qui organisent depuis les années 1970 des expositions annuelles régulières.

Ces dernières mettent en lumière les différentes formes d’évolution de la création artistique contemporaine. L’objectif était d’en faire une vitrine de l’art et de la littérature en Afrique.

La première édition, en 1990, était consacrée à la littérature et celle de 1992 aux arts visuels. Après deux éditions, la décision fut prise de concentrer exclusivement la manifestation sur les arts visuels et le design avec une exposition à petite échelle consacrée aux textiles et à la tapisserie. Aujourd’hui, les arts numériques prennent leur place dans DAK’ART.

 

La Biennale de Dakar s’inscrit ainsi dans les mêmes traditions que Venise (1895), Sao Paulo (1951), La Havane (1984) Dak’Art tient sa quatorzième édition du 19 mai au 21 juin 2022.

Elle a permis de révéler de nombreux artistes africains.

Dak’Art a suscité des vocations et a aussi participé à renforcer la crédibilité et la notoriété de différents intervenants : curateurs, critiques d’art, journalistes culturels, responsables de galerie, scénographes, etc.

De nombreux événements sur l’art contemporain en Afrique comme en dehors du continent s’inspirent aussi de l’expérience de Dak’Art.

 

L’Etat du Sénégal s’engage pour une biennale réussie et inclusive

Avec un budget d’1 milliard 800 millions de francs CFA mobilisé par l’Etat, la Biennale de Dakar, l’un des plus grands événements du monde de l’art moderne africain, est « une affaire de l’Etat du Sénégal et elle le restera, car c’est lui qui devra décider s’il faut la tenir ou pas. C’est aussi lui qui a la possibilité d’en définir les modalités et le contenu », a dit Khady Diène Gaye, la ministre de la Culture.

Le secteur privé, également a contribué autour de 291 millions de F Cfa. La ministre de la Culture signale également que certains de ses homologues, comme les ministres en charge de la Culture de la Guinée-Bissau et du Mali, sont aussi attendus au Dak’art 2024.

Pour cette édition, souligne Khady Diène Gaye, une orientation a été donnée de pouvoir « démocratiser » la biennale et faire en sorte que l’événement ne soit plus perçu comme une affaire réservée à une certaine élite, une affaire de luxe. Ainsi, un coin des tout-petits a été aménagé à l’ancien Palais de justice du Cap Manuel afin d’imprégner très tôt les enfants aux œuvres d’art et à la création artistique.

 

Le IN et le « OFF » parties intégrantes de l’événement culturel

Depuis 2002, le OFF est une caractéristique phare de cet événement. Outre l’exposition officielle avec la participation d’artistes sélectionnés, le OFF de Dak’Art donne l’opportunité à tous les acteurs de l’art et de la culture de présenter leur travail sans limite de qualité, de nationalité ou de critère de genre.

Le OFF de la Biennale d’Art Africain Contemporain de Dakar est constitué d’événements artistiques autonomes organisés autour de l’événement central et capitalise en moyenne deux cent cinquante (250) projets.

Et le volet  »IN » de cette 15e édition avec ses 58 artistes sélectionnés. De même, la section design, qui n’a plus été en lice depuis plusieurs années, marque son retour avec le commissaire Ousmane Mbaye et l’hommage à la plasticienne sous-verre Anta Ger­maine Gaye et au défunt Ndoye Douts.

Le volet IN de la Biennale de Dakar revêt plus un statut pédagogique et joint l’utile à l’agréable avec des activités pour les élèves des ateliers et tables rondes avec les acteurs d’ici et d’ailleurs, des concerts entre autres.

Toujours dans le cadre du programme IN de cette 15e édition, environ 70 artistes d’Afrique et de la diaspora exposeront leurs œuvres dans les espaces les plus emblématiques de Dakar, comme le Musée des Civilisations noires et la Galerie nationale d’art. Cette sélection comprend aussi bien des artistes confirmés que de nouveaux talents. Ce qui témoigne de la diversité des approches et des médiums explorés par les créateurs africains contemporains.

 

Evolutions, et tendances de la Dak’Art

 

Si l’on en croit Idrissa DIALLO commissaire d’exposition à l’espace biennale,  »L’espace biennale propose des Parcours variés qui célèbrent la créativité africaine et internationale sous de multiples formes. Le programme OFF permet de mettre en avant des artistes émergents et confirmés ».

Et malgré qu’elle fut reportée cette 15e édition de la biennale de Dakar promet en termes d’innovation avec la digitalisation. Idrissa DIALLO estime que cette année, le programme OFF de la Biennale est particulièrement riche, avec plus de 450 expositions réparties dans toute la ville, offrant un large éventail d’expressions artistiques contemporaines. Ces expositions incluent non seulement des peintures, mais aussi des installations, des photographies, des sculptures, des performances et des œuvres multimédia, permettant aux visiteurs de découvrir la diversité des talents et des pratiques artistiques actuelles.

Et pour faciliter l’accès et la découverte de ces multiples expositions, une application a été développée cette année.  »Elle centralise toutes les informations sur les événements OFF et fournit des descriptions des expositions, des cartes interactives, des horaires, ainsi que des informations pratiques pour permettre aux visiteurs de s’orienter plus facilement et de ne rien manquer de cette édition riche et foisonnante ».

 

Dakar capitale de l’Art Africain Contemporain?

 

Dakar est aujourd’hui une capitale majeure de l’art contemporain en Afrique, notamment grâce à sa Biennale d’Art Contemporain, qui existe depuis plus de 30 ans. Cette longévité confère à Dakar une place incontournable dans le paysage artistique africain, attirant un large éventail de créateurs, de collectionneurs, de commissaires d’exposition et d’amateurs d’art du monde entier. La Biennale, mais aussi le dynamisme des institutions locales, des galeries et des espaces alternatifs, a permis de consolider Dakar comme un véritable pôle artistique en Afrique de l’Ouest, où se tissent des liens solides entre les cultures africaines et internationales.

Idrissa DIALLO souligne  »qu’en termes de positionnement, Dakar est non seulement un lieu de visibilité pour les artistes africains, mais aussi un carrefour d’échanges et de réflexion. La ville a su jouer un rôle pionnier en offrant une plateforme de premier plan pour des expressions artistiques contemporaines africaines tout en permettant aux artistes de s’inscrire dans un dialogue global. Les expositions à la Biennale abordent souvent des enjeux contemporains de la migration aux questions d’identité, en passant par la mondialisation ce qui inscrit Dakar dans une réflexion esthétique, sociale et politique.

Au fil des années, Dakar a également favorisé l’émergence d’un écosystème artistique plus structuré, avec des résidences d’artistes, des projets éducatifs, et un soutien croissant aux jeunes talents. Ce rayonnement de Dakar dans les arts visuels positionne la ville comme une métropole culturelle qui non seulement reflète les aspirations de l’art africain contemporain, mais contribue aussi à façonner le futur de cet art dans le monde entier.

 

Quel est le statut actuel de l’Art africain contemporain?

 

L’art contemporain en Afrique est en pleine effervescence, avec des perspectives de croissance et de reconnaissance de plus en plus prometteuses. Sur le continent, l’essor de nouvelles galeries, musées et biennales, ainsi que le soutien accru de collectionneurs et de mécènes locaux, renforce les réseaux artistiques et crée des opportunités pour les artistes africains de s’exprimer à une échelle internationale.

À l’échelle mondiale, l’ancien directeur du village des Arts explique que l’art contemporain africain  »suscite un intérêt croissant, notamment dans les grandes foires et expositions internationales. Les artistes africains sont de plus en plus présents sur la scène mondiale, et leur travail est reconnu pour sa richesse conceptuelle et esthétique. Les perspectives d’avenir incluent une intégration encore plus forte des artistes africains dans le marché de l’art global » .

De plus, les technologies numériques et les réseaux sociaux permettent aux artistes de partager leur travail directement avec un public global, élargissant les possibilités de visibilité et d’échange culturel. Cette transformation numérique, couplée à une scène artistique dynamique sur le continent, promet de faire de l’Afrique un acteur majeur dans l’art contemporain du XXIe siècle, avec des expressions qui influencent, enrichissent et diversifient l’art à l’échelle mondiale.

 

BBC NEWS AFRIQUE

CULTURE 1

Au Sénégal, une quinzième biennale de l’art contemporain africain sous le signe de l’éveil

A Dakar, l’événement culturel rassemble cinquante-quatre artistes venus du continent, des diasporas et des espaces afrocaribéens. Temps forts avec cinq femmes puissantes et résilientes.

La 15e biennale de l’art contemporain africain de Dakar, qui se tient du 7 novembre au 7 décembre, est placée sous le sceau de « L’Eveil » et du « Xall wi » (le sillage, en wolof).

 

Quarante-cinq ans après sa création, celle-ci rassemble cinquante-quatre artistes venus du continent, des diasporas et des espaces afrocaribéens, dans l’enceinte de l’ancien palais de justice de la capitale où les maîtresses de cérémonies et l’équipe curatrice – exclusivement des femmes ! – ont repoussé et détruit des murs pour redonner vie à une partie de cet édifice brutaliste abandonné durant des décennies.

Dans la salle des pas perdus se déploie désormais une flore fantastique, comme un symbole de l’appel poétique de ce Dak’art à un réveil collectif face à l’écocide de notre civilisation et aux désastres de la colonisation. Revue des temps forts avec cinq artistes puissantes et résilientes.

INVESTISSEMENT AFRIQUE

Djamo, la fintech ivoirienne qui veut changer la banque

C’est l’une des start-up les plus prometteuses d’Afrique de l’Ouest. Les fondateurs de Djamo, Hassan Bourgi, CEO, et Régis Bamba, en charge du produit et de l’ingénierie. Ils nous expliquent, à deux voix, comment ils ont eu l’idée de créer leur entreprise, les principaux défis qu’ils ont eus à relever, et la stratégie qu’ils déploient pour faire de leur application un produit incontournable.

« L’idée de départ, c’était de permettre à nos utilisateurs de centraliser tous leurs paiements sur Djamo, d’en faire un hub de paiement pour la vie de tous les jours », résume Hassan Bourgi. Et ils n’ont pas traîné en chemin. Après seulement « dix mois à travailler sur la mise en place de nos partenariats avec les banques qui nous accompagnent », raconte en écho Régis Bamba, c’était « le lancement au grand public ».

Les deux entrepreneurs insistent sur le tournant qu’a constitué, pour eux, le passage par l’incubateur Y Combinator en 2021. Djamo a été la seconde start-up ouest-africaine, après Wave, à intégrer ce programme par lequel sont passées des licornes telles qu’Airbnb, Stripe ou encore Dropbox.

Désormais solide sur ses appuis en Côte d’Ivoire, où son application est devenue incontournable, Djamo entend poursuivre son développement au Sénégal, où elle est déjà implantée, et s’étendre dans toute l’Afrique de l’Ouest.

 

Jeune Afrique

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Sénégal : depuis Dakar, la start-up Paps se fait une place dans la logistique ouest-africaine

Créée par les jeunes entrepreneurs Bamba Lo et Rokhaya Sy, le spécialiste des livraisons a ouvert son tour de table aux investisseurs pour financer sa montée dans la filière de transport.

 

Fondée en 2016, Paps était à l’origine une application de livraison à la demande, mettant en relation clients et livreurs, pour l’acheminement express d’une pizza ou d’un trousseau de clés, par exemple. « Deux ans plus tard, nous avons commencé à offrir des services de transport et de logistique taillés pour les entreprises », explique Rokhaya Sy, cofondatrice avec Bamba Lo de la start-up sénégalaise.

 

Paps version 2022 emploie une centaine de personnes et dispose d’une flotte de 500 véhicules partenaires. Parmi ses 200 à 300 utilisateurs réguliers, on trouve des industriels dont l’opérateur Orange, des médias, des banques, des entreprises de e-commerce…

 

Une levée de fonds de 4,5 millions de dollars

Déjà implantée au Sénégal et en Côte d’Ivoire, la start-up veut s’étendre en Afrique de l’Ouest, où le marché de la logistique, selon ses fondateurs, représenterait quelque 3 milliards de dollars. Pour ce faire, Paps, qui indique avoir doublé son volume d’activité entre 2020 et 2021, a récolté 4,5 millions de dollars lors d’une levée de fonds menée en janvier avec la société de capital-risque 4DX Ventures et Orange-Sonatel.

Positionnée sur plusieurs segments de la logistique, comme le stockage, le transport national et international (par voie aérienne, terrestre et maritime) et la livraison au dernier kilomètre, la start-up entend assurer « le chargement du début à la fin », indique Rokhaya Sy, ingénieure en génie logiciel de l’École nationale supérieure d’électronique, informatique et de radiocommunications de Bordeaux. L’an dernier, Paps a réalisé plus de deux millions de livraisons dans ses deux pays d’activité mais aussi à l’international.

 

Jeune Afrique

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Électricité : « Il faut ouvrir le secteur aux privés…»

Pourquoi la Guinée exporte-t-elle de l’Énergie alors que certaines de ses villes sont dans le besoin ? Quelles solutions le Gouvernement compte-t-il envisager pour améliorer la chaîne de distribution de l’énergie ? Interrogé ce jeudi 17 octobre par un journaliste d’Africaguinee.com, le Ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures, Aboubacar Camara a levé un coin du voile sur les raisons et évoqué quelques mesures.

« On n’a pas de lignes de transports. On a deux choix : soit on verse l’eau, on perd des dollars ou on vend cette énergie excédentaire à un pays pour investir l’argent dans les lignes de transport », explique le ministre Aboubacar Camara.

L’électricité existe mais nous n’avons de lignes de transports vers l’intérieurprécise-t-il. Le Ministre de l’Énergie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures annonce que le Gouvernement va ouvrir le secteur de l’énergie aux privés qui vont investir pour construire des lignes de transport.

« Les lignes de transport de l’extérieur qu’on a, ce sont des projets intégrés sous-régionaux (la ligne de l’OMVS, la ligne de l’OMVG…) Guinée, Mali, Sénégal, Guinée Bissau, Gambie qui font qu’on a Linsang ici pour la distribution. Aujourd’hui on est en train d’ouvrir le secteur de l’électricité au secteur privé. L’Etat ne peut pas tout faire, donc on trouve des particuliers, des opérateurs et des entreprises qui vont construire les lignes. 

Quand ils font les lignes, ils se font rembourser à travers le transport d’énergie. Les lignes par lesquelles on exporte le courant au Libéria, au Sénégal ou en Gambie ne nous appartiennent pas, on fait partie du cercle des réseaux. Mais le transport de ce courant vers ces pays, les lignes qui sont réalisées, il y a des montants de redevances à payer. 

Donc, on veut des privés qui vont réaliser la boucle de Guinée permettant aux populations qui sont aujourd’hui sous thermiques d’avoir l’électricité. Il faut revoir un peu tout le système (…). Il faut ouvrir le secteur aux privés, il faut aller vers des contrats BOT (Build-operate-transfer), c’est possible aujourd’hui. », a annoncé le ministre de l’Énergieexpliquant que l’Etat est arrivé à un niveau où il a d’autres priorités. « Il ne peut pas investir 400 millions de dollars chaque année pour subventionner l’énergie », a lancé Aboubacar Camara.

Oumar Bady Diallo 

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La dénomination des navires de support affrétés pour opérer autour du gisement transfrontalier de gaz Grand Tortue Ahmeyim (GTA), partagé entre le Sénégal et la Mauritanie, a provoqué une mini-crise diplomatique entre les deux pays.

Une crise diplomatique latente est apparue entre le Sénégal et la Mauritanie au sujet de la nomination des navires qui doivent intervenir sur la plateforme du gisement gazier de Grand Tortue Ahmeyim. Selon nos confrères d’Africa Intelligence, Dakar et Nouakchott ne sont pas parvenus à un accord concernant les noms des navires de support, c’est-à-dire des bateaux de soutien aux opérations pétrolières affrétés autour de ce gisement transfrontalier.

Au départ, cela semblait être une tâche anodine : baptiser quatre navires de soutien fournis par le consortium Kotug/Maritalia pour les partenaires du champ gazier GTA, exploité par BP en partenariat avec Kosmos Energy et les compagnies pétrolières nationales du Sénégal, Petrosen, et de la Mauritanie, la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH).

Début août, chaque partenaire du consortium a eu la possibilité de nommer l’un des navires. BP a proposé le nom de « Waalo », en référence à la région située à l’embouchure du fleuve Sénégal. Kosmos a choisi « Chamama », nom d’une zone située à 60 km au nord-est de Saint-Louis, qui abrite l’un des plus grands parcs ornithologiques du monde. Cependant, Petrosen a opté pour « Talatay Nder », en référence à un village sénégalais chargé d’une histoire douloureuse

Le choix de ce nom par Alioune Guèye, le nouveau directeur général de Petrosen Holding, a provoqué la colère de Nouakchott. En wolof, « Talatay Nder » rappelle un événement tragique survenu en mars 1820 dans le village de Nder, près de la frontière avec la Mauritanie. Une troupe de Maures venus du nord du fleuve Sénégal, dans l’actuelle Mauritanie, avait tenté de capturer les femmes du village pour les réduire en esclavage. Refusant de se soumettre, les femmes de Nder avaient choisi de se suicider ensemble, un sacrifice qui est encore commémoré chaque mois de novembre.

Lorsque la partie mauritanienne a appris le nom choisi par Petrosen, elle s’est sentie offensée et a décidé de changer sa proposition initiale en « Bilad Chinguetti », qui signifie « le pays des Maures ». Les autorités mauritaniennes ont été profondément troublées par le choix du Sénégal, jugeant cette référence historique inappropriée.

Pour éviter une escalade diplomatique, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko et le président Bassirou Diomaye Faye ont pris contact avec Nouakchott durant la semaine du 8 septembre, afin de désamorcer la situation. Les deux pays ont tout intérêt à maintenir de bonnes relations diplomatiques, notamment dans le cadre des négociations en cours avec la société pétrolière britannique concernant les coûts de développement de GTA. Ces coûts ont presque doublé depuis le lancement du projet et ont été contestés lors d’un audit réalisé en avril à la demande des autorités mauritaniennes. Le Sénégal et la Mauritanie devront collaborer pour renégocier ces coûts avec BP.

 Modou Mamoune Tine 

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Ce projet s’est invité dans la campagne, car peut-être emblématique des difficultés de gestion et les attentes qui entourent ces grands projets énergétiques. Les découvertes pétrolières et gazières sont promesse de recettes fiscales et de redevances. Mais les premiers litres de gaz prévus pour avril 2022 ne sortiront finalement de terre qu’aux alentours du 3e trimestre 2024.

La production annuelle de GNL attendue pour cette 1ʳᵉ phase est de 2,5 millions de tonnes, essentiellement destinée à l’exportation dans un contexte géopolitique très favorable.

Cependant, alerte Papa Daouda Diene, analyste économique au Natural Resource Governance Institute, ces rentrées prévisionnelles doivent être considérées avec précaution. Car les retards pris dans le lancement du projet pourraient avoir des conséquences économiques importantes, notamment pour le budget de l’État. « Il ne faut pas oublier que des affectations avaient été prévues dans le budget de 2023 par exemple au niveau des fonds de stabilisation, des fonds intergénérationnels, souligne l’analyste. Mais également, ils peuvent avoir des impacts sur les prévisions de croissance et les prévisions d’endettement, ça, c’est au niveau macroéconomique. »

« Se prémunir des risques associés à ces retards »

Des retards qui peuvent avoir également des impacts sur les perspectives économiques. Le FMI en fin de mission en septembre 2023 évaluait les perspectives de croissance du PIB à 8,8% pour 2024. Une croissance qui sera stimulée en cas de démarrage de la production de pétrole et de gaz, précise l’institution. « Pour se prémunir de ces risques associés à ces retards, le gouvernement doit faire preuve de prudence dans la planification de l’utilisation de ce gaz, des emprunts associés, de l’utilisation des revenus, etc. », précise encore Papa Daouda Diene.

Le coût estimé de la Phase 1 du projet gazier était estimé à 3,6 milliards de dollars. Mais les retards de mise en service vont entraîner de fait des surcoûts. « Quand on connait un retard, il y a forcément de nouveaux investissements et le coût va augmenter, pointe Babacar Gaye, économiste spécialisé dans les questions pétro-gazières et consultant au cabinet DG Link. Il y a des surcoûts, il y a des surfacturations. BP va récupérer l’argent dépensé avant de parler de bénéfices. Du coup quand est-ce qu’on va amortir ? »

Les montages financiers de ce genre de projets sont complexes et évoluent au fil du temps et des phases d’exploitation. Le ministre du Pétrole et des Énergies sénégalais, Antoine Félix Diome a rappelé certaines modalités à l’occasion d’une conférence de presse conjointe avec son homologue mauritanien à Nouakchott en janvier dernier. « Au début, nous ne mettons pas d’argent. C’est-à-dire que l’opérateur arrive, il y a une décision finale d’investissement qui est arrêtée après le plan de développement de l’unité qui annonce le coût, détaille le ministre. Après avoir engagé toutes les dépenses, c’est à partir de ce moment, quand [l’opérateur] récupère les dépenses qu’ils ont mises, qu’on se partage le « profit oil ». »

Renégocier les contrats ?

Le « cost oil » est donc le coût pétrolier, « qui d’ailleurs doit être arrêté à un certain montant. Il ne peut pas aller indéfiniment. D’où l’intérêt de bien surveiller le cost oil », précise-t-il encore. Face à ces retards importants, les autorités ont indiqué lancer un grand audit pour notamment évaluer ces surcoûts. Un exercice de transparence également vivement attendu par la société civile. « Je pense que ce sera le plus grand dossier pour le prochain gouvernement, estime le spécialiste Babacar Gaye. C’est pourquoi aujourd’hui, vous pouvez constater que dans l’arène politique, à ce moment de la campagne, certains candidats ont promis aux Sénégalais de renégocier les contrats, parce que ce à quoi nous sommes en train d’assister n’augure rien de bon pour l’avenir de l’exploitation du gaz au Sénégal. »

Les difficultés à voir mis en service durant la première phase inquiète. Les phases 2 et 3 de Grand Tortue – censées être plus tournées vers le marché local et plus rémunératrice pour les États – sont prévues. Mais les surcoûts, les reports, mais également la politique générale de BP — notamment ses engagements à réduire ses investissements dans les hydrocarbures — crée de l’incertitude autour de l’avenir du projet.

Charlotte Cosset

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Guinée: accord crucial sur les infrastructures pour l’exploitation du méga gisement de fer de Simandou

Pour le général Mamadi Doumbouya, depuis bientôt trois ans à la tête du pays, c’est l’un des futurs moteurs de la transformation de la Guinée : le projet de mine de fer de Simandou vient de franchir une nouvelle étape.

Ce 22 juillet 2024, ses promoteurs ont annoncé un accord sur la construction des infrastructures, dont les chantiers ont déjà commencé. Objectif, une entrée en production en 2025.

En juin, le géant de l’acier chinois Baowu, le minier australien Rio Tinto, et leurs partenaires, ont bouclé le contrat de financement du projet Simandou : plus de 15 milliards de dollars pour extraire le fer du gisement encore inexploité le plus riche au monde, dont l’État guinéen détient 15 %.

Plus de 600 kilomètres de voies ferrées, 206 ponts, 4 tunnels

Une étape décisive qui leur a permis lundi d’annoncer la signature d’un accord répartissant entre eux la construction des infrastructures indispensables à l’évacuation du minerai : plus de 600 kilomètres de voies ferrées, 206 ponts, quatre tunnels, depuis les mines dans le sud-est du pays jusqu’à l’embouche du fleuve Morébaya.

Baowu et ses associés réaliseront 552 kilomètres de voies ferrés et un port permettant de charger le minerai sur des barges. Côté Rio Tinto, le minier et ses co-investisseurs poseront 70 kilomètres de rails, auxquels s’ajoute la construction d’un port de transbordement pour faire passer les cargaisons des barges vers des cargos minéraliers. 

À la fin des travaux, la propriété et l’exploitation des infrastructures seront transférées à la Compagnie du TransGuinéen, dont l’État est, avec les promoteurs du projet, actionnaire.

Mine Senegal

Le Sénégal mise sur sa stabilité, l’organisation efficace et la bonne gouvernance de l’industrie minière

Pilier du Plan Sénégal Émergent (PSE), le secteur minier représente près de 84,6 % de l’industrie extractive, selon l’ITIE. Par son nouveau code minier, le pays tente à la fois d’attirer les investisseurs, de satisfaire les revendications des communautés locales et de générer plus de valeur de l’exploitation de ses minerais. Un exercice périlleux décortiqué par Rokhaya Samba Diène, directrice générale de la Prospection et de la promotion minière du Sénégal (DPPM).

Quels selon les changements majeurs institués par le nouveau code minier du Sénégal, la loi 2016-32 adoptée il y a trois ans ?

Rokhaya Samba Diène – Parmi les innovations majeures de cette législation, nous pouvons citer la réduction de la durée de validité du permis de recherche. [Elle est fixée à 4 ans renouvelables deux fois au maximum à 3 ans pour chaque renouvellement, soit 10 ans au total, contre 12 ans dans la loi de 2003]. C’est un avantage pour le pays sachant qu’il permet de réduire le gel des permis. Auparavant, des entreprises avaient l’habitude de conserver les permis sans les exploiter à titres spéculatifs, la réduction de la durée vise à empêcher ces pratiques. Le Sénégal a aussi institué dans son nouveau code le fonds d’appui au secteur minier tiré du reversement par l’État d’un montant issu de l’exploitation pour la recherche et le développement. Le fonds devrait permettre à l’administration minière sénégalaise de procéder à des recherches pour mieux évaluer et cartographier les ressources minières disponibles. Une meilleure connaissance des ressources minières permettra à l’État sénégalais de renégocier éventuellement ses contrats et de définir des zones promotionnelles à mettre à la disposition des sociétés minières et au moment des accords de réclamer un partage de production sur ces sites. Auparavant, ce type de procédés était surtout appliqué au secteur pétrolier.

Le Sénégal a été positivement apprécié par l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Concrètement, quelles sont les dispositions prises par le pays pour créer de la valeur sur les produits d’exportation miniers ?

L’État sénégalais a essayé de réguler les redevances, en fonction du degré de transformation faite sur place, une réduction est appliquée sur la redevance de l’entreprise minière. Lorsque le minerai de fer subit par exemple une transformation au niveau local, l’État révise à la baisse la redevance appliquée. Ce sont les politiques incitatives de la nouvelle loi minière 2016-32 dont la mise en œuvre devrait s’achever d’ici une à deux années. Nous allons ensuite procéder à une évaluation de son efficacité. L’ambition du Sénégal est de créer de la valeur ajoutée sur les produits issus de l’exploitation minière. Nous voulons créer les conditions nécessaires pour la transformation locale des minerais avant l’exportation.

Dans la loi 2016-32, le Sénégal octroie un quota de la production minière aux acteurs de la bijouterie locale qui a avaient rejeté la proposition à cause de la TVA appliquée. Comment les négociations ont-elles évoluées ?

L’État avait décidé qu’une partie de l’or produit par les entreprises minières devait revenir aux acteurs de la bijouterie locale. Mais les bijoutiers ont refusé de s’acquitter de la TVA et nous sommes dans l’impasse sur ce dossier. Aujourd’hui, le Sénégal a néanmoins mis en place les comptoirs d’achats de minerais. Des entreprises ou personnes viennent s’implanter pour vendre de l’or et des substances précieuses. Leurs activités sont strictement régies par des cahiers de charges. C’est dire que les exploitants ont l’obligation de venir à ce comptoir pour vendre leurs produits et les acheteurs sont tenus acquérir l’or sur place.

De combien de comptoirs d’or le Sénégal dispose-t-il aujourd’hui ?

Actuellement, nous avons un comptoir autorisé, après l’examen de 6 à 7 demandes. Mais les artisans bijoutiers se plaignent de la longue distance à parcourir pour atteindre Kédougou [740 km de Dakar, ndlr ] la zone d’exploitation aurifère. Ils évoquent  aussi des problèmes de sécurité au cours du transport du minerai. Nous nous étudions donc  la possibilité de rapprocher les comptoirs d’or des grands centres urbains. Nous essayons aussi de voir ce qui se fait dans la sous-région africaine à ce niveau. Le ministère échange avec d’autres entités de la sous-région pour partage son expérience et étudier les modèles existants afin d’adapter au niveau local des modèles qui marchent ailleurs, si nécessaire.

Kédougou, principale région aurifère du Sénégal, a été le théâtre de troubles, de tensions entre les autorités et les communautés locales. Comment l’État sénégalais a-t-il procédé pour calmer ou satisfaire les revendications ?

Dans toutes les zones d’activités minières, nous avons le programme social minier qui est une forme de RSE que l’État avait développé en collaboration avec les sociétés minières, les communautés, les administrations concernées. Il a nécessité le recueil de l’avis des communautés locales quant à leurs besoins prioritaires. Par la suite, nous avons développé notamment des activités génératrices de revenus pour les femmes, installé des moulins, et développé des infrastructures sociales de base et offert des bourses. Un plan quinquennal financé par les entreprises minières qui a bien marché. D’ailleurs quand l’exploitation du Zircon a commencé à Diogo [région de Thiès, à 70 km de Dakar, ndlr], ils se sont inspirés de ce plan social minier. L’État dans son code minier a aussi institué le fonds de péréquation et d’appui aux collectivités locales équivalant à 20% des redevances qui vont dans les budgets des collectivités sous forme d’équipements. La loi de 2016 stipule également que 0,5% du chiffre des sociétés ira à la collectivité directement impactée.

D’autres pays de la sous-région comme le Niger ont pris des dispositions similaires dans leurs codes miniers. Mais dans la réalité, les communautés locales peinent à bénéficier de ces montants. Qu’en est-il du Sénégal ?

Les redevances sont reversées au ministère des Finances. L’arrêté est pris pour instituer le montant et c’est au ministère des Finances de faire le reversement. Nous avions rencontré des problèmes dans la répartition du fonds de péréquation qui doit être réparti au prorata des populations. Au niveau du département, nous réfléchissons sur une révision de ce décret. Selon le texte actuel, une communauté directement impactée peut être faiblement dédommagée, car compensée au même titre que le reste des populations. Cela a été institué par la loi de 2003.  Le fonds de péréquation est destiné à l’équipement des collectivités, mais il ne s’agit pas des sommes d’argent à distribuer. Pour le cas de la région aurifère de Kédougou, le dernier rapport ITIE a d’ailleurs détaillé les sommes distribuées en matière d’appuis sociaux.

Le Plan Sénégal Émergent (PSE) a consacré une bonne partie de ses projets aux industries extractives. Quelle est la stratégie mise en place par le pays pour attirer les investisseurs de l’industrie minière ?

Le Sénégal a déjà l’avantage d’être un pays stable. Ensuite, nous avons mis en place trois nouvelles Directions, notamment la Direction des mines et de géologie chargée de l’instruction des dossiers et de la délivrance des titres miniers. Puis la Direction du contrôle et de surveillance des opérations minières s’occupe du suivi et du contrôle de terrain et nous avons une Direction de la prospection et de la promotion minière qui représente le pays dans des événements promotionnels et fait valoir les atouts de la destination. Nous travaillons sur les outils de promotions et organisons un salon international des mines tous les deux ans qui attire un public considérable. La prochaine édition est attendue en 2020 et nous assistons à des salons internationaux et de la sous-région notamment en Mauritanie, au Mali, en Guinée, au Burkina Faso où nous faisons la promotion du secteur. Le Sénégal a aussi mis en place un cadastre minier pour délimiter et consigner les différents titres miniers qui entre dans le cadre de la bonne gouvernance de ce secteur. Globalement, le Sénégal mise sur la stabilité, l’organisation efficace et la bonne gouvernance de l’industrie minière.

Maimouna Dia

Mines

Le Mali octroie un permis minier de 10 ans pour la mine d’or Sadiola

Le permis d’exploitation octroyée en 1994 pour la mine d’or Sadiola est arrivé à expiration le 1er août 2024. Après 171 007 onces livrées en 2023, la mine peut produire en moyenne 200 000 onces d’or par an jusqu’en 2028 et 300 à 400 000 onces par an à long terme.

Au Mali, le Conseil des ministres du 9 octobre a adopté un projet de décret portant renouvellement du permis d’exploitation de la mine d’or Sadiola. Valable 10 ans, la licence autorise une filiale du canadien Allied Gold à poursuivre la production sur cette mine qui a livré 171 007 onces en 2023.

L’octroi du permis minier intervient après la signature en septembre d’une nouvelle convention de partenariat entre le gouvernement et la compagnie canadienne. Le mois dernier, Allied Gold a indiqué dans un communiqué que la collaboration est désormais régie par le nouveau code minier malien. Cela implique notamment une participation maximale de 30 % pour le gouvernement et la possibilité pour les investisseurs locaux de prendre jusqu’à 5 % d’intérêts dans Sadiola.

« Le gouvernement a entamé des réformes du secteur minier qui ont conduit à une revue de toutes les conventions minières en phase d’exploitation pour un meilleur partage de la rente minière. Cette revue a concerné également les pratiques opérationnelles […] de Sadiola et leur conformité à la règlementation en vigueur en matière de transaction financière », indique le communiqué du Conseil des ministres.

Avec les mines d’or Nampala appartenant à Robex Resources et Fekola de B2Gold, le gouvernement prévoit que Sadiola devrait rapporter 245 milliards FCFA (410 millions $) de revenus annuels supplémentaires au Mali. Exploitée depuis 1997, la mine devrait également contribuer à la production d’or sur les 10 prochaines années. En 2024, Allied Gold prévoit produire 195 000 à 205 000 onces à Sadiola, 200 000 onces en moyenne par an jusqu’en 2028 et 300 à 400 000 onces en moyenne par an à long terme. Sa durée de vie actuelle atteint 19 ans.

Emiliano Tossou